Un blog qui met à l'honneur l'imaginaire sous toutes ses formes : fantasy, fantastique, science-fiction, postapocalyptique, thrillers fantastiques... jeunesse et adulte. J'y partage mes avis lectures mais y parle aussi des festivals, des artistes, des librairies. Auteurs confirmés ou jeunes plumes, tout le monde y trouve sa place.
Le Crépuscule des Prophéties est le tome annonciateur de la fin des aventures du Sorcier de Vérité, du Maître de l'empire d'Haran. Un titre évocateur car Terry Goodkind avait annoncé lui même que la fin de son cycle serait au format d'une trilogie.
Après bien des luttes, bien des tyrans, Richard Rahl s'engage dans ce qui pourrait bien être son ultime combat pour libérer les peuples de l'oppresseur.
Ce quatorzième tome, c'est un peu le moment du bilan de sa vie, un retour sur ce qu'il a fait, sur les gens qu'il a rencontrés, qu'il a sauvés et qui l'ont sauvé même. C'est une pause nostalgique sur ce qu'il a eu ou sur ce qu'il n'aura peut-être jamais.
Depuis que Richard et ses compagnons ont quitté le Troisième Royaume, leur temps est compté. Enfin celui de Richard et Kalhan surtout car leur vie, on le sait, ne tient plus qu'à un fil à cause de la malfaisante Jit. Seuls Zedd et Nicci seraient en mesure de les libérer de cette souillure à condition de trouver un champs de force afin de procéder en toute sécurité. Seulement perdus au milieu des Terres Noires, bien loin du Palais du Peuple, la situation paraît insurmontable surtout avec les hordes de demi-humains envoyés par Sulachan et Hannis Arc afin de les exterminer et de capturer Richard.
Il semblerait que le péril n'ait jamais été aussi critique pour nos héros. Comment peuvent-ils se sortir de ce sombre marasme? Finalement, la lutte entre le Bien et le Mal n'a jamais été aussi prête de basculer en faveur du côté obscur.
Terry Goodkind sème l'incertitude dans l'esprit de ses lecteurs quant à la conclusion qu'il apportera à sa saga de high fantasy. Ce héros qu'il a toujours présenté comme un surhomme, se sortant toujours plus fort des pires situations, semble la proie au doute quant à ses capacités et à sa volonté de faire à nouveau triompher le Bien. Richard serait-il arrivé en bout de course avant la ligne d'arrivée ?
Une chose est certaine, avec plus de 25 millions d'exemplaires vendus dans le monde entier, Terry Goodkind est un auteur qui plaît.
Voici venir le grand soir, le moment que vous attendiez tous, celui où Hélène Larbaigt lève enfin le rideau sur son Fabuleux, Insaisissable et Étrange cabaret.
Cette illustratrice à l'imagination fertile et au coup de crayon exalté nous ouvre la porte de son riche univers et démontre à travers L’Étrange Cabaret... des fées désenchantées l'étendu de son talent.
Ici, point de fées comme l'imaginaire populaire l'a transmis depuis des millénaires. Vous n'y verrez pas de jolies marraines arborant fièrement leur baguette magique pour protéger des Cendrillons égarées ou réveillées des Belles Endormies. Les fées de cette illustratrice entraîne les spectateurs dans une revue endiablée, menée d'une main de fer par Morte Vanité, la propriétaire du fameux cabaret. Bien en chair pour certaines, aux grands yeux et aux dents affûtées pour la plupart, ces fées d'un genre moderne usent largement de leurs charmes pour envoûter les humains venant se perdre dans ce music-hall d'un autre type. Qu'elles soient issues des mythologies, des contes ou du panthéon des Dieux, ces fées désenchantées viennent chacune à leur tour nous raconter leur histoire et les raisons qui les ont amenées à pousser les portes du cabaret de Morte Vanité. Tantôt rejetées par les hommes, tantôt en but à leur mesquinerie ou à leur ingratitude, elles ont finalement toutes une bonne raison de se retrouver dans ce cirque de curiosités. Bien qu'elles aient toutes un destin extraordinaire qui mérite d'être partagé, j'ai pour ma part ma petite préférence pour la Baronne Samedi et son amour impossible avec le Baron La Croix. Mais je vous laisse seul juge de son histoire.
Qu'elles soient issues des mythologies, des contes ou du panthéon des Dieux, ces fées désenchantées viennent chacune à leur tour nous raconter leur histoire et les raisons qui les ont amenées à pousser les portes du cabaret de Morte Vanité. Tantôt rejetées par les hommes, tantôt en but à leur mesquinerie ou à leur ingratitude, elles ont finalement toutes une bonne raison de se retrouver dans ce cirque de curiosités.
Les éditions Mnemos ont su rendre hommage à son travail remarquable en proposant un magnifique recueil bien fini. Chaque double page est filigranée et vient bien mettre à l'honneur chacune des histoires que cette autrice-illustratrice nous conte. A travers des fiches d'identités, des lettres personnelles, des affiches, des coupons d'entrée, ce livre apparaît comme un précieux témoignage de ce cabaret hors-normes. L’Étrange Cabaret... des fées désenchantées, c'est une page de vie d'une fantasy originale et extravagante signée Hélène Larbaigt.
Après toutes ces années de séparation, Fitz ne s'attendait pas à retrouver son très cher ami Fou et encore moins dans les circonstances tragiques qui l'ont remis sur sa route.En effet, la veille de la Fête de l'Hiver, Fitz et Abeille sont de sortie en quête de cadeaux pour marquer l’événement lorsque la jeune fille se fait aborder par un mendiant aveugle. La croyant en danger, Fitz blesse gravement ce dernier avant de se rendre compte trop tard que c'est le Fou lui-même complètement métamorphosé. Traumatisé par son acte irréparable et rongé par la culpabilité, Fitz charge ses serviteurs de raccompagner Abeille à Flétribois pendant que lui tentera le tout pour le tout pour ramener son ami à Castelcerf afin de le sauver.
Est-ce le bonne décision ? Sur le moment il n'en voyait pas d'autre. Fitz demeure un homme d'honneur et de devoir. Et la vie de son ami est en jeu même si laisser Abeille lui fend le cœur, il se rend compte qu'à ce moment précis, il n'a pas le choix. Il a bien conscience que revenir à Castelcerf peut s'avérer dangereux, mais endosser une nouvelle identité pour espionner à nouveau pour le compte d'Umbre n'est pas pour lui déplaire, surtout que la santé du Fou semble s'améliorer sensiblement. Seulement les réjouissances n'auront qu'un temps, et FitzChevalerie Loinvoyant va vite se rappeler ce qu'est le goût du sang et de la vengeance. Il s'était un peu ramolli avec les années mais lorsque les siens courent un grave danger, son instinct d’assassin reprend le dessus.
Avec Le Fou et l'Assassin, Robin Hobb nous fait renouer avec un cycle de fantasy extraordinaire. Pour moi les aventures de FitzChevalerie Loinvoyant, c'est goûter à nouveau à mes premiers émois avec cette magnifique littérature qu'est la fantasy. Je peux bien vous le confier, c'est grâce à la plume de cette autrice et surtout à son héros Fitz que je suis littéralement tombée sous le charme de ces récits dépaysants, de ces immenses terres vierges à conquérir et de cette magie si enivrante.
Bien sûr Robin Hobb est une écrivaine très prolifique qui a écrit bon nombre de textes passionnants, mais elle est aussi la maman de ce héros avec un grand "H" à la destinée si incroyable. Il n'est pas parfait, bien au contraire. Il se trompe souvent. Il fait des choix auxquels on n'adhère pas. Et pourtant il est exceptionnel. On pleure pour lui, on tremble pour lui, on rit avec lui, en un mot, on l'aime. Fitz c'est le compagnon des soirées "lecture", c'est le complice des allers-retours quotidiens dans les transports, c'est l'ami des vacances sur la plage, c'est comme un membre de la famille même. Un héros qui a aujourd'hui plus de vingt ans d'existence, ce qui est assez remarquable notamment pour un personnage de fantasy. Robin Hobb l'a laissé un temps pour lui redonner vie à nouveau. Elle continue à venir nourrir son héros si atypique. Elle a encore à dire sur lui et sur l'univers qui gravite autour de lui. Ce qui, je le pense, arrange tout le monde aussi bien elle-même que les lecteurs qui lui sont attachés.
La vérité est que Robin Hobb est une autrice incontournable de fantasy, et qu'on ne peut passer à côté des aventures de Fitz non seulement parce que c'est une oeuvre majeure pour le genre mais aussi parce qu'on en devient vite accro.
Fantasy à la carte Robin Hobb En Quête de Vengeance Le Fou et l'Assassin, tome 3 Editions Pygmalion
Depuis quelques années, les
producteurs américains ont un engouement certain pour créer des séries
télévisées mettant le paranormal à l’honneur, à l’image de Buffy contre lesvampires
avant.
Produite par Aaron Spelling, Charmed envahit les téléviseurs en 1998
aux Etats-Unis et en 1999 en France. Une série qui rencontre un grand succès
dès ses premières diffusions. En effet, le premier épisode, Lelivre
des Ombres réunit 7,8 millions de téléspectateurs outre-Atlantique et 4,9
millions en France. Des chiffres plus qu’encourageants qui poussent le
producteur à financer le tournage de 178 épisodes, soit 8 saisons.
Charmed, c’est l’histoire de trois sœurs qui ignorent qu’elles sont
des sorcières jusqu’au jour où la cadette découvre un vieux grimoire dans le
grenier de leur grand-mère et prononce à haute-voix l’incantation magique qui
va révéler leurs pouvoirs. Bien entendu, au départ rien d’extraordinaire ne se
passe, et Phoebe range le livre là où elle l’a pris.
Mais elle change vite
d’avis lorsqu’à son travail, elle est prise d’une vision en touchant le
portefeuille d’un client. Fantasque, bohème, la plus jeune des Halliwell n’est
pas la plus crédible, d’autant qu’elle exerce la profession de diseuse de bonne
aventure dans un hôtel pour divertir les touristes.
Alors lorsqu’elle essaye
d’en faire part à sa sœur Piper, cette dernière a dû mal à la croire, enfin
jusqu’à ce qu’elle-même soit témoin d’un prodige. En effet, simple serveuse dans
un restaurant, elle ne désire qu’une chose, passer chef et lorsque son patron
lui donne une chance de le devenir en la testant sur un plat, Piper est soumise
à un grand stress surtout au moment où son boss s’empare d’une fourchette pour
goûter ledit plat alors qu’il n’est pas tout à fait prêt. Mais avant qu’il ait
enfourné la première bouchée, le temps s’est semble-t-il figé, ce qui permet à
Piper d’ajouter l’ingrédient final à sa préparation et de réussir ainsi son
test.
Après ça, les sœurs sont bien contraintes de constater qu’elles ne sont pas
des humaines ordinaires. Même l’aînée, Prue qui est pourtant la plus
raisonnable des trois est bien obligée de reconnaître que les choses ne sont
plus comme avant. Pas facile d’accepter et de gérer cet héritage d’autant que
leur grand-mère n’est plus là pour leur expliquer la marche à suivre. Et
lorsque les phénomènes surnaturels vont se multiplier autour d’elles, et les
créatures démoniaques surgir de l’ombre, elles n’auront pas d’autre choix que
d’accepter et de combattre afin de sauver leur vie mais aussi et surtout de
protéger les innocents car telle est leur destinée.
Charmed, c’est une série de fantasy
urbaine réussie, portée par un trio d’actrices séduisant. Une belle
distribution était nécessaire pour emporter l’adhésion du public. Ainsi, les
sœurs sorcières sont incarnées par Shannon Doherty (Prue), Holly Marie Combs
(Piper), Alyssa Milano (Phoebe) et plus tard s’ajoutera Rose McGowan (Paige).
Toutes sont déjà connues du petit écran et leur charme est incontestable dans
cette série si bien nommée. De nombreux acteurs viendront à tour de rôle leur
donner la réplique, dont beaucoup ont une carrière confirmée. Ce casting
prestigieux fait sans doute la force de cette série.
Fantasyurbaine,
pourquoi ? Déjà parce que les sœurs vivent dans le San Francisco de notre
époque. Elles y occupent des emplois normaux, connaissent des peines de cœur,
font la fête avec leurs amis et se chamaillent beaucoup comme bon nombre de
frères et sœurs. Rien qui ne sorte de l’ordinaire jusque-là. Sauf que leur vie
est loin d’être banale. Grâce à leur héritage un peu particulier, le sang de
sorcière qui coule dans leurs veines, les sœurs Halliwell vont voir un monde
étrange, insoupçonné, occulte s’ouvrir devant elles. En effet, les sorciers,
les démons, les magiciens, les créatures surnaturelles existent bel et bien.
Certains vivent sous la surface de la terre, à l’abri des regards des hommes,
tandis que d’autres se confondent dans la foule lambda. Certains sont bien intégrés
et d’autres non. Cette nature surnaturelle n’est révélée qu’à une poignée de
personnes capables de les voir mais tous sont plus ou moins en présence de
phénomènes magiques. En ce qui concerne les Halliwell, elles sont affectées
d’une mission : celle de protéger les innocents. Elles se doivent de
mettre fin aux agissements des démons qui mettent en péril la vie humaine.
Finalement, c’est une tâche intrinsèque aux héros d’épopées fantasy.
Cet univers magique obéit à des
règles précises. Ainsi les sorcières ne peuvent utiliser leurs pouvoirs à des
fins personnels car il y a toujours un prix à payer. Elles ne peuvent se
soigner par exemple, ni concevoir un philtre d’amour pour ensorceler telle ou
telle personne. Elles n’envoûtent pas non plus les gens pour les mettre à leur merci. Leur héritage ne doit être utilisé que pour faire le Bien. D’autre
part, ce monde est régit par une hiérarchie. Ainsi les sorciers et sorcières
sont assignés d’un ange-gardien qui est censé rester dans l’ombre de leurs pas.
Sauf que les filles ne respectent pas toujours les règles. Ainsi Piper épousera
Léo, l’ange-gardien des Halliwell comme sa mère auparavant aura une liaison
avec le sien. La lutte entre le Bien et le Mal est omniprésente dans cette
série car elles doivent demeurer représentatives du Bien même si elles sont
parfois dépassées par les événements. Elles sont guidées par un grimoire magique,
le livre des Ombres, une sorte d’encyclopédie où tout y est répertorié. Ainsi,
elles s’y réfèrent à chaque nouvelle menace afin de déterminer la nature du
danger et y trouver la potion pour y remédier.
La magie est au cœur des 178
épisodes de cette série. A chaque feuilleton Prue, Piper et Phoebe sont
confrontées à un danger ne les touchant pas toujours directement mais dont elles
doivent sortir victorieuses pour le bien des habitants de San Francisco. Sans
parler des grands effets spéciaux dont usent les plus grosses productions hollywoodiennes,
à l’image des trilogies high fantasy de
Peter Jackson, l’équipe réalisatrice de Charmed
fait avec ses moyens et le résultat est assez satisfaisant. Ici on peut dire
que l’habit fait le moine car les costumes et les maquillages arborés par
certains acteurs sont plutôt réussis. Ainsi, l’ensemble est suffisamment
crédible pour donner vie au surnaturel et à ces créatures de l’autre monde. A
cela s’ajoutent les nombreux jeux de fumées au moment du lancement des sorts
qui, tel les magiciens dans leur traditionnels spectacles de magie, font apparaître
ou disparaître telle ou telle chose. Les codes de la magie tels que l’on se le
représente dans l’imaginaire populaire sont bien respectés ici à travers les
rituels réalisés par les sœurs entre la fabrication des potions, l’allumage des
bougies et la lecture des formules magiques.
Il est clair que Charmed est une série qui a bien
fonctionné en réunissant tous les éléments qui ont su séduire son public.
Romance, magie et action répondent ici présentes afin d’envoûter toute une
génération de fans et marquer durablement le petit écran d’une empreinte
assurément fantasy.
De son nom complet Edward John Moreton Drax Plunkett est un écrivain irlandais né en 1878 à Londres et décédé en 1957 à Dublin. Il est le dix-huitième baron de Dunsany, d’où le nom de plume de Lord Dunsany qu’il adopte pour signer ses livres.
Auteur prolifique, il a écrit aussi bien des nouvelles, des romans, des poèmes, des essais que des pièces de théâtre. En effet, il a laissé derrière lui plus d’une soixantaine d’œuvres.
D’abord scolarisé à Eton, une école élitiste, fleuron des écoles publiques britanniques, il intègre ensuite l’académie royale militaire de Sandhurst. De 1899 à 1902, il sert dans un régiment d’infanterie de l’armée britannique, Les Coldstream Guards et est envoyé en Afrique du Sud lors de la seconde guerre des Boers. Après la disparition de son père, il devient le baron de Dunsany et hérite des propriétés familiales, et notamment du château de Dunsany dans le comté de Meath où il va d’ailleurs résider toute sa vie. En 1904, il épouse lady Béatrice, la benjamine du comte de Jersey Victor Child Villiers et en 1906 naît son fils Randal Arthur Henry Plunkett. La Première Guerre mondiale met à nouveau sa vie en suspens puisqu’il va y servir dans les rangs des Royal InniskillingFusiliers le temps du conflit.
De retour à la vie civile, il se met à enseigner la littérature anglaise et part à l’université d’Athènes de 1940 à 1941, juste avant l’invasion allemande.
Sportif, amoureux de la nature et passionné par la chasse, Lord Dunsany s’est nourri de ses passions pour produire des textes variés aux notes très poétiques.
A ce jour, toutes ses œuvres n’ont pas été traduites en français mais suffisamment pour que l’on ait la pleine conscience de son talent et de l’héritage qu’il a laissé à la littérature fantasy. En effet, rappelons le rôle de précurseur que cet auteur a joué dans la naissance d’une fantasy moderne. Ce sont bien de ses textes que ses héritiers à l’image de J.R.R. Tolkien ou H.P. Lovecraft se sont inspirés pour écrire.
Lord Dunsany est donc l’auteur de plusieurs recueils de nouvelles de fantasy dont Les dieux de Pegana est le premier paru en 1905, suivi d’un second LeTemps et les Dieux en 1906. Sous la forme d’une trentaine de monologues et de fragments historiques, il raconte la fabuleuse légende de la création du monde et des dieux. En 1908 sort L’épée de Welleran, un conte fantastique qui mêle des mondes imaginaires influencés par la Bible et l’Iliade à une réalité sombre. Un quatrième recueil, Contes d’un rêveur, sort en 1910 où l’auteur explore ce qu’il appelle les « régions brumeuses du sommeil et de la mort ». En 1912, il écrit Le Livre des merveilles qui immerge son lecteur dans un univers empreint de féérie et de légendes, de cités disparues et de dieux étranges. En 1916, il complète ce recueil par un autre, Le dernier livre des merveilles où l’on retrouve ce même monde hybride imaginé par Lord Dunsany. Quant aux autres nouvelles, elles ne sont pas encore traduites. Mais à la lecture de ces premiers recueils, il est clair qu’il apparaît comme un auteur d’univers dignes des plus grands récits de fantasy.
Après s’être initié à l’écriture de nouvelles, il se tourne vers des récits plus longs, plus élaborés dont La Fille du roi des elfes est le plus bel héritage. Paru en 1924, ce roman relate la destinée du prince Alvéric, chargé par son père d’enlever la fille du roi des Elfes de la Forêt Enchantée. Seulement, il n’aura pas besoin de commettre un tel méfait, car Lizarel, tombée sous son charme accepte de le suivre dans le monde des hommes sans problème. De leur union, naîtra Orion, un enfant doué de magie. Seulement le roi des Elfes, furieux de la disparition de sa fille unique fera tout pour la retrouver. Et c’est sous la forme d’un message ensorcelé porté par un troll que Lizarel, déçue par les hommes, finira par retourner auprès des siens au plus grand désespoir d’Alvéric. D’ailleurs, inconsolable, le prince amoureux passera le reste de sa vie à parcourir le monde pour retrouver la Forêt Enchantée. Un autre roman paraît en 1927, Vent du Nord qui rend hommage à la vieille Irlande en faisant revivre les vieilles légendes du Pays de l’Eternelle Jeunesse des Celtes. Malheureusement les autres romans, poésies ou encore essais de Lord Dunsany n’ont pas encore été traduites à ce jour et donc resteront dans l’ombre.
Puisque La Fille du roi des Elfes est considérée comme son « chef d’œuvre », c’est de ce roman qu’on parlera plus longuement. Un livre d’ailleurs intéressant pour ce qu’il apporte à la fantasy moderne. Déjà le premier élément à mettre en exergue est le riche univers imaginé par Lord Dunsany. Il choisit d’inscrire son histoire dans un monde où les hommes vivent près du Royaume Enchanté peuplé d’Elfes. L’existence de ce royaume est connue de tous, seulement peu peuvent témoigner d’avoir été spectateur d’un quelconque prodige. Le récit démarre au moment où le prince du royaume des Aulnes (le territoire à la frontière du Royaume Enchanté) est chargé de pénétrer dans ce Royaume Enchanté pour enlever la fille du roi des Elfes. C’est ainsi que le lecteur découvre un monde merveilleux où les montagnes sont bleues et où les palais sont immenses. La nature y est verdoyante et enchanteresse. Les arbres sont doués de vie et se déplacent au gré des dangers. Ce monde émet un son de trompes magiques que seuls les êtres qui lui sont liés peuvent entendre. Pour pénétrer dans cet espace merveilleux et secret, il faut passer une barrière magique constituée de brumes. Ce Royaume Enchanté rappelle l’île d’Avalon de la littérature arthurienne, car à son image c’est un lieu mystérieux réservé aux élus. Un endroit où s’épanouissent des créatures surnaturelles comme des Trolls, des Elfes, et autres esprits de la forêt.
Il est vrai que l’auteur s’est inspiré de ces légendes arthuriennes pour nourrir son présent récit, déjà dans le fait qu’il parle longuement de l’errance du chevalier aussi bien au début du roman lorsque Alvéric traverse le pays enchanté pour enlever Lizarel puis lorsqu’il parcourt la terre entière pour retrouver le royaume disparu avec son épouse.
La magie se manifeste de bien des manières, déjà à travers l’existence de cet endroit magique mais aussi par le biais de certaines créatures. Lizarel en est la parfaite incarnation. Une femme superbe, irrésistible, immortelle contre qui Alvéric ne pouvait pas résister. Le père de Lizarel, le souverain des Elfes possède également sa propre magie qui se manifeste par la possibilité d’user de trois puissants sorts qu’il va justement utiliser pour récupérer sa fille partie dans le monde des hommes. Même du côté du territoire des humains, la sorcellerie est présente avec notamment l’existence de la sorcière Ziroondel qui va devenir la conseillère d’Alvéric, et même la nurse d’Orion, l’enfant d’Alvéric et de Lizarel. Un personnage important qui est décrit par Lord Dunsany comme la parfaite représentation de la sorcière type dans l’imaginaire populaire, à savoir une vieille femme, ermite, qui vole sur un balai et lance des sorts à l’aide d’une baguette.
La quête est au cœur de ce récit. Elle y est évolutive. En effet, elle commence avec Alvéric qui a pour mission d’enlever Lizarel, puis plus tard lorsque celle-ci aura à nouveau disparue, ce dernier repartira en quête de la retrouver. Du côté d’Orion, devenu adulte, il mène également sa propre quête qui est de chasser les licornes qui pénètrent le monde des hommes à la nuit tombée.
Au vue de tous ces éléments, Lord Dunsany démontre dès son époque qu’il a commencé à rassembler des données propre à la littérature fantasy qui par la suite vont être repris et largement développés par ses disciples, comme J.R.R. Tolkien ou H.P. Lovecraft. Il est un véritable peintre des mots et nous entraîne dans un imaginaire fortement teinté de merveilles. Quel que soit le récit, ils invitent pleinement à la rêverie, au voyage. De format court, ils sont tous très poétiques, et donc envoûtants.
Finalement Lord Dunsany a su marquer son époque en laissant des écrits qui apparaîtront comme autant de guides pour des générations d’écrivains à venir. Il atteste son désir de se démarquer des autres et de remettre le merveilleux au centre de ses histoires. C’est à travers tout cela qu’il apparaît clairement comme un précurseur au genre.