Autrice incontournable des littératures de l'Imaginaire, Aurélie Wellenstein qui totalise déjà 10 titres dans sa bibliographie, a su s'attacher, au fil des années, un lectorat fidèle. La plupart de ses livres se sont déjà distingués en recevant de nombreux prix. C'est d'ailleurs le cas de Mers Mortes qui a reçu, en 2020, à l'unanimité le prix Imaginales des bibliothécaires, ainsi que le PLIB.
Je profite de sa réédition chez Pocket Imaginaire pour m'y intéresser. Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie très chaleureusement Laure Peduzzi pour l'envoi de ce nouveau service de presse.
Dans Mers Mortes, les océans ont disparu et la terre n'est plus qu'une vaste étendue désertique où les humains se sont réfugiés par petits groupes dans des bastions et autres forteresses. C'est dans l'un de ces refuges de fortune que l'on rencontre Oural, un exorciste. Avec des rêves d'évasion plein la tête, le jeune homme est chargé de protéger les réfugiés du déferlement des marées fantômes car bien que morte, à chaque marée, la mer monte entraînant dans son sillage une armée d'animaux marins défunts, venus se venger des hommes en quêtant leurs âmes. Tout bascule lorsque Oural est enlevé par des pirates qui l'embarquent sur leur navire fantôme, capable de voguer sur cette étrange mer. Pour lui, c'est le début d'une aventure au goût du sang et dont la finalité demeure plus qu'incertaine.
Versée plutôt dans la dark fantasy, Aurélie Wellenstein rompt avec ses habitudes d'écriture pour nous proposer avec Mers Mortes, un récit mêlant le climate-fiction et le post-apocalypse à quelques notes de fantastique. Engagé et militant, ce livre se lit comme un appel au réveil des consciences. Avec Mers Mortes, Aurélie Wellenstein se fait l'autrice d'un roman puissant qui nous hante longtemps après avoir refermé le livre. Véritable claque littéraire, on ne va pas se mentir, on ne sort pas indemne de cette lecture "électrochoc".
La force de ce texte réside dans plusieurs éléments. Déjà, Mers Mortes nous dessine les contours d'un monde post-apocalyptique proche de nous. Ce futur sans océans est déjà annoncé, en tout cas, la disparition des espèces marines est bien réelle et elle ne peut être que le signal de départ d'une réaction en chaîne catastrophique pour l'homme. C'est ce que l'autrice met en lumière ici avec ces hommes et ces femmes qui deviennent à leur tour les proies de cette nature saccagée. Je trouve particulièrement ingénieux d'avoir imaginé la vengeance de toutes ces espèces marines sacrifiées par ignorance ou cruauté. On se laisse totalement happer par ces scènes où la marée monte entraînant avec elle toutes ces attaques. C'est très visuel et même spectaculaire surtout avec cet effrayant bateau dont les voiles sont constituées de peaux humaines et la coque recouverte d'ongles, qui chevauche littéralement ces mers fantômes. Cela ancre, bien évidemment, le récit dans le fantastique tout en lui donnant sa dimension critique avec cette tension qui monte crescendo.
En plus d'un univers immersif, naît sous la plume d'Aurélie Wellenstein, une communauté de héros meurtris extrêmement touchants. Il y a déjà le duo que forment Oural et Bengale. Leur relation d'attraction et de répulsion égrène les pages de ce livre. Au fil des chapitres, le regard que porte Oural sur ses ravisseurs change. Ainsi, Bengale n'est pas que le capitaine cruel et fou de ce navire mortifère. Personnage complexe, il est hanté par son passé et par la mission qu'il s'est donnée. Derrière son arrogance se cache un cœur avide d'espoir. C'est un personnage très ambigu car si Oural n'éprouve à son égard qu'une haine féroce pour l'avoir arraché avec violence aux siens et à ses repères, les autres membres de l'équipage, eux, lui vouent presque un culte. Tantôt solaire, tantôt ténébreux, Bengale demeure une énigme à résoudre autant pour Oural que pour nous les lecteurs. Il en va de même pour le reste de l'équipage dont on découvre le douloureux passé au fur et à mesure des confidences qu'ils font à Oural. Victimes comme lui, certains sont même encore plus meurtris dans leur chair et dans leur esprit. A force de les côtoyer, Oural en arrive à remettre en question ses propres certitudes et à s'interroger sur sa place et son rôle. Finalement, il est sans doute le personnage qui évolue le plus dans ce roman.
Ensemble, ils portent une histoire glaçante. Que ce soit le destin de chacun des personnages mis en scène ici ou cette destruction de la faune et la flore, on ne reste pas indifférent à la détresse mise en lumière dans ce roman.
Mers Mortes est le récit d'une fin du monde que l'on ne veut pas. Par le prisme de son imaginaire, Aurélie Wellenstein continue d'alerter sur ce futur qui nous attend si l'on ne fait rien.
Déjà sensibilisée à la cause animale, je ne peux qu'adhérer aux valeurs véhiculées par ce roman et j'incite sincèrement chacun d'entre vous à y réfléchir.
Avec Mers Mortes, Aurélie Wellenstein met sa fabuleuse imagination au service d'une écologie en péril. Il en ressort une lecture coup de cœur que je vous invite à lire à votre tour.
Fantasy à la Carte
Sur le blog, vous pouvez lire mon avis sur Le Dieu Oiseau.
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D'autres avis sont à lire sur la blogosphère : Les Portes du Multivers, Le Bibliocosme, Au Pays des Cave Trolls.
Ce roman reste et restera un roman qui aura marqué ma vie de lectrice. Quelle puissance! Quelles émotions! Et Bengale <3 <3 <3.
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