L'influence du "gaming" à la littérature

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18/10/2015

Terry Pratchett, La huitième couleur, Les Annales du Disque-Monde, tome 1

Si vous êtes familiers de ces univers fantasy qui mettent en scène chevaliers ou mercenaires galopant à bride abattue à travers de vastes étendues de forêts ou de montagnes féeriques, l’univers imaginé par Terry Pratchett risque bien de vous déstabiliser.

En effet, inventeur farfelu d’un monde improbable, Terry Pratchett insère ses histoires dans une géographique étonnante prenant la forme d’un disque juché sur le dos de quatre éléphants, eux-mêmes posés sur la carapace d’une tortue. Étrange, dites-vous ? Vous ne croyez pas si bien dire. 

Dans ce premier volume des Annales du Disque-Monde, l’auteur met l’accent sur les aventures de deux personnages : le pseudo mage Rincevent et Deuxfleurs, dit le touriste.

C’est dans la ville d’Ankh Morpok que démarre l’action au moment de l’arrivée de cet étranger, prénommé Deuxfleurs et affublé d’un drôle de compagnon, une valise pourvue d’une multitude de petites jambes. Mêmes les habitants ne voyaient pas en lui une menace, juste une simple curiosité vis-à-vis de cet inoffensif rêveur. 

Néanmoins, le Praticien (haut dignitaire de la ville) charge Rincevent, un mage quelque-peu raté de l’escorter et accessoirement de le protéger lors de son exploration de la ville contre la menace d’éventuels assassins, voleurs et autres va-nu-pieds grouillant partout dans la cité. 

Seulement personne ne se doutait à ce moment-là que la situation pourrait échapper aux deux compères et les entraîner bien loin d’Ankh Morpok même. 

En signant ce premier tome, Terry Pratchett brave les codes existants du genre pour nous proposer une aventure rocambolesque où l’humour est presque un personnage à part entière. 

Avec cet auteur, légèreté et absurdité sont de mise et ce pour notre plus grand plaisir de lecteur. 

Fantasy à la carte

11/10/2015

Angélique Ferreira, Croissant de lune, Secret de lune, tome 1



Pour le premier tome de son cycle de fantasy urbaine, Angélique Ferreira nous attache aux basques de deux héros que tout oppose, à priori. Lui est beau, sûr de lui, mannequin à ses heures et elle, simple, discrète, clairement rat de bibliothèque. Rien ne les prédestinait à se rencontrer. D’ailleurs, leur premier face à face est explosif. Il s’en découlera une froide haine. Seulement le destin ne se dompte pas si aisément et lorsque l’on s’attire autant que deux aimants, à quoi bon lutter ?



Dans l’imaginaire d’Angélique Ferreira, la magie existe. Elle gravite tout autour de nous. Seulement les Apchers, autrement dit ceux qui n’ont aucun pouvoir l’ignorent. Les sorciers se répartissent en familles. Ils forment des clans dirigés par un maître, généralement le patriarche quand il est encore vivant. Dans la famille d’Angèle Black, c’est sa mère la chef de son clan de sorciers. Néanmoins, étant une Talos (car elle est née sans pouvoir), Angèle refuse cet héritage et s’exile loin de sa famille. En tout cas, elle s’y emploie.

Ce qui au demeurant aurait pu fonctionner si une série de meurtres sauvages n’avaient pas eu lieu à Lyon. Sans compter la présence perpétuelle de ce Nicolas Poutault qu’elle déteste tant et qui semble toujours sur son chemin. A croire qu’il la cherche ? 

Encore un cycle de fantasy urbaine qui vient s’inscrire dans un corpus déjà dense. Néanmoins, il est à noter que l’auteure y apporte sa touche personnelle en attribuant à ses vampires un rôle déroutant. Une manière d’appréhender le genre qui ne manque pas d’originalité. De toute évidence, Angélique Ferreira est une auteure de fantasy à garder à l’œil. D'autant que d'autres cycles viennent enrichir sa bibliographie déjà très prometteuse.




Fantasy à la carte

04/10/2015

Fabien Cerutti, L’Ombre du pouvoir, Le Bâtard de Kosigan, tome 1

La première chose de remarquable à souligner sur le premier volet du Bâtard de Kosigan de Fabien Cerutti est qu’il s’est distingué par deux fois aux Imaginales en recevant le prix des lycéens 2015 et aux Futuriales avec le prix Révélations 2015. Jolies récompenses qui démontrent aussitôt l’œuvre de haut-vol à laquelle on a à faire ici. 

La singularité de Fabien Cerutti est d’avoir inséré son intrigue dans un univers commun à celui de ses scénarios pour le jeu en ligne Neverwinter Nights. Ainsi, il a choisi d’articuler son histoire autour de la vie de Pierre Cordwain de Kosigan, dit le Bâtard. Un destin peu ordinaire, à dire vrai. Déjà dans le fait qu’il est un mercenaire, assassin à ses heures et intriguant hors-pair. L’Ombre du Pouvoir se déroule sur une courte période, pendant le célèbre tournoi de la Saint-Rémi à Troyes en l’an de grâce 1339. Ces festivités sont aussi l’occasion pour Catherine de Champagne de marier sa fille unique à l’un de ses prétendants : le neveu du duc de Bourgogne, Marc de Salers ou le prince Robert de Navarre, représentant de la France. Bien entendu, l’enjeu est de taille et les intrigues vont y aller bon train. En effet, la Champagne est le dernier fief des princesses elfiques d’Aëlenwil et à ce titre un comté stratégique à récupérer aussi bien pour la France que pour la puissante Bourgogne. Face à ces évènements majeurs de l’Histoire, le Bâtard de Kosigan ne pouvait qu’être présent. La question est de savoir quel rôle va-t-il y jouer ? Dans quel camp va-t-il être ? Car n’oublions pas que les Bourguignons sont ses ennemis jurés. En effet, même s’il en est un lui-même, c’est la guerre avec sa famille depuis qu’il a été rejeté à cause de sa bâtardise. Un premier roman qui en promet dès les toutes premières lignes surtout quand l’un des prétendants disparaît mystérieusement.

Le Bâtard de Kosigan, c’est également une approche originale puisque l’auteur alterne des lettres échangées en 1899 entre un professeur d’archéologie médiévale Michaël Konnigan et son ami Charles Chevais Deighton et le journal intime de Pierre Cordwain de Kosigan. A priori Michael serait l’héritier de Pierre et on suit en même temps que Charles Deighton ses découvertes sur son héritage. Or, il y a autant de mystères autour de Michaël Konnigan que de Pierre de Kosigan. De cette manière, Fabien Cerutti a su s’assurer toute l’attention de ses lecteurs. Il faut bien le dire, on est captivés devant cette partie d’échecs grandeur nature que joue Pierre de Kosigan. Et même si on croit deviner son prochain coup, il en a toujours un d’avance.

Pour ce cycle, l’auteur mêle heroic fantasy et période historique trouble. Des personnages fictifs entremêlent leurs destins à des personnes réelles comme le Duc de Bourgogne ou Edward III d’Angleterre. Ainsi, Fabien Cerutti a su insuffler une puissante magie à son texte le rendant si fascinant aux yeux du lecteur. Bien entendu, cela passe d’abord par le choix de ce héros aussi atypique, amusant qu’attachant. Mais aussi par les thèmes abordés car il est bien connu que l’association sexe, argent et pouvoir agrémentée de magie captive toujours autant l’humanité.

Fantasy à la carte

27/09/2015

Laurell K. Hamilton, Sang Noir, Anita Blake, tome 16, éditions Milady

Que seriez-vous prêt à faire par amitié? Voilà une question que vous avez pu déjà vous poser ? Alors qu’en est-il ?

Pour Anita Blake, elle, lorsque Jason lui demande si elle peut lui rendre un immense service, c’est presque avec étonnement qu’elle accepte sans rechigner. Et pourtant, jouer la fausse petite-amie et accessoirement mentir, ce n’est vraiment pas son truc. Seulement voilà, Jason est son ami et elle va vite se rendre compte qu’elle y est très attachée. 

Le père de Jason est en phase terminale d’un cancer, il ne lui reste que peu de temps à vivre. Alors sous les supplications de sa mère, Jason n’a pas d’autre choix que de courir une dernière fois au chevet de son tyran de paternel. Réticent, Jason l’est assurément. Pourquoi ? Parce que depuis que son père s’est mis dans la tête qu’il était homosexuel, il l’a toujours mal traité jusqu’à en devenir violent. Et même si Jason a passé son adolescence à essayer de prouver le contraire à ses parents, il n’a jamais réussi tout à fait à les convaincre. C’est pour cette raison qu’il demande à Anita de se faire passer pour sa petite amie afin que son père parte en paix. Seulement les événements ne s’enchaînent pas toujours comme on le veut. A peine arrivés, les catastrophes pour nos deux amis vont se succéder à une vitesse pour le moins ahurissante. Même si Anita sentait bien les prémices d’un désastre annoncé en acceptant de participer à une telle mascarade, elle ne peut s’empêcher d’y plonger bille en tête.

Avec sa verve habituelle, Laurell K. Hamilton donne à son seizième tome une dimension plus introspective. Ici, il ne sera pas question d’enquête menée à tambours battants comme sait le faire le marshal Anita Blake, mais plutôt d’aborder des thèmes forts et finalement très humains tels l’amitié, la fidélité, la sincérité et même l’amour. En effet, à travers le maelstrom d’émotions de son héroïne, l’auteure explore la mince frontière qui sépare certains sentiment, la haine et l’amour, l’amitié et l’amour ou encore le sexe et l’amour. Vous l’aurez compris, l’amour est la base de son cycle Une aventure d’Anita Blake, tueuse de vampires. Elle en rappelle l’importance et surtout ses fluctuations car finalement rien n’est définitif et tout est à faire.

Fantasy à la carte

19/09/2015

Pierre Pevel, Le Chevalier, Haut-Royaume, tome 1

Pierre Pevel, Le Chevalier, tome 1, Haut-Royaume, éditions Bragelonne

Imaginez une île, même moins qu’une île, un rocher battu par les vents, assiégé de toutes parts par des vagues implacables. La solitude, la désolation y règnent. Un lieu effroyable dont l’évocation du simple nom fait trembler chaque habitant du Haut-Royaume. Dalroth, une prison sous l’emprise d’un mal terrible, d’une noirceur absolue, l’Obscure. Et c’est ici qu’est enfermé Lorn Askarian. Injustement condamné pour trahison il y a trois ans, le jeune homme croupit dans ces geôles de l’oubli.

Gracié par le Haut-Roi lui-même, c’est dans un triste état, affaibli, amaigri, rongé par l’Obscure tel un fantôme que le prince Aldaran, fils du Haut-Roi et ami de Lorn le retrouve. Pourquoi cette libération après trois longues années ? Lorn se le demande. Mais, l’avenir s’annonce encore plus surprenant lorsque le roi Erklant le nomme premier chevalier du Trône d’Onyx. Par ce geste, le souverain souhaite rétablir la garde d’Onyx afin de redorer le blason du Haut-Royaume.

Sur fond de complots, de dissensions politiques, de diplomatie biaisée, Pierre Pevel conte surtout la destinée extraordinaire d’un héros solitaire et mystérieux.

L’auteur qui nous avait habitués à réécrire l’Histoire sous la forme de récits envolés d’uchronie de fantasy, crée avec Haut-Royaume une totale surprise.

En effet, c’est un cycle unique et original d’heroic fantasy que nous livre ici Pierre Pevel. Une grande épopée même où le souffle de l’aventure nous tient en suspense jusqu’à l’épilogue sans pour autant être pleinement rassasié de cette histoire et de ses héros. Le charme de la plume de Pierre Pevel est encore une fois à l’œuvre surtout qu’il distille des éléments de réponse à son intrigue avec une telle parcimonie que même lorsque l’on croit connaître les tenants et les aboutissants de son histoire, on est trompés. En un mot, l’auteur nous tient entre ses lignes et on n’attend qu’une chose, qu’il nous délivre de notre supplice.


PS : attention si vous ouvrez Le Chevalier, vous n’aurez pas d’autre choix que de le lire d’une traite sans même pouvoir reprendre votre souffle tellement l’intrigue est prenante.

Fantasy à la carte

A lire sur le blog, mon avis sur le tome 2, L'Héritier et le tome 3, Le Roi. 
Informations

Le Chevalier
Tome 1
Haut-Royaume
978-2-8112-1403-6
576 pages
Editions Bragelonne