Stardust, c'est le nouveau label éditorial des éditions Hugo, inauguré en mars dernier. Leur ambition, proposer cinq publications Young Adult, estampillées imaginaire, par an.
Pour leur dernière de l'année, ils nous proposent Le Manoir de Lakesedge de Lyndall Clipstone. Autrice australienne qui signe ici un premier roman destiné à un public plutôt adolescent.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Hugo, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse.
Orphelins depuis le décès brutal de leur parents, Violette et Arien ont été recueillis par une femme froide et intransigeante. Sous l'emprise de cauchemars toujours plus invasifs, Arien s'enfonce peu à peu dans une grande détresse, face à laquelle sa sœur demeure bien impuissante. Tout change le jour où le seigneur local, un certain Rowan Sylvanan vient le trouver pour lui proposer son aide. C'est ainsi que lui et sa sœur, qui s'impose pour l'accompagner, s'installent dans la demeure de ce personnage si controversé au village. En effet, les rumeurs les plus folles courent à son propos, il aurait assassiné toute sa famille et serait de l'avis de tous, un terrible monstre. Et si la vérité était toute autre ? A Violette d'investiguer pour séparer la vérité du fantasme.
Dans Le Manoir de Lakesedge, on baigne dans un univers sombre et mystérieux mêlant l'esthétisme du gothique à la romance tortueuse. Le cadre est aussi enchanteur qu'inquiétant. L'autrice nous décrit un manoir à l'abandon, tombé en décrépitude, entouré d'un jardin envahi par les ronces. Les lieux sont comme hantés avec des murmures semblant venir des murs. Quant au lac au fond de la propriété, il est tout simplement maudit et corrompu car une malfaisance y est à l'œuvre. Le ton est donc donné dès les premières pages avec un récit qui oscille entre ombre et lumière et des secrets qui fleurissent par poignées.
En outre, Lyndall Clipstone juxtapose deux cultes qui s'affrontent et se complètent à la fois. Celui de la Dame qui symbolise la lumière et la vie et celui du Seigneur d'En-Dessous qui règne sur les ténèbres et le monde d'en bas. D'ailleurs, les protagonistes de ce livre les sollicitent souvent pour qu'ils interviennent dans leur vie et règlent certains problèmes.
Enfin, l'alchimie est un enjeu narratif car elle est une arme nécessaire à certains personnages de Lyndall Clipstone pour affronter et vaincre le mal en présence. Cette magie puise sa force dans la terre et donne une grande puissance incantatoire à ceux qui la maîtrisent.
L'ambiance de ce roman emprunte clairement au conte d'autant que l'on peut percevoir entre ses lignes des références à certains d'entre eux comme Hansel et Gretel que l'on retrouve à travers l'image d'Arien et Violette perdus dans la forêt ou celle de la Bête (du conte La Belle et La Bête) prenant ici les traits de Rowan, considéré par tous comme un monstre.
Plus qu'un univers onirique ensorcelant, la force de ce texte s'appuie également sur un duo de personnages principaux qui s'accommodent parfaitement pour venir souffler le chaud et le froid sur cette intrigue bien ficelée. Très vite, un jeu d'attirance et de répulsion s'installe entre ces deux protagonistes. Violette est une jeune femme vive et opiniâtre, maternelle et un poil sarcastique qui n'hésite pas à tenir tête à plus fort qu'elle et même à braver le danger, surtout si c'est pour épargner la vie des autres, notamment celle de son frère. Elle est un personnage solaire que l'autrice va confronter perpétuellement à la noirceur et à la froideur d'autrui et la placer face à ses contradictions. A ses côtés se tient l'énigmatique et torturé Rowan. Derrière la figure du monstre se cache un être complexe, enfermé dans ses secrets et écrasé par la culpabilité que l'on prend plaisir à découvrir au fil des pages. Or, ces deux personnalités hautes en couleurs portent à merveille cette histoire qui explore tout un panel d'émotions.
Le texte est traversé par de nombreux sentiments puissants tel l'amour filial entre un frère et une sœur, l'amitié, le désir ou encore l'émoi amoureux.
Dans son roman, l'autrice questionne pas mal de choses comme la gestion du deuil, la culpabilité des vivants ou encore le poids de la rumeur. Or, justement cette dernière a nourri en partie toute l'atmosphère inquiétante du roman puisque les fables entourant la vie de Rowan ont largement contribué à donner au domaine de Lakesedge sa sinistre réputation. Finalement, Lyndall Clipstone nous rappelle l'importance ici d'éviter les jugements hâtifs car souvent erronés puisque les êtres sont plus surtout en demi-teinte plutôt que noirs ou blancs.
Pour un premier roman, les mots de Lyndall Clipstone sonnent justes et nous entrainent dans cette intrigue bien menée à la rencontre de personnages fascinants qui tracent un sillage au parfum entêtant. A suivre !
Fantasy à la Carte
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