31/05/2024

Rakel Haslund, Après nous les oiseaux, éditions Pocket Imaginaire

Rakel Haslund, Après nous les oiseaux, éditions Pocket Imaginaire 

Mai a été l'occasion pour les éditions Pocket Imaginaire de rééditer le premier roman d'une autrice danoise qui a immédiatement su envoûter son public. Il s'agit d'Après nous les oiseaux de Rakel Haslund. 

Fortement plébiscité et même salué par la critique, le roman reçoit le prix Michael Stunge en 2020. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Le monde est tombé en ruines, presque vidé de toute humanité, à l'exception de deux femmes. L'une est sans nom tandis que l'autre se prénomme Am. Toutes deux sont réfugiées sur une île, elles y survivent cahin-caha, jusqu'à la mort de cette dernière. Dès lors, pour la plus jeune, il s'agira de se tracer son propre chemin au milieu des décombres d'un monde abandonné. Mais que trouvera-t-elle au bout de la route ? 

Mon avis :

Après nous les oiseaux est un postapocalyptique singulier et tout en délicatesse. Bien loin de l'ambiance rugueuse propre au genre, Rakel Haslund nous plonge ici plutôt dans une balade. Le ton est contemplatif et observationnel d'un monde en ruines. On marche dans les pas de la narratrice qui découvre les lieux sans savoir ce qu'elle va trouver. La nature a repris ses droits sur cette terre qui a été fortement urbanisée par le passé. Aussi, le goudron est par endroit enseveli sous les eaux et les bâtiments sont colonisés par les végétaux. En somme, la planète a souffert des incendies géants et des inondations sans fin. Il en ressort une terre meurtrie et même exsangue de vies humaines. Seuls les oiseaux ont survécu au cataclysme. Ils semblent même être devenus les seuls maîtres de la Terre, la survolant tels des gardiens attentifs. 

Point d'action excessive entre ces lignes car l'autrice a volontairement adopté un rythme lent pour nous laisser le temps d'apprécier cette finitude. 

Ce postapocalypse prend ainsi une saveur toute particulière, davantage tourné sur le ressenti. Le temps est comme suspendu dans ce roman où l'on est simplement bercé par la poésie des mots de Rakel Haslund. 

Derrière Après nous les oiseaux, il y a, d'abord, un propos écologique et environnemental quant au danger qu'encourt la planète si les incendies et les inondations continuent de s'y succeder. De là découle toute une réflexion sur les manières de survivre, à travers son personnage principal qui se retrouve complètement seule dans cette immensité. Une solitude qui finit par être pesante car l'homme demeure un "animal social", d'où cette quête de l'autre pour la narratrice la conduisant sur le chemin inattendu de la liberté. 

Bien que court, le texte n'en est pas moins très riche et s'avère finalement fort prenant car on se laisse complètement happé par son ambiance.

La plume de Rakel Haslund est élégante, sensible et ciselée pour mettre en lumière l'apprêté d'un futur qu'elle espère sans doute, à travers son récit, conjurer en alertant à sa manière. 

C'est un huis clos qui se focalise sur un seul protagoniste. Depuis la mort de Am qui l'a élevée, celle qui ne porte pas de nom a fait le choix de l'exploration plutôt que de rester terrée dans son refuge. La voici donc engagée sur les routes incertaines de ce monde déchu, soumise aux menaces extérieures et à l'égarement intérieur incluant la perte de langage par manque de pratique. Elle est une âme qui cherche la communion avec autrui, quitte à se lier avec n'importe quel être vivant. C'est un personnage atypique pour une histoire insolite qui ne manquera pas de faire réagir. 

Pour conclure :

Avec Après nous les oiseaux, Rakel Haslund signe une dystopie saisissante qui palpite d'intensité en dépit du fait que tout s'écoule lentement. Le tour de force est donc là pour nous proposer un post-apo bien différent des canons habituels.

Fantasy à la Carte

Informations

Rakel Haslund
Après nous les oiseaux
9782266324182
160 pages
Editions Pocket Imaginaire

28/05/2024

Emma Törzs, Magie D'Encre, collection Lunes d'Encre, éditions Denoël

Emma Törzs, Magie d'Encre, collection Lunes d'Encre, éditions Denoël 

Emma Törzs est une autrice américaine qui s'est d'abord essayée au format court avec succès au regard des récompenses déjà reçues comme le prestigieux World Fantasy Award en 2019.

Magie d'Encre est son premier roman et il vient tout juste d'être traduit en français.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Denoël, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

La famille Kalotay est la propriétaire d'une collection de livres aussi étranges que dangereux. Chacun d'eux renferme un puissant sort qu'il est nécessaire de garder sous clé et surtout de ne pas divulguer leur existence. Leur vie bascule le jour où le père, Abe, meurt un livre à la main, littéralement vidé de son sang. Pour la cadette prénommée Joanna qui est restée à la maison vivre avec son père après l'explosion de leur famille, c'est le choc. Elle est complètement esseulée, supportant seule la responsabilité de garder ce trésor inestimable à l'abri depuis bien trop longtemps jusqu'au retour inopiné de sa demi-sœur disparue il y a maintenant dix ans. Or, ces retrouvailles risquent bien de faire ressurgir tous les secrets et les non-dits familiaux. Mais sera-t-elle prête à les entendre et surtout à accepter de prendre un autre chemin? 

Mon avis :

Magie d'Encre est une fantasy urbaine qui repose sur une magie particulièrement originale. Elle s'exprime à travers des livres qui renferment des sorts. Ceux-ci sont faits de la chair, des os et du sang des Scribes, seuls détenteurs du pouvoir. Ces derniers sont rares, on les reconnait à leur insensibilité à la magie, au contraire des autres qui, eux, se laissent facilement assujettir par tous types de charmes. 

Evidemment l'existence d'une telle concentration de pouvoirs ne peut que générer la convoitise et l'envie. Ces ouvrages à caractère magique sont donc tout l'enjeu de ce récit. D'autant qu'une société secrète a été fondée pour les rassembler. Il s'agit de la Bibliothèque qui se présente comme une institution respectable mais cache en réalité de lourds secrets et n'hésite pas employer les grands moyens pour arriver à ses fins, y compris le meurtre et la manipulation. Sa présence instille toute la tension au texte car son ombre plane telle une menace permanente sur les protagonistes de cette histoire qui mettent tout en œuvre pour éviter de tomber entre ses griffes.

Jeux d'influence et secrets familiaux s'entremêlent donc au fil des pages pour nous tenir en haleine jusqu'au bout. 

L'univers est bien travaillé et est fonctionnel. La magie s'intègre discrètement à notre monde, et n'est perceptible qu'aux yeux des initiés.

L'intrigue est bien ficelée. Elle tourne autour des motivations de cette institution dont on ne perçoit le but réel qu'à la fin du roman. Emma Törzs mène bien son jeu pour nous livrer un texte aussi prenant qu'efficace. 

Par l'entremise de ses personnages, elle analyse les relations humaines et particulièrement la complexité des liens familiaux quand ils sont soumis aux mensonges, aux non-dits et aux secrets. Le relationnel est bien développé et facilite grandement l'attachement aux personnages. 

Magie d'Encre est aussi un roman d'apprentissage à travers des protagonistes qui sont pour certains en quête de leur identité pendant que d'autres empruntent le chemin de l'engagement en goûtant à tout ce que cela implique. 

En outre, en filigrane du roman, des relations amoureuses naissent ou se consolident. Celles-ci déposent une note de douceur sur ce récit tel un baume réconfortant. Néanmoins, la romance demeure furtive ne prenant que peu de place entre ces lignes et n'incommodera donc en rien les lecteurs réfractaires à la littérature sentimentale car celle-ci n'est finalement qu'un plus au récit. 

Magie d'Encre est un roman choral dans lequel on suit de nombreux personnages. Il y a déjà les deux sœurs qui ont emprunté des chemins de vie totalement différents. Mais loin d'être un choix, leur parcours personnel est surtout le fruit des décisions parentales. Or, cela leur a forgé des caractères aux antipodes. Ainsi, Esther qui a dû quitter le nid familial très tôt, est une jeune femme indépendante et révèle une nature plutôt frondeuse. Elle a dû grandir plus vite du fait de son émancipation forcée. Contrainte de se déplacer chaque année à une date précise pour ne pas se mettre en danger, ainsi que sa famille, elle est longtemps demeurée un électron libre ne s'attachant à personne. Seulement plusieurs rencontres vont changer la donne pour elle, lui ouvrir les yeux sur elle-même et même l'obliger à embrasser un héritage inattendu. A contrario, sa sœur Joanna est une femme timorée qui n'a d'interaction sociale qu'avec sa mère. Son père étant mort brutalement, elle se retrouve donc seule pour assumer la mission de conservation des livres magiques. Une responsabilité qui pèse lourdement sur ses épaules. Or, le retour de sa sœur va la bousculer dans ses habitudes et la contraindre à changer de direction. Voilà qui promet d'être cataclysmique pour elle. Enfin Nicholas est un orphelin. Il a perdu ses parents très jeune et a été élevé par son oncle, le très charismatique mais non moins énigmatique Richard. Âme solitaire, il a grandi seul simplement focalisé sur sa mission de Scribe qui l'éteint peu à peu en le vidant littéralement de sa force vitale. Or, il va découvrir qu'on lui a caché beaucoup de choses, y compris la vérité sur sa famille et sur son pouvoir. Ces révélations, bien que difficiles à digérer, vont complètement le métamorphoser et même l'obliger à faire des choix douloureux. 

Pour conclure :

Magie d'Encre est un roman captivant, lourd de secrets qui tient parfaitement ses promesses d'une lecture addictive. Voici une nouvelle voix de fantasy qui promet déjà de faire sensation parmi les férus du genre.

Fantasy à la Carte

Informations

Emma Törzs
Magie d'Encre
9782207166529
592 pages
Collection Lunes d'Encre
Editions Denoël

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17/05/2024

Jean Krug, La Couleur du Froid, éditions Critic

Jean Krug, La Couleur du Froid, éditions Critic

Découvert par les éditions Critic et étoile montante de l'Imaginaire chez Pocket, Jean Krug est un jeune auteur qui a, à cœur, de nous proposer des récits écologiques et sociétaux fort percutants.

A l'image de ses précédents romans, il signe, en ce mois de mai, un nouveau texte toujours publié par les éditions Critic.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Héritière d'un empire économique, Mila Stenson gère ses affaires d'une main de fer. Alors que son projet d'aller coloniser Mars est au point mort, elle reçoit un étrange message de l'Antarctique la sommant de s'y rendre. En dépit de son aversion pour le froid, elle décide d'y aller en espérant, en même temps, trouver une réponse à ses inquiétants rêves qui hantent chacune de ses nuits ainsi qu'une solution pour son problème de santé puisque là-bas est implanté l'un de ses complexes médicaux ultra performants. Bien entendu, elle est loin de s'imaginer ce qui l'attend au cœur des glaces. 

La Couleur du Froid est un roman d'anticipation qui nous propulse dans un futur proche, en 2070. Sans surprise la Terre est en souffrance. Le projet de coloniser Mars, porté par certaines multinationales, piétine réduisant ainsi comme une peau de chagrin les chances de survie de l'humanité. L'Antarctique est devenue le théâtre des rivalités d'entreprises privées qui cherchent à y développer leur business ou un site privilégié pour l'armée qui y conduit ses essais. Le traité sur l'Antarctique signé en 1959 garantissant la protection des lieux seulement dédiés à l'étude scientifique a donc été rompu. 

Ainsi, Jean Krug a fait de l'Antarctique le cœur de son roman. Les descriptions sont vertigineux et les sensations sont intenses. Bien que l'endroit soit un objet d'étude depuis de nombreuses années, il est loin d'avoir révélé tous ses secrets. Or, l'auteur se sert de ses mystères que la rationalité scientifique n'explique pas pour y introduire un soupçon de surnaturel qui donne vie au froid. L'univers n'en est que plus immersif et intriguant puisque Jean Krug y mélange bien volontiers les genres. En effet, au-delà d'un récit prospectif reposant sur des principes scientifiques fort pédagogiquement expliqués, La Couleur du Froid est aussi un thriller qui essaime son lot de meurtres et de disparitions. Sans trop vous en dévoiler sur l'intrigue, Jean Krug parle de société secrète et manipule allègrement ses personnages et accessoirement ses lecteurs pour nous emmener sur un terrain très surprenant. 

Cette science-fiction mêlant uchronie et horrifique nous entraîne au cœur d'une expédition glaçante. La Couleur du Froid est un texte riche de thématiques variées. En faisant de l'Antarctique presque son protagoniste principal, Jean Krug remet ce continent austral au cœur des préoccupations nous rappelant la nécessité de le protéger car il est la clé de la survie humaine. 

Dans son livre, il change de paradigme. En effet, alors que l'humanité est obnubilée par le réchauffement, lui imagine plutôt une issue inverse davantage tournée vers un refroidissement climatique. Cela a le double intérêt de rappeler la nécessité du froid pour la régularisation des températures mais aussi et surtout que la vie dépend juste d'une question d'équilibre. Trop chaud ou trop froid aboutit au même résultat, à savoir la disparition de tout être vivant. 

Au-delà de son propos écologique et climatique, il émet également une critique économique et sociétale en épinglant notamment cette aberration visant à détourner les améliorations que les nouvelles technologies permettent d'apporter au corps pour des fins futiles comme le prolongement de personnes âgées aisées. Il met donc en exergue le détournement des richesses pour servir exclusivement les intérêts privés plutôt que ceux de la communauté.

Le texte est puissant et la plume, engagée. 

Jean Krug nous promet même une déferlante émotionnelle à travers sa communauté de personnages ballotés par le destin. 

La Couleur du Froid est un roman choral qui porte cette histoire à travers plusieurs voix. Celle de Mila Stenson, qualifiée de femme froide par beaucoup. Elle dissimule, en réalité, sous sa carapace un tempérament de feu. C'est clairement une femme forte. Orpheline, elle a donc grandi sans repères parentales et a dû se construire seule. Or, ce voyage en Antarctique va surtout lui donner l'occasion d'embrasser son héritage et ainsi de comprendre qui elle est vraiment. Il s'agit donc pour elle de mener une quête d'identité. Celle de Paul Damann qui lui aussi n'a pas été épargné par la vie puisqu'il est veuf. Sa femme est décédée lors d'un accident de voiture et où lui-même a perdu la perception des couleurs. Or, son choix de partir vivre en Antarctique n'est pas anodin puisqu'il ne sera pas tant question ici d'oublier son passé que de se pardonner à lui-même. Quant à Cryo, c'est une jeune femme entière et à vif dont les décisions bien que discutables en font un personnage finalement très surprenant.

De livre en livre, sa plume s'affine pour nous livrer des textes de plus en plus incisifs. Entre décor grandiose et réflexions politiques et environnementales, Jean Krug se fait l'auteur d'un récit sans concession dont vous ne sortirez sans doute pas indemnes. En librairie depuis aujourd'hui, le 17 mai, allez-vous craquer?

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Le Chant des Glaces et La Cité d'Ivoire.

Informations

Jean Krug
La Couleur du Froid
9782375793046
544 pages
Editions Critic

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14/05/2024

Denis Colombi, Au cœur des Méchas, éditions 1115

Denis Colombi, Au cœur des Méchas
éditions 1115

La dernière sortie des éditions 1115 est une novella de science-fiction. Elle est signée par Denis Colombi, un enseignant agrégé en sciences économiques et sociales qui avec, Au cœur des Méchas, s'essaye pour la première fois à l'écriture d'un récit d'imaginaire.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions 1115, je remercie Frédéric pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Alors que le monde est régulièrement attaqué par des créatures extraterrestres appelées Titanides, l'armée a mis au point un programme de robots géants répondant au nom de Méchas afin de les combattre. Pour les faire fonctionner, il faut des techniciens, dissimulés à l'intérieur, prêts à réparer la moindre avarie ou à colmater les brèches. Or, l'une d'elle a quelque chose à dire à propos de son expérience passée au sein de ce monticule d'acier. Mais êtes-vous réellement prêts à l'écouter ? 

Mon avis :

Au cœur des Méchas nous propulse au sein d'un monde apocalyptique tombé sous le joug de menaces extraterrestres qui prend la forme de monstres titanesques. Pour y faire face, l'humanité n'a pas d'autre choix que de construire des machines géantes et ainsi pouvoir jouer sur le même terrain qu'elles. Celles-ci fonctionnent à coup d'intelligence artificielle et d'implants neuronales, mais aussi d'un savoir-faire très humain car finalement les petites mains s'avèrent très utiles pour assurer les réparations d'urgence et ainsi permettre la victoire.

Dans ce futur à la technologie avancée financée par des investisseurs privés, la main d'œuvre humaine demeure privilégiée car à moindre coût. Le progrès est très onéreux et l'armée ne dispose pas des fonds nécessaires pour se passer d'humains. Ils sont donc intégrés à leur programme mais comme quantités négligeables car facilement remplaçables. 

Au-delà du côté spectaculaire rappelant des combats de Transformers, Denis Colombi critique surtout un modèle social fonctionnant sur un esclavagisme moderne et cautionné par l'indifférence du plus grand nombre. 

Le monde dépeint est d'une grande froideur sans grand respect pour la vie et la sécurité de quelques-uns. L'auteur démontre que cette violence passe par l'invisibilisation de certaines catégories socio-professionnelles. A chaque époque, il y a des sacrifices de personnes dont l'existence ne compte pas pour peu que l'on sauve un maximum. En tout cas, c'est toujours ainsi que cela est présenté comme si cela pouvait tout justifier. Il met en exergue la manipulation facile des masses pour convaincre du bien fondé de tel ou tel agissement, même si celui-ci est innommable comme à travers le remplacement des pilotes de Méchas adultes par des enfants augmentés. Ainsi, en focalisant l'attention sur le divertissement et en changeant la sémantique, l'inacceptable passe et n'est plus contesté. 

En outre, Denis Colombi fait du Mécha une condition désirable au point que l'humain souhaite lui ressembler par de petites améliorations. Derrière ce marketing se cache la volonté d'intérêts privés qui cherchent à augmenter leurs profits. Ainsi, l'auteur épingle ce système pernicieux poussant à la consommation pour une standardisation de masse qui n'enrichit finalement qu'une élite. 

En quelques pages, il balaie des idées fortes qui viennent habilement questionner la société dans ce qu'elle crée de plus injuste et immorale. 

C'est court, incisif et percutant !

Au cœur des Méchas nous conte l'histoire d'une technicienne dont le nom n'est pas partagé pour la laisser volontairement dans l'anonymat propre aux gens qui ne comptent pas car en bas de l'échelle. Par ce biais, l'auteur met ses lecteurs au parfum d'un récit qui s'annonce de suite brutal. On fait donc la connaissance d'une femme qui s'est engagée dans l'armée pour travailler sur un programme militaire qu'elle pensait juste puisqu'il s'agissait ni plus ni moins que de sauver l'humanité. Pourtant un terrible évènement va changer la donne et lui dessiller les yeux. Si au début, elle se laisse aveugler par sa haine et sa colère, elle choisit de l'orienter d'une autre manière afin de détruire le système de l'intérieur en informant ceux qui ne savent car le changement ne peut se faire que collectivement. Y arrivera-t-elle ? A travers elle, l'auteur rappelle le pouvoir des mots, l'importance du partage d'expérience et la transmission de l'information. 

Pour conclure :

Au cœur des Méchas est une novella fort surprenante et très engagée qui questionne, d'ailleurs, fort intelligemment notre humanité. En librairie depuis le 10 mai, alors êtes-vous prêts à écouter cette vérité sur les combats de Méchas ? 

Fantasy à la Carte

A lire sur la blogosphère, l'avis de : Le Chien critique.

Informations

Denis Colombi
Au cœur des Méchas
9782385630171
96 pages
Editions 1115

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11/05/2024

Andre Norton, Le Cycle des Trois, Witch World, éditions Mnémos

Andre Norton, Le Cycle des Trois
Witch World, éditions Mnémos 

Pour répondre à leur politique éditoriale de mettre à l'honneur des grandes plumes de l'Imaginaire, les éditions Mnémos continuent de publier la série Witch World d'Andre Norton dont la première partie, Le Cycle de Simon Tregarth, est sortie en avril 2023. Néanmoins, il est à noter que ce présent ouvrage peut se lire de manière indépendante. 

Or, le 15 mai prochain, la maison d'édition continue sur sa lignée en nous proposant, avec Le Cycle des Trois, la suite. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Trois contre Estcarp

Simon Tregarth et Jaelithe ont eu des triplés : Kyllan, Kemoc et Kaththea dont ils ont délégué l'éducation à des mains plus expertes. Un jour, Simon n'est pas revenu d'une expédition, alors Jaelithe a décidé de partir à sa recherche laissant leurs enfants grandir seuls. Comme leur parent, Kyllan, Kemoc et Kaththea possèdent également des dons qui vont attirer l'attention des sorcières sur cette dernière car elles souhaitent en faire l'une des leurs. Mais, refusant d'être séparés à jamais si la jeune fille prêtait serment, Kyllan et Kemoc choisissent de l'extraire de leurs mains et de se sauver tous trois vers l'Orient. Là-bas, ils vont retrouver le Peuple aîné, leurs légendes et embrasser leur combat. 

Le Sorcier de Witch World

En Escore, la paix est menacée par l'Ombre. Tandis que Kyllan tente de trouver des alliés, Kemoc, lui, s'engage sur les traces de leur sœur partie dans les Hautes Terres car elle a été trompée par les paroles d'un homme puissant. Chemin faisant, il se découvre possédé un certain pouvoir mais sera-t-il suffisant pour mener à bien sa quête ?

La Sorcière de Witch World

Après avoir été sauvée par Kemoc des griffes du malfaisant Dinzil, Kaththea a perdu ses pouvoirs. Fortement affaiblie depuis que l'Ombre l'a corrompue, elle peine à s'en remettre et projette de retourner en Estcarp pour trouver l'aide nécessaire à sa guérison. Seulement, son projet va vite être mis à mal lorsque sur le chemin du retour, elle est séparée de ses frères et est enlevée. Retrouvera-t-elle ce qu'elle a perdu afin de se sortir de cette mauvaise passe et quand est-il de sa famille, ses frères sont-ils seulement encore vivants ? 

Mon avis :

Le Cycle des Trois prend donc la suite du Cycle de Simon Tregarth. Andre Norton change simplement de points de vue puisqu'elle s'est attachée à nous conter, cette fois-ci, les évènements à travers le regard des trois enfants du couple formé par Simon et Jaelithe. Ce second livre nous donne l'occasion de poursuivre l'exploration de Witch World, un univers incroyablement foisonnant où l'autrice ne s'est pas juste contentée de glisser des Elfes, des Nains et des Dragons. Bien au contraire, elle s'appuie plutôt sur une cosmogonie inédite et originale où l'on rencontre des peuples ou des créatures aux caractéristiques physiques spécifiques et aux modes de vie propres. Si chez certaines peuplades, on peut y voir un emprunt au bestiaire merveilleux comme pour les Krogans, des êtres aquatiques possédant des branchies que l'on pourrait apparenter à des sirènes d'eau douce ou les Gris, des créatures mi-hommes, mi-loups, qui ne sont pas sans rappeler les lycanthropes, l'ensemble forme une communauté infiniment singulière. 

Ainsi, l'autrice profite du fait que ses personnages principaux doivent se sauver vers l'Orient pour élargir les perspectives de son monde. D'autant que son existence était dissimulée par un voile posée par les sorcières d'Estcarp donnant à ses lieux une aura de mystère tout en faisant naître une soif de découverte. 

Il y règne un danger latent. Certains espaces sont même corrompus. L'ennemi se dissimule potentiellement partout, y compris sous les traits d'ami. Ce mal diffus s'incarne dans ce que l'on appelle ici l'Ombre contre laquelle les personnages d'Andre Norton doivent lutter. L'adversaire est désigné même si sa réalité n'est tangible qu'à travers quelques indices disséminés ici ou là. Pour autant, entre ces lignes, on retrouve bien le trope très classique en littérature fantasy de la lutte entre le Bien et le Mal. Celle-ci s'organise d'ailleurs progressivement pour chacun des protagonistes d'Andre Norton qui viennent y prendre part d'une manière ou d'une autre, soit en fédérant des alliés, soit en combattant à leurs côtés ou soit en mettant le pouvoir à leur service. 

Le récit est très épique et la narration clairement dynamique puisqu'elle saute d'un membre de la fratrie à l'autre. L'ennui n'a pas cours ici surtout que l'autrice récidive en mêlant des éléments contemporains à un monde très archaïque. Il en résulte une forte singularité qui accroche bien le lecteur. 

A l'image de son cycle précédent, Andre Norton continue de mettre en scène des femmes de pouvoir même s'il ne s'agit plus ici, à proprement parlé, de sorcières sauf dans le cas de Kaththea. Pour autant, que ce soit Dahaun, la dame de la Paix Verte ou la Krogane Orsya, toutes deux disposent également de grands pouvoirs qui vont peser dans cette lutte manichéenne. Au fil des chapitres, Andre Norton teste des modèles sociaux qui ne reposent pas exclusivement sur un patriarcat étouffant. Le femmes occupent très souvent le rôle de sages ou de guerrières dont l'avis est consulté et écouté. A travers la figure de Jaelithe qui a délégué l'éducation de ses enfants à une autre, l'autrice ne résume donc pas le rôle de la femme à son statut de mère. Ici, Jaelithe garde sa liberté de mouvement pour agir sur le destin d'Estcarp et sur celui de son époux, d'autant qu'il est porté disparu depuis un moment. 

Mais cela a également un effet sur leur descendance qui grandit finalement sans réellement connaître leur parent. L'autrice va analyser la portée de ce manque affectif sur les triplés qui vont voir leur lien être renforcé. En effet, ils ont noué une relation forte qui constitue d'ailleurs le cœur de leur puissance. Cela permet à l'autrice de questionner la représentation de la famille et à travers elle, ses conséquences sur la construction de l'individu. En outre, elle s'intéresse également à la notion de toxicité dans la relation homme/femme dont Kaththea va en faire les frais. Sa jeunesse et son inexpérience sont des points faibles facilement exploitables par des esprits sans scrupules. Le récit est particulièrement riche porteur de thématiques passionnantes qui viennent donner du relief à cette aventure rondement menée.

A travers son trio de personnages principaux, l'autrice met en exergue  la quête d'identité que chacun d'entre eux va connaître. Ils vont se découvrir des pouvoirs à maîtriser et aussi s'affranchir de l'ombre de leur parent afin de prendre leur destin en main. On apprend à les connaître intimement dans chacune des parties de ce livre qui leur est consacrée. On se laisse parfois surprendre par certaines de leurs décisions. En bref, ils ont brillamment pris la relève et on a aucun mal à s'attacher à eux. 

Pour conclure :

Gros coup de cœur pour Le Cycle des Trois qui révèle une nouvelle facette de l'univers incroyable imaginé par Andre Norton. C'est un réel bonheur que de voir cette plume être remise au goût du jour. Alors n'hésitez pas et poussez la porte de Witch World.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur Le Cycle de Simon Tregarth.

Informations

Andre Norton
Le Cycle des Trois
Witch World
9782382671092
624 pages
Editions Mnémos

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07/05/2024

Pierre Raufast, La Tragérie de l'orque, T.1, La Trilogie baryonique, éditions Pocket Imaginaire

Pierre Raufast, La Tragédie de l'orque, t.1, 
La Trilogie baryonique
éditions Pocket Imaginaire 

Pierre Raufast est l'auteur d'une dizaine de romans de science-fiction dont La Trilogie baryonique

Régulièrement nominés, ses textes font beaucoup parler d'eux. Son premier livre, La Fractale des raviolis a reçu en 2014 le prix Talents Cultura et en 2015, les prix de la Bastide et Jeune mousquetaire

2024 marque la sortie concomitante du tome 3 concluant La Trilogie baryonique publiée Aux Forges de Vulcain et la réédition du tome 1 chez Pocket Imaginaire.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Pour faire progresser l'humanité, des expéditions sont menées dans l'espace afin de trouver des gisements d'antimatière. Celles-ci sont conduites par des mineurs d'espace-temps chargés de générer des trous noirs, à bord de leur vaisseau, pour explorer les strates de l'univers. Mais, un jour l'une de ces missions tourne mal. En effet, l'Orca-7131, piloté par Sara McTeslin et sa coéquipière Slow Resende connaît une avarie l'empêchant de refermer le trou et constituant une véritable menace pour toute l'humanité. Que se passera-t-il si la situation n'est pas inversée? 

Mon avis :

La Tragédie de l'orque est un récit d'anticipation qui nous propulse dans le futur, en 2173. Il y est fait mention d'une grande migration survenue dans le passé suite au dérèglement climatique rendant des territoires inhospitaliers. Ce phénomène demeure un grand traumatisme pour l'humanité qui s'est drastiquement réduite. Mais là n'est pas le propos car Pierre Raufast cherche plutôt à se projeter dans un futur crédible marqué par un tournant technologique. En effet, l'auteur s'appuie sur les avances de la physique quantique qui ont, notamment, permis de créer des ordinateurs surpuissants. L'intelligence artificielle est partout et seconde l'humain dans chaque tâche quotidienne. Elle prend, d'ailleurs, la forme de robots experts gérant aussi bien l'intendance que les missions les plus complexes telle l'exploration spatiale au-delà du système solaire. Pour autant, le monde stagne depuis qu'il s'est engagé dans cette quête impossible de trouver de l'antimatière. Cette formidable énergie dont un seul gramme équivaut à la puissance d'une bombe atomique de 20 kilotonnes semble davantage relever d'une chimère que d'une réalité. En effet, depuis des années des mineurs d'espace-temps doivent explorer chaque repli de l'univers pour la trouver sans grand succès jusqu'à ce jour. Mais, c'est une stratégie de plus en plus critiquée au vu des risques encourus pour un résultat inexistant. Une conviction qui va, d'ailleurs, ne faire que de se renforcer après l'avarie survenue sur le module transportant la commandante Sara et sa seconde Slow.

Le décor est posé et il est très efficace. Pierre Raufast se sert des sciences dures pour dessiner un futur réaliste. Les enjeux sont multiples et interviennent à différents niveaux. Il y a déjà les rivalités entre une institution et une multinationale pour des raisons économique et marketing afin d'apparaître comme le sauveur de l'humanité. Alors que pour certains individus, il s'agit plutôt d'auréoler sa carrière d'un coup d'éclat ou au contraire de maintenir le monde tel qu'il est par peur des dérives du progrès. 

La Tragédie de l'orque est un space opera fracassant nourri à de la hard science-fiction fort bien amenée. Les concepts sont bien expliqués facilitant leurs représentations surtout pour un lectorat peu porté sur les sciences. L'intrigue est passionnante et tient en haleine. 

Pierre Raufast nous attache sans mal à sa communauté de personnages ballotés par les événements. Que ce soit dans l'espace avec Sara qui se languie de sa famille, tout en appréciant la liberté que son statut lui confère ou la très secrète Slow qui, en dépit de son immense érudition, dissimule pas mal de secrets faisant d'elle un personnage-clé de cette trilogie. Sans parler de Youri qui semble n'aspirer qu'à raccrocher et qui, pourtant retrouve la flamme au dernier moment pour terminer sa carrière en apothéose. Ou sur terre à travers Mia, une adolescente en pleine crise d'identité qui cherche à exprimer son manque affectif par la colère et le conflit ou encore le jeune Diego qui s'insurge contre l'évolution de son monde qu'il juge inquiétante.

A travers ses nombreux protagonistes, Pierre Raufast explore les différentes facettes de ce futur se révélant aussi palpitant que redoutable. Son texte est bourré de réflexions intelligentes. Il y questionne, d'ailleurs, beaucoup ce progrès dans les entraves qu'il impose à la liberté. Ici, la surreprésentation de l'intelligence artificielle étouffe la pensée individuelle. Les robots qui sont autant des compagnons que des serviteurs pour l'humain exercent une réelle influence sur ce dernier au point d'en devenir inquiétant. Cela pousse à se demander si leur existence est bénéfique ou toxique. 

De même, ces explorations de l'espace sont glorifiés par certains et mis à l'index par d'autres, sont-elles si judicieuses? 

L'auteur s'intéresse à la portée et à la réelle nécessité pour l'homme d'aller coloniser d'autres espaces surtout au vu du traitement qu'il a réservé à la Terre depuis de nombreuses années.

Le texte aborde un certain nombre de sujets nécessaires pour penser l'avenir sans pour autant émettre un jugement, laissant ainsi chacun se faire son propre avis sur la question. 

Pour conclure :

Ce premier tome de La Trilogie baryonique est très enlevé et nous embarque avec une grande facilité dans cette intrigues aux rebondissements multiples. En outre, il se conclut sur un cliffhanger insoutenable surtout quand on doit attendre la sortie poche du tome 2. Alors quand est-elle ? 

Fantasy à la Carte

A lire sur la blogosphère, les avis : Le Nocher des Livres, Collection de livres et Le Bibliocosme.

Informations

Pierre Raufast
La Tragédie de l'orque
Tome 1
La Trilogie Baryonique
9782266335645
336 pages
Editions Pocket Imaginaire

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03/05/2024

Régis Goddyn, D'où viennent les nuages, éditions L'Atalante

Régis Goddyn, D'où viennent les nuages
éditions L'Atalante 

Après sa célèbre saga du Sang des 7 Rois qu'il a explorée en sept tomes suivis d'une duologie servant de prélude, Régis Goddyn est de retour au catalogue des éditions L'Atalante.

Cette fois-ci, c'est au format court qu'il a choisi de nous entraîner au cœur de ses histoires.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse.

Au programme de ce recueil de nouvelles intitulé D'où viennent les nuages, dix textes se succèdent dont certains sont inédits et d'autres réédités. 

Mon avis :

Avec D'où viennent les nuages, Régis Goddyn va satisfaire tous les goûts puisqu'il nous propose aussi bien de l'uchronie, de la science-fiction que de la fantasy.

D'ailleurs, il ouvre le bal en jouant avec l'Histoire et nous propose dans "Les Comptes fantastiques de Paris" de remonter le temps pour poser nos valises dans le Paris du Second Empire au moment des grands chantiers d'urbanisme de la capitale lancés par le baron Haussman. En effet, derrière les grandes excavations inhérentes à ce genre de gros œuvre, l'auteur y voit plutôt le désir d'un empereur de mettre la main sur un trésor jalousement gardé depuis des siècles par les Templiers sur ordre de la papauté et dont l'existence est transmise à une société secrète d'alchimistes. En quelques pages, l'univers est posé et il est hyper intriguant. Personnellement, j'y serai bien resté plus longtemps pour en apprendre plus sur le devenir de ce très mystérieux héritage.

Esotérisme, magie, et élixir occulte, voici des éléments récurrents en littérature fantasy. D'ailleurs, l'auteur les avait déjà utilisés dans sa précédente série du Sang des 7 Rois dont on retrouve un fragment entre ces pages. Ainsi, dans "Beauté", on recroise la route de Sylvan qui, pour rappel, s'était effacé afin de permettre à Aldemond de sauver Armine. Or, voici qu'on le rattrape sur la route du nord pour rejoindre son épouse. Un périple qui lui promet bien des rencontres dont celle d'un muletier prénommé Falco dont les confidences vont l'éclairer sur le fameux sang bleu. 

Mais, parfois Régis Goddyn choisit de nous faire définitivement quitter la terre pour participer, par exemple, à des jeux paralympiques d'un nouveau genre puisqu'il s'agit dans "Albedo" de remporter une course à bord d'un vaisseau se déroulant sur Titan, un satellite de Saturne. L'enjeu est énorme surtout pour Eva qui attendait l'événement depuis si longtemps. Celui-ci promet d'ailleurs d'être décoiffant et de créer quelques sueurs froides à notre jeune athlète qui va tout faire pour ne pas se laisser distancer en dépit d'une erreur d'aiguillage en début d'épreuve. 

Régis Goddyn démontre son goût pour l'exploration des mondes par-delà les frontières terrestres. Ainsi, dans "Un radeau sur le Styx", il se réapproprie carrément le mythe de l'Atlantide en nous emmenant au cœur d'une cité engloutie située sous la surface de la mer qu'un pêcheur prénommé Martin a découvert fortuitement en s'y échouant à bord de son sous-marin. Voilà qui n'est pas commun et promet d'être riche en découvertes et en rencontres pour ce marin qui ne s'attendait pas à ça et encore moins d'y trouver l'amour. 

Sous la mer ou dans les cieux, l'auteur nous entraîne dans plus d'une odyssée. En tout cas dans "D'où viennent les nuages", celle-ci promet d'être palpitante puisqu'il s'agit de prendre de la hauteur sur le monde afin de mieux le comprendre et de voir au-delà. Pour l'ex-chanteur Alidor de Dichter, il sera surtout question de tenter de renouer avec le succès qui s'en est allé en rejouant une nouvelle partition, celle d'un aventurier espérant laisser cette fois-ci une marque plus indélébile. 

Enfin, le recueil s'achève sur un triptyque de nouvelles inédites, glissées là pour capter l'attention du lecteur attentif car il s'agit ni plus ni moins des premiers mots d'un nouvel univers où complots politiques et magie vont s'entremêler pour une nouvelle fois nous envoûter. Il y sera notamment question de l'enjeu des écrits à travers le rôle important des scripteurs. En filigrane, on y perçoit sa volonté de mettre en lumière l'écriture et la puissance des mots. Des intrigues fort prometteuses qui annoncent déjà la saga de haut vol qui ne manquera pas de suivre.

Pour Conclure :

Quel plaisir de retrouver la plume délicate de Régis Goddyn qui a cette grande capacité de faire jaillir la magie toujours à des moments ou dans des lieux inattendus. Prodigieux tout simplement !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur les tomes 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7 de la saga du Sang des 7 Rois, ainsi que le Prélude I

Informations

Régis Goddyn
D'où viennent les nuages
165 pages
9791036001826
Editions L'Atalante

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