31/12/2024

Pierre Pevel, Stéphane Créty & Jérôme Maffre, L'épéiste, T.1, Gueule Cuir, éditions Drakoo

Pierre Pevel, Stéphane Créty & Jérôme Maffre, L'épéiste, T.1, 
Gueule de Cuir
éditions Drakoo 

Des univers de Pierre Pevel, le plus célèbre est sans aucun doute Le Paris des Merveilles qu'il a décliné en romans, en nouvelles et en bandes dessinées

Toutefois, la Belle Époque n'est pas la seule période historique qui a sa faveur car situer ses intrigues à la cour de Louis XIII ne lui déplaît pas non plus si l'on croit son excellente trilogie, Les Lames du Cardinal.

Or, pour sa nouvelle bande dessinée Gueule de Cuir, il a réinvesti ce siècle pour lui servir de décor.

Reçu en cadeau à mon anniversaire, je remercie à nouveau mon amie Mathilde qui sait toujours comment enchanter mes lectures. 

Résumé :

1633. Un redoutable Nécromant étend son influence sur les bas-fonds de Paris et le seul à même semblant pouvoir arrêter cette menace est celui que l'on appelle l'Épéiste désigné par la Veuve et l'Oiseleur selon le Zodiaque du Diable. Mais acceptera-t-il d'endosser le masque et de combattre les forces du mal ? 

Mon avis :

Dans ce premier volume, on découvre un Paris populaire, celui des bas quartiers, essentiellement de nuit afin de donner corps au mystère et aux ténèbres propices à cet étrange protagoniste se faisant appeler le Nécromant. Assimilé au diable, il laisse derrière lui un sillage de morts parmi les plus modestes et sa présence inquiète jusqu'à la cour du roi. Son existence semble être liée au Zodiaque du Diable autour duquel gravitent des factions et bien d'autres étonnantes figures, à l'image de la Veuve, de l'Oiseleur et de l'Épéiste. 

De toute évidence une sombre magie est à l'œuvre au sein de ces planches et elle est le fruit de puissants alchimistes, à n'en pas douter ! 

Mais toute l'originalité de cet univers est que Pierre Pevel emprunte au mythe du super-héros faisant de ce masque la singularité de cette histoire. Puissant artefact qui confère à son porteur de grands pouvoirs en donnant une grande force, de la rapidité ou encore davantage d'agilité. 

Gueule de Cuir, c'est tout simplement le croisement du mousquetaire avec le super-heros des comics. Voilà qui donne à ce récit se déroulant au 17e siècle autant de répondant que de panache. 

Pierre Pevel y signe un scénario piqué d'actions et de rebondissements où les duels à l'épée s'enchaînent en duo ou à plusieurs sans temps mort. Point de place à l'ennui dans ces bulles car les évènements s'y précipitent sans même laisser le temps au personnage principal de reprendre son souffle. 

Ce premier tome est là pour poser le décor, faire connaissance avec les personnages et identifier les enjeux. 

Intrigues politiques, malédiction et magie noire sont les ingrédients du succès réunis ici par Pierre Pevel pour notre plus grand plaisir. 

Côté personnage, on peut citer le duelliste puisque tout va tourner autour de lui au fil des volumes. Sous les atours du mousquetaire, il en partage clairement les valeurs, au moins pour l'honneur qu'il porte tel un étendard, lui qui s'est juré de défendre les plus faibles. Fin bretteur, sa vie et les missions qu'il s'est assignées répondent bien à un code qui en fait le porteur parfait de ce masque afin d'accomplir de grandes choses et en tentant de tenir au loin les ombres.

Pour illustrer cette incroyable histoire, c'est Stéphane Créty qui est aux manettes et je dois dire qu'il a fait des merveilles pour donner vie à ce Paris si bien connu des lecteurs. En tournant les pages, on se sent en territoire familier au milieu des illustres bâtiments ou en compagnie de certains grands noms de l'Histoire. Les dessins sont très beaux et forts réalistes. Ils exhalent un certain mystère, ainsi que le danger et les rebondissements voulus par l'auteur.  Beaux ou laids, les héros de Pierre Pevel s'animent sous le crayon de Stéphane Créty avec beaucoup d'intelligence car il a un vrai talent pour croquer les émotions et les retransmettre. 

Pour conclure :

Gueule de Cuir est une bande dessinée haute en couleurs très divertissante où les hommes d'influence et les complots politiques croisent le fer avec la ténébreuse alchimie. Voilà de quoi contenter un lectorat en manque d'action. 

Fantasy à la Carte

Sur le blog, vous pouvez notamment retrouver mes avis sur les autres publications de Pierre Pevel chez Drakoo : Les Enchantements d'Ambremer volume 1 et 2, ainsi que Les Artilleuses

Informations 

Pierre Pevel
Stéphane Créty 
Jérôme Maffre 
L'épéiste 
T.1
Gueule de Cuir
9782382331460
68 pages
Editions Drakoo

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29/12/2024

Cyril Lieron & Benoît Dahan, L'Affaire du Ticket Scandaleux, T.1, Dans la tête de Sherlock Holmes, éditions Ankama

Cyril Lieron & Benoît Dahan, L'Affaire du Ticket Scandaleux, T.1, 
Dans la tête de Sherlock Holmes
éditions Ankama

Dans la tête de Sherlock Holmes est une excellente bande dessinée composée pour le moment de deux volumes. Elle est le fruit de deux hommes talentueux, Cyril Lieron et Benoît Dahan qui se sont associés pour en écrire le scénario. Quant à la mise en images, seul Benoît Dahan s'y est collé avec beaucoup de talent. 

Le résultat est bluffant car l'intrigue est digne des récits d'Arthur Conan Doyle. On y retrouve bien le mystérieux fort apprécié de cet auteur. Personnages incontournables de la littérature, c'est un réel plaisir que de retrouver Sherlock Holmes et son acolyte le docteur Watson dans une nouvelle aventure.

Je ne peux que remercier très chaleureusement mon amie Mathilde qui a toujours les plus belles attentions pour me faire plaisir.

Résumé :

Dans L'Affaire du Ticket Scandaleux, une nouvelle enquête vient frapper à la porte de Baker Street et prend la forme d'un confrère du docteur Watson répondant au nom d'Herbert Fowler qui s'est retrouvé à errer dans les rues complètement hagard ne se souvenant pas de sa soirée de la veille. Voilà de quoi sortir notre bon vieux Sherlock Holmes de sa léthargie en lui faisant travailler ses méninges.

Mon avis :

Pour cette nouvelle aventure, Cyril Lieron et Benoît Dahan ont eu la bonne idée de nous conter les faits du point de vue de Sherlock Holmes lui-même en suivant son cheminement intérieur pour résoudre les énigmes. C'est d'ailleurs le fil directeur de cette bande dessinée autant du point de vue du script que de la mise en page graphique car on remonte visuellement la piste des indices que relève notre célèbre détective au fil de ses observations ainsi que les déductions qu'il en fait. 

Les auteurs nous entraînent donc ici dans un véritable jeu de pistes des plus passionnants où le mystère et peut-être bien l'ésotérisme s'invitent. C'est tout le but de cette œuvre que de plonger dans la tête de Sherlock Holmes au sens propre du terme et ce dès la couverture de la bande dessinée. Celle-ci est, d'ailleurs, remarquable. Elle attire le regard des lecteurs et capte immédiatement leur attention puisqu'on y voit la silhouette de la tête du détective littéralement découpée dans le cartonné de l'ouvrage. Mieux encore, elle se fond dans le paysage des immeubles londoniens, se découpant même dans la toiture de l'un d'eux. le résultat est remarquablement ingénieux et lui vaut même d'avoir été primé par le BDGest'Arts 2019. 

D'ailleurs, la bande dessinée elle-même a reçu de nombreux prix, parmi lesquels le prix SNCF du polar 2020, le prix du public d'Angoulême, le prix Mor Vran de la BD du Goëlan Masqué à Penmarch ou encore le prix Bédéis causa en 2020 du Festival Québec. C'est peu dire que de répéter que le graphisme autant que l'intrigue ont plu. 

Les auteurs ont su retranscrire toute l'essence de l'univers d'Arthur Conan Doyle et se sont emparés avec beaucoup de virtuosité de son duo de personnages. 

Les dessins sont splendides et illustrent très bien cette époque victorienne pleine d'élégance et de ténèbres. Les silhouettes sont toutes en pointes ou en arrondies et donnent à ces illustres figures de la littératures policières une identité visuelle très reconnaissable et fort à-propos. En outre, rien de criard dans la colorisation des planches, tout est gris, beige, ou cyan pour maintenir une ambiance feutrée propice à l'époque.

Pour conclure :

Dans la tête de Sherlock Holmes, Cyril Lieron et Benoît Dahan vous attachent si habilement aux pas de deux grands noms de l'imaginaire populaire que vous n'avez plus envie de les quitter. Et ce n'est pas avec un tel final que les choses vont s'arranger. Elémentaire, mes chers lecteurs !

Fantasy à la Carte

Informations

Cyril Lieron & Benoît Dahan
L'Affaire du Ticket Scandaleux
Tome 1
Dans la tête de Sherlock Holmes
Editions Ankama

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27/12/2024

Robert Jackson Bennett, La Cité des Lames, T.2, Les Cités Divines, éditions Albin Michel Imaginaire

Robert Jackson Bennett, La Cité des Lames
T.2, Les Cités Divines
éditions Albin Michel Imaginaire 

Pour terminer cette nouvelle année de lectures, j'ai choisi de retourner dans la saga, Les Cités Divines de Robert Jackson Bennett en m'attaquant au tome 2 publié au mois d'octobre. 

Pour rappel, il s'agit du récit préquel à celui des Maîtres Enlumineurs dont on déjà longuement parlé sur ce blog.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Albin Michel Imaginaire, je remercie Gilles Dumay pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Après les horreurs de Bulikov, la générale Turyin Mulaghesh n'aspire qu'à vivre en paix loin des conflits. Mais c'est sans compter la pugnacité de Shara Komayd devenue entre temps Première Ministre qui la somme d'effectuer une dernière mission afin de pouvoir toucher ses émoluments de retraite. Sous couvert d'inspecter des installations militaires, elle est chargée d'enquêter sur la mystérieuse disparition d'une agente qui pourrait potentiellement être liée à un nouveau minerai récemment découvert dans la cité des lames, ancienne demeure de la déesse de la guerre et des massacres. Mais au vu des enjeux, la présence de la générale risque bien d'en gêner plus d'un qui chercheront à la mettre hors jeu par tous les moyens, n'en doutons pas !

Mon avis : 

Dans La Cité des Lames, on retrouve l'univers postapocalyptique marqué par la disparition des dieux de Robert Jackson Bennett. On plonge donc dans un monde en reconstruction fortement meurtri et où demeure un héritage divin très prégnant. Celui-ci est autant vénéré qu'il est honni. Sa puissance en fait une magie dévastatrice fortement convoitée entre ces lignes. A chaque cité explorée, une nouvelle facette est découverte. Ainsi, dans La Cité des Lames, elle s'incarne surtout dans des épées qui renferment les âmes des disparus. Il s'agit ici surtout de guerriers du passé qui refusent que leurs sacrifices soient oubliés. Ceux-ci constituent un formidable réservoir de pouvoir fort utile pour la divinité qui souhaiterait reprendre le pouvoir par le truchement de la guerre et des massacres qu'elle a toujours incarnés.

Robert Jackson Bennett laisse donc s'exprimer une magie envoûtante pour colorer son univers d'un puissant enchantement. Ingénieux et insolite, le pouvoir qui prend cadre dans ce décor est pour le moins explosif. 

Il a également l'intérêt de mettre en lumière des problématiques très actuelles. La première d'entre elles n'est pas des moindres puisqu'il s'agit de la guerre qui semble totalement inhérente à l'histoire de l'humanité et à la construction des sociétés. 

Robert Jackson Bennett émet une critique acerbe des ravages des conflits influencés par des politiques répondant bien trop souvent à des intérêts individuels. Il évoque également les dangers des conflits mondiaux faisant clairement référence à la Troisième Guerre mondiale qui nous guette. 

En outre, en choisissant de donner la primeur à une haut gradée de l'armée qui reprend du service, l'auteur nous parle autant du sujet des vétérans que de la vieillesse. Il casse volontairement les codes du genre qui se plaît à toujours employer de jeunes et fringants protagonistes pour mener la quête et privilégie plutôt ici des personnages nettement plus expérimentés avec un riche passé. Cela donne une vraie profondeur à l'histoire. Il y est, d'ailleurs, pas mal question de douleur et des limites notamment du corps, mais aussi de maturité et de sagesse. C'est un texte qui fait la part belle aux souvenirs et à l'importance de les transmettre. La mémoire est un savoir précieux qui permet de progresser surtout si on ne répète pas les mêmes erreurs. 

La Cité des Lames nous offre une errance dans le passé pour mieux préparer l'avenir et ne pas se laisser distraire par le chant des sirènes louangeant un soi-disant glorieux passé.

Plus que d'avoir imaginer un monde qui bruisse d'une vraie singularité, Robert Jackson Bennett a parsemé son récit de réflexions sociétales et environnementales fort intéressantes. 

D'autre part, on apprécie bien volontiers cette nouvelle protagoniste très nature et au caractère bien trempé. Elle est rafraîchissante presque malgré elle car sa franchise la rend finalement fort attachante. Pleine de courage et de droiture, elle est une femme à poigne qui sait se faire entendre quand il faut et a suffisamment de ténacité pour mener à bien les missions qu'elle s'est fixées ou qu'on lui a assignées. 

Pour conclure : 

Avec La Cité des Lames, Robert Jackson Bennett continue de nous régaler avec des intrigues tissées de complots ayant pour cadre un monde décadent. C'est une série très réussie !

Fantasy à la Cart

A lire sur le blog mon avis sur La Cité des Marches, Les Maîtres Enlumineurs, Le Retour du Hiérophante et Les Terres Closes

Informations 

Robert Jackson Bennett 
La Cité des Lames
T.2
Les Cités Divines 
9782226485915
575 pages
Éditions Albin Michel Imaginaire 

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21/12/2024

Pascale Quiviger, Courage, T.4, Le Royaume de Pierre d'Angle, éditions FolioSF

Pascale Quiviger, Courage, T.4, Le Royaume de Pierre d'Angle, éditions FolioSF 

Courage est le 4e volet qui vient clôturer Le Royaume de Pierre d'Angle, une exceptionnelle saga de fantasy pour laquelle j'ai eu un énorme coup de cœur.

Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie les éditions FolioSF pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Le Royaume de Pierre d'Angle est en deuil depuis la disparition soudaine de Thibault. Pour autant le temps n'est pas à l'expression de leur chagrin pour les habitants car l'inquiétant Jacquart vient de monter sur le trône. Un changement de règne qui fait basculer le royaume dans un âge sombre auquel chacun des protagonistes devra survivre. Mais le pourront-ils tous ? Et à quel prix ?  

Mon avis :

Avec ce quatrième tome, le temps est à l'action, aux émotions et aux révélations. Pascale Quiviger nous fait quitter les rivages de l'utopie pour accoster en tyrannie. Nous voici donc sous le règne du tant redouté Jacquart et à travers lui, c'est l'occasion pour l'autrice de donner à sa série une vraie portée politique. Elle y mène notamment une réflexion tournant autour des types de régimes en insistant particulièrement sur les différentes manières de les faire évoluer de l'intérieur. Elle met en exergue la résistance des uns et la collaboration des autres. Elle explore tout simplement le processus pour faire exploser une société de l'intérieur, à coup de mensonges, d'omissions et de petites trahisons. 

Le récit est juste passionnant et répond à toute sa promesse de tenir le lecteur en haleine. 

On est totalement happé par l'intrigue de ce livre qui marque une véritable rupture dans le récit avec la substitution d'une figure majeure de l'histoire par une autre. Pascale Quiviger est plutôt retors avec ses personnages qu'elle malmène plus que de raison dans le seul but de sonder la psychologie de ses protagonistes. 

Ainsi, Le Royaume de Pierre d'Angle est une saga aussi intéressante sur la forme que sur le fond. L'autrice y questionne autant des sujets de société qu'elle signe un écrin d'imaginaire incroyablement envoûtant.

Dans Courage, l'intrigue se ressert autour de ce lieu mystérieux qui cristallise tous les secrets de cette communauté et de son univers. On goûte de plein fouet à cette magie que l'autrice a voulu magnétique qui anime cette nature inextricable. Derrière son aura horrifique, on découvre les merveilles qu'elle dissimule car il y a  une vraie beauté qui bat en son cœur. Il faut juste apprendre à l'apprivoiser car celle-ci est pleine d'épines. C'est une magie qui est intimement liée au regret, aux remords et au désespoir. Teintée d'amertume, elle se révèle être d'une grande puissance pour maintenir tout un royaume dans la crainte des représailles. Son origine ne manque pas d'insolite. On retrouve d'ailleurs des symboles dans sa représentation que l'autrice a détourné pour mieux servir son récit. 

Avec Le Royaume de Pierre d'Angle, Pascale Quiviger signe une grande fresque épique mettant en lumière des destinées tourmentées. Plus que de lever le voile sur tous les mystères qu'elle a essaimés au fil des tomes, l'autrice perturbe volontairement ses lecteurs en donnant la primeur au méchant de l'histoire dans cet ultime roman. Déstabilisant est véritablement le maître-mot de ce livre qui nous brosse un portrait parfois inattendu de ce personnage que l'on a pourtant détesté au premier regard. C'est toujours très intéressant d'explorer la figure du monstre et de voir ce qu'elle cache réellement. La cruauté dissimule bien souvent une forêt de doutes et de faiblesses. 

Pour conclure :

Avec Courage, Pascale Quiviger conclut sa saga en apothéose émotionnelle d'autant qu'elle évoque beaucoup le deuil. Les personnages sont admirablement bien travaillés, l'univers est fouillé et avisé car il est la réponse à la tragédie qui s'est joué en ces lieux. C'est plutôt bien vu. Je ne vous cache pas qu'en lisant Le Royaume de Pierre d'Angle, on y laisse des plumes tant on s'attache fort aux personnages et on pleure leurs drames, mais c'est aussi une véritable pépite pour le genre qui nous hante très longtemps après avoir refermer chacun de ses tomes. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur L'art du naufrage, Les filles de mai et Les adieux

Informations

Pascale Quiviger
Courage
T.4
Le Royaume de Pierre d'Angle
9782072999277
784 pages
Editions FolioSF

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12/12/2024

Arthur Ténor, J'étais Dracula le Maudit, éditions Scrineo

Arthur Ténor, J'étais Dracula le maudit, éditions Scrineo

Arthur Ténor est l'un des auteurs de littérature jeunesse français parmi les plus lus. Sa bibliographie compte pas loin de 200 titres. Il est d'ailleurs lauréat de nombreux prix littéraires, ce qui lui vaut une certaine renommée. 

Son dernier roman s'intitule J'étais Dracula la maudit.

Reçu en service de presse, je remercie l'auteur de m'avoir contacté pour vous faire découvrir son roman.

Résumé :

Perdu dans son château de Valachie depuis des siècles, Vlad, comte de Dracula s'y ennuie ferme. Et ce n'est pas les rares curieux osant franchir ses portes qui lui sont d'un quelconque réconfort car la réjouissance est bien trop fugace. Tout va changer le jour où il décide d'ouvrir sa bibliothèque à un jeune historien pour lui rafraîchir la mémoire sur son passé. Mais plus que de remuer ses souvenirs, découvrir le portrait de la sœur de Jonathan Harker dans les affaires de ce dernier va le bouleverser au plus profond de lui-même. Qui peut dire ce qu'il ressortira de cette nouvelle obsession.

Mon avis :

Avec J'étais Dracula le maudit, Arthur Ténor revisite habilement le mythe de Dracula. Célèbre créature inventée par l'écrivain Bram Stoker qui s'est inspiré de la figure historique de Vlad Tepes, dit l'Empaleur. Arthur Ténor s'est donc réapproprié ce personnage sanguinaire et nous emmène au cœur de son quotidien tissé d'attente et d'une soif insatiable.

Le récit prend cadre à l'ère victorienne nous plongeant dans l'ambiance gothique propice au vampirisme. Celle-ci est d'ailleurs très réussie car teintée de la juste dose de mystère et d'horrifique afin de faire frissonner le lecteur sans pour autant verser dans le gore. C'est toute la finesse et l'élégance de cette plume qui rend ce grand classique de la littérature fantastique finalement très accessible. Ainsi, au fil des pages, on rencontre des protagonistes majeurs du récit originel, à l'image d'Abraham Van Helsing qui nous apparaît une nouvelle fois sous les traits d'un chasseur. 

Arthur Ténor est parti du même postulat de base, à savoir la rencontre avec une femme qui fait basculer le destin d'un homme. Si par amour et chagrin, Vlad a renié Dieu le condamnant à devenir un vampire, que peut-il bien arriver à un vampire maudit qui croise la route d'une autre femme exceptionnelle ? C'est toute la question que soulève Arthur dans son roman.

Mais au-delà de son travail de réécriture, au demeurant, fort intéressant, l'auteur s'intéresse ici beaucoup à la figure du monstre. Il n'édulcore en rien l'image du vampire, décrite telle qu'elle est réellement, créature surnaturelle, cruelle et prédatrice.

Dans son roman, Arthur Ténor s'est beaucoup intéressé à la nature ambivalente du vampire, animal à l'intérieur et humain à l'extérieur. Ce qui lui permet de questionner la notion d'humanité à travers l'ensemble de ses protagonistes qu'ils soient des hommes ou non. Bien qu'il incarne le diable car son existence est vouée à conduire l'humanité à sa perte, Arthur Ténor arrive à nous rendre Dracula particulièrement attachant car on le découvre à travers ses failles et ses contradictions. Sa destinée est pour le moins captivante et il exerce une vraie attirance sur les gens. Sa puissance et son mystère sont irrésistibles. Mina est également un protagoniste fort de ce récit. L'espoir indéfectible qu'elle met dans la rédemption du vampire est très touchant. C'est une femme forte qui arrive à s'imposer à cette société patriarchale. Elle s'affranchit même de la tutelle de son frère pour prendre parti pour celui qui est désigné comme l'ennemi. Personnellement, j'ai beaucoup apprécié le duo qu'elle forme avec Dracula. 

Pour conclure :

J'étais Dracula le maudit est une belle découverte qui m'a permis de renouer avec un mythe tellement fascinant. L'intrigue est particulièrement bien ficelée et le récit fort divertissant. Il saura ravir plus d'un public, j'en suis convaincue.

Fantasy à la Carte

Arthur Ténor
J'étais Dracula le Maudit
9782381673578
200 pages
Editions Scrineo

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08/12/2024

Martha Wells, Roi Sorcier, éditions L'Atalante

Martha Wells, Roi Sorcier, éditions L'Atalante 

Figure du fandom, Martha Wells s'est beaucoup investie dans les littératures de l'Imaginaire depuis ses années universitaires. On lui doit notamment plusieurs séries sur l'univers Star Wars et Stargate

Elle est d'ailleurs l'autrice de sept séries dont celle du Journal d'un AssaSynth, récompensée plusieurs fois par les plus prestigieux prix Locus, Nebula et Hugo. 

Son roman Roi Sorcier paru chez L'Atalante en septembre dernier a lui aussi remporté le prix Locus du meilleur roman de fantasy 2024.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Elaine pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Alors que le prince démon Kaiisteron sort d'un profond sommeil, il se découvre inhumé au sein d'une tombe aux côtés de celui de son amie, la sorcière Ziede. N'ayant plus aucun souvenir de ce qu'il s'est passé pour que tous deux atterrissent dans cette sépulture au milieu de l'océan, ils réussissent à s'en échapper et découvrent d'autres disparitions inquiétantes, dont l'épouse de Ziede. Pour eux, cela marque le début d'une quête de vérité aux conséquences politiques retentissantes. 

Mon avis  :

Dans Roi Sorcier, Martha Wells nous plonge dans un univers incroyable et fort original. Dans ce monde, les démons et les sorcières voient leur vie menacée suite à des changements d'alliances politiques. Ainsi, coupés de leurs liens avec l'inframonde, les démons sont vulnérables aux attaques et se laissent facilement emprisonnés. En effet, séparés de leurs enveloppes originelles, ils se meurent dans leurs corps d'emprunt.

En outre, la magie imaginée par Martha Wells ne manque pas de singularité car elle prête des intentions aux éléments de la nature dont les détenteurs de pouvoir se servent et détournent à leur profit. 

L'univers créé est indéniablement le point fort de ce livre car il y a une vraie réflexion de la part de l'autrice à proposer un cadre recherché et novateur. 

Martha Wells a pris le parti de mettre les démons à l'honneur en les choisissant comme héros de son histoire. Ainsi, ceux que l'on a toujours vus comme les méchants sont ici les victimes. C'est un choix fort intéressant qui permet à l'autrice de changer de paradigme en mettant en exergue la tromperie que peuvent revêtir les aprioris. La surprise est donc totale. 

De plus, pour parfaire l'adhésion de ses lecteurs, Martha Wells a largement agrémenté son texte d'intrigues politiques nourries de manipulations et de trahisons. Le but étant de multiplier les rebondissements et les retournements de situation pour maintenir un suspense complet. Pour cela, l'autrice joue beaucoup sur l'amnésie de son personnage principal dont les souvenirs remontent que très lentement à la surface pour nous dévoiler l'envers de décor. 

Côté personnages, Martha Wells n'est pas en reste puisqu'elle s'appuie sur une petite communauté fort riche. Hormis ce prince démon qui a la trempe du meneur capable de fédérer une foule autour d'une cause commune juste, il y a surtout de très beaux protagonistes féminins, à l'image de Ziede. Elle incarne la figure de la femme forte nous apparaissant comme la seule arme capable de triompher de l'adversité. Tous s'en remettent à elle car elle est la clé de la réussite de cette quête.

Pour conclure :

Roi Sorcier est un roman ambitieux qui dégage une vraie originalité. Toutefois, même si la plume est indéniablement de grande qualité, je n'ai pour autant pas réussi à m'attacher complètement aux personnages. C'est pour moi un regret car le pitch envoie réellement du lourd sans oublier la beauté de l'ouvrage car les éditions L'Atalante ont sorti une édition de très belle facture qui mérite que l'on en parle. Enfin, ce n'est pas parce que l'alchimie n'a pas complètement pris pour moi, qu'elle ne prendra pas pour vous, n'est ce pas !

Fantasy à la Carte

Martha Wells
Roi Sorcier
9791036001987
464 pages
Editions L'Atalante

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