29/10/2023

Olivier Bérenval, Des Nuées, éditions 1115

Olivier Bérenval, Des Nuées, éditions 1115

Grand amateur de science-fiction, Olivier Bérenval écrit son premier roman en 2015, Ianos publié aux éditions Mnémos. C'est de la hard science-fiction. Ensuite, il enchaîne en 2017 avec un space opera intitulé Nemrod, puis toujours chez le même éditeur, il publie en 2020 Le Janissaire, un planet opera mêlé à une ambiance polar, tiré du même univers de son précédent roman. 

Septembre 2023 a marqué son retour en librairie avec Des Nuées, un thriller fantastique édité cette fois-ci chez les éditions 1115. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions 1115, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Lieutenant de police chevronné, Leon Visagie pensait tout connaître du sordide et du violent. Pourtant, lorsqu'il est appelé sur les lieux d'un nouveau crime, il ne s'attendait clairement pas à retrouver la victime exsangue, totalement vidée de son sang, réalisé presque de manière chirurgicale. Alors qu'avec ses collègues, ils piétinent littéralement, un autre meurtre est commis avec le même modus operandi à des kilomètres de là. Est-ce réellement le fruit du hasard ou s'agit-il de l'œuvre d'un tueur en série ?

Mon avis :

Des Nuées est un roman contemporain teinté de fantastique qui nous emmène sur les traces d'un assassin laissant ses victimes vidées de leur sang. Un mode opératoire qui n'est pas sans rappeler celui du vampire. Mais l'esprit bien trop cartésien des inspecteurs en charge de l'enquête refuse de céder aux sirènes de l'onirisme en dépit des croyances locales encore très ancrées. 

Pourtant, Olivier Bérenval, lui, a beaucoup joué sur celles-ci et en particulier sur cette vision de la persistance du souffle vitale de l'ancêtre qui ne cesse de se réincarner et/ou de l'appropriation de la force vitale de l'autre par la possessions des corps pour augmenter la sienne et ainsi survivre. Deux éléments très présents dans la religion animiste. 

Son récit s'inscrit donc dans un cadre ésotérique solide auquel il a ajouté une dimension scientifique à travers la casquette de paléoanthropologue de l'un de ses protagonistes. Entre ses lignes, on remonte aux origines des humanités. L'auteur explore avec beaucoup d'ingéniosité ce lointain passé qu'il fait rejaillir sur le présent de manière inattendue en s'appuyant notamment sur la génétique et la biologie cellulaire pour rendre le phénomène crédible.

De cette lecture, on en ressort aussi dérouté que captivé car l'imaginaire de l'auteur y est clairement des plus fertile. Ainsi, quand on lit Des Nuées, bien des émotions nous traversent : de la curiosité, d'abord, pour les explications scientifiques données par l'auteur et que l'on va confronter à nos propres théories, puis, une certaine fascination pour les mythes africains que l'on connait souvent mal et enfin de l'effroi car l'atmosphère du récit est de plus en plus lourde et inquiétante. 

Plus qu'un thriller fantastique, Des Nuées nous offre aussi une photographie sociologique de cette Afrique du Sud marquée par la violence et la pauvreté. Le récit est âpre et sans concession pour mettre en lumière le fléau des gangs et la misère sociale. Il nous transmet la peur et le désespoir d'une population broyée par un système en faillite face à une criminalité hors de contrôle. 

25/10/2023

Pascale Quiviger, Les filles de mai, T.2, Le Royaume de Pierre d'Angle, éditions Folio Fantasy

Pascale Quiviger, Les filles de mai, T.2, 
Le Royaume de Pierre d'Angle
éditions Folio

Récompensée par de nombreux prix : Elbakin.net, de la librairie Millepages, de la ville de Vannes et du Festival du livre de Gien, la saga, Le Royaume de Pierre d'Angle de Pascale Quiviger n'est clairement pas passée inaperçue. 

A l'heure où l'autrice nous propose une nouvelle incursion dans son univers en explorant un nouveau pan avec La Dernière Saison de Selim (éditions Rouergue), les éditions Folio poursuivent leur réédition en poche de l'illustre Royaume de Pierre d'Angle avec la publication en septembre dernier du tome 2, Les filles de mai

Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie les éditions Folio pour l'envoi de ce service de presse. 

Libéré de la Catastrophe, Thibault en est revenu confus et désorienté. Alors que son esprit bat sérieusement la campagne, le royaume a plus que jamais besoin d'un roi fort et solide. Surtout que le malveillant Jacquard guette la moindre faiblesse pour reprendre le pouvoir. Pire encore l'hiver promet d'être rigoureux menaçant même de famine les sujets de Pierre d'Angle. Alors est-ce que Thibault reprendra ses esprits suffisamment vite pour éviter la ruine ? 

Point d'aventure maritime dans ce deuxième volet puisque le prince héritier est de retour au bercail pour arracher les rennes du pouvoir des griffes acérées de son demi-frère. Les filles de mai est un récit riche d'intrigues de cour nourries par les mesquineries et les traîtrises d'un triste sire. Aussi, au fil des pages les désastres s'enchaînent et sont de plus en plus difficilement gérables pour notre jeune monarque qui se retrouve bien vite dépassé. Il faut dire que les éléments semblent s'être donnés le mot pour se déchaîner sur l'île car comme si l'hiver rigoureux accompagné d'une disette ne suffisaient pas, il a fallu qu'une épidémie s'invite au programme, suivie d'une sécheresse sans précédent. Rien ne va donc plus à Pierre d'Angle au point que Thibault ne sait plus à quel saint se vouer pour maintenir le cap de ce monde en perdition. En outre, pour en apprendre plus sur les intentions de Jacquard, une enquête s'impose que Thibault a délégué à l'un de ses fidèles. Ce qui aura le don de brusquer l'intrigue en lui faisant prendre un tour aussi éclairant que violent. Les secrets de famille ne manquent pas dans ce tome 2, certains seront révélés et d'autres non. L'étau se resserre autour de Thibault et de sa descendance. L'ombre d'un danger plane tout du long et seule Ema en a conscience. La malédiction de l'île s'apprête à réclamer son tribut et le prix s'annonce déjà trop élevé. En dépit de la menace qui sert de fil narratif au roman, il y a une certaine légèreté de ton qui allège un peu l'ambiance lourde. Celui-ci tient à cette communauté de personnages haute en couleur que Pascale Quiviger a mis en scène ici. Le style est vif et rythmé. Il interpelle le lecteur qui se laisse facilement prendre au jeu de cette histoire mystérieuse et surprenante. 

21/10/2023

Wesley Chu, Time Salvager, éditions Pocket Imaginaire

Wesley Chu, Time Salvager, éditions Pocket Imaginaire 

Wesley Chu est un touche-à-tout. Il a expérimenté bien des professions, de financier à cascadeur, avant de prendre la plume. Il est déjà l'auteur de plusieurs séries comme The Mortal Instrument, co-écrit avec Cassandra Clare, L'Art de la Guerre, Io ou encore Time Salvager. Ainsi, il écrit aussi bien pour la jeunesse que pour un public adulte et s'intéresse autant à la fantasy qu'à la science-fiction.

En septembre dernier, son très remarqué Time Salvager qui a, au passage, tapé dans l'œil du producteur Michael bay, est ressorti en poche. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Après des décennies de crises qui n'ont eu de cesse de dépeupler la planète, l'humanité s'est dispersée aux quatre coins du système solaire. Dans ce monde décadent, la survie ne tient qu'aux chronmen, ces voyageurs du temps qui effectuent des bonds dans le passé pour ramener les sources d'énergie manquantes. James est l'un d'eux et est usé par ses trop nombreux voyages. Mais avant de raccrocher, il est chargé d'une dernière mission sensible. Il est donc envoyé récupérer une technologie sur la plateforme Nutris juste avant son explosion qui condamnera la Terre. Mais au lieu de se dérouler normalement, les événements vont lui échapper au point de le pousser à violer la première Loi Temporelle. Mais quelles en seront les conséquences ? 

Mon avis :

Time Salvager est un roman de science-fiction qui mêle le postapocalyptique à la dystopie en passant par le thriller. On plonge dans un futur décadent dans lequel la Terre a été dévastée suite aux Guerres Technologiques obligeant les humains survivants à coloniser les autres planètes du système solaire. Mais, ces conquêtes spatiales n'ont pas été exempts de conflits puisque des rivalités éclatèrent entre Venus, Terre et Mars les poussant à drainer les ressources énergétiques des planètes satellites : Eris, Pluton et Mercure. Seulement la plus meurtrière des guerres fut celle des Gazeuses, opposant Jupiter, Neptune, Uranus et Saturne, et tuant pas moins d'un milliard de personnes en seulement quarante ans. De ce désastre écologique et humain, il en ressort un monde en souffrance qui a dû s'adapter en développant la technique du voyage spatio-temporel afin de ramener du passé les ressources absentes. Celui-ci est régulé par un organisme appelé Chronocentre qui forme des chronmen, encadrés par des contrôleurs, chargés de réglementer chacune de leurs missions pour éviter toute perturbation du flux temporel. Ils répondent donc à des règles précises appelées Lois Temporelles qui apparaissent comme des garde-fous pour empêcher toute dérive. En outre, ces chronmen disposent d'une panoplie de bracelets leur donnant des capacités d'hommes augmentés avec l'accès à des barrières de protection, à des armes de précision ou encore à un dispositif de propulsion. Le tout donne un visuel très spectaculaire propice à une adaptation cinématographique. 

16/10/2023

Sacha Bazet, La Citerne, Naos, éditions Mnémos

Sacha Bazet, La Citerne, Naos, éditions Mnémos 

Derrière le pseudonyme Sacha Bazet se cachent deux amis qui partagent la même passion pour les livres et l'écriture. Après Ce qui nous hante - un roman qu'il me faudra lire - ils viennent de récidiver en publiant un nouveau livre partageant le même univers mais qui peut très bien se lire de manière indépendante. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Au divorce de ses parents, Sarah a dû suivre son père et par conséquent, quitter sa mère, ses amis et sa cité qu'elle aime tant. Elle est de retour après une longue absence et se fait une joie de retrouver son petit monde. Pourtant sa mère lui fait très vite comprendre qu'elle ne peut pas s'éterniser, d'autant que l'ombre d'un confinement plane. Alors que son petit ami Victor décide de s'exfiltrer à Paris, elle choisit de rester. Seulement, les événements vont vite dérailler, à commencer par sa relation avec Vanja qui se met à battre de l'aile. Si l'une demeure extatique devant la Citerne, l'autre ne rêve que de s'en échapper. Face à ce mur d'incompréhension, une réconciliation sera-t-elle possible ? 

Mon avis :

La Citerne est un roman contemporain ponctué de notes fantastiques. Il prend cadre dans une cité HLM abritant une communauté solidaire et bienveillante. Une apparente normalité qui dissimule en réalité bien des secrets car les lieux n'ont rien de banal. En effet, personne ne semble vouloir en partir, pas même les morts dont leurs fantômes reviennent posséder les vivants d'un commun accord avec eux. Un petit arrangement dont il ne faut pas ébruiter l'existence. Alors lorsque débarquent des gens de l'extérieur, on n'a aucun mal à imaginer le branle-bas de combat que cela suscite pour maintenir l'illusion d'une vie ordinaire. 

La Citerne témoigne d'un imaginaire fécond peuplé de revenants amicaux, de spectre vengeur et d'esprit captif qui nous entrainent dans une sarabande infernale, troublante de révélations pour les habitants de cette cité insolite. 

Déjà son histoire est atypique. Elle a été construite sur les ruines d'un pénitencier et un trou béant s'est formé dans les soubassements, menaçant l'édifice d'effondrement. Elle est donc en soi une curiosité. Mais alors que tous devraient fuir les lieux, il n'en est rien car les gens s'y sentent protégés, à l'abri. Et pour cause, la Citerne est douée d'une âme propre et s'avère être une éponge émotionnelle pour ses résidants en absorbant leurs affects. Ainsi, la Citerne n'est donc pas qu'un simple cadre d'action mais elle est aussi et surtout un personnage central de l'histoire. Les mystères autour de ses origines et de son fonctionnement en font un objet de fascination pour le lecteur qui souhaite en comprendre tous les mécanismes. Sa présence sert de fil narratif auquel va s'agglomérer le destin des deux principales narratrices et de leurs proches. 

10/10/2023

Floriane Soulas, Tonnerre après les ruines, éditions Argyll

Floriane Soulas, Tonnerre après les ruines, éditions Argyll

Après le steampunk avec Rouille, la fantasy avec Les Noces de la Renarde et le space opera avec Les Oubliés de L'Ama, Floriane Soulas se tourne maintenant, avec Tonnerre après les ruines, vers le postapocalyptique

Autrice à succès, sa plume caméléon a su toucher le cœur de son public. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Xavier et Simon pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Dans un monde où l'humanité ne réside plus que dans quelques bastions, Lottie et Férale sont pisteuses. Elles survivent en vendant leurs services de protection contre les malbêtes aux nomades en déplacement. Un jour, Férale entend parler de la cité de Tonnerre, fief de scientifiques travaillant à comprendre les mutations génétiques qui défigurent les humains, et espère y trouver des réponses quant à sa propre différence. Mais il n'est pas sûr que celles-ci lui plaisent ? 

Mon avis :

Dans Tonnerre après les ruines, on pénètre dans un monde asphyxié où la pollution a eu raison du vivant. On y rencontre une humanité finissante, rongée par la maladie. Les pluies acides ont rendu les terres infertiles retranchant la poignée d'humains dans les ruines de villes anciennes. Au milieu de ces vastes plaines arides se dresse Tonnerre, une citadelle peuplée de scientifiques qui cherchent ardemment un remède aux maux de l'humanité. Elle est un phare pour les miséreux qui s'agglutinent à son pied, parcourant parfois des milliers de kilomètres, dans l'espoir d'être sélectionnés afin de participer à des expériences visant à les guérir. Source d'espoir pour les uns ou lieu honni pour les autres, Tonnerre occupe une place centrale dans cette intrigue. Elle est une énigme à percer mais son exploration risque surtout de susciter horreur et épouvante. L'univers imaginé par l'autrice se nourrit autant du progrès scientifique que d'un légendaire oublié. Son imaginaire est très fertile. On note, par exemple, l'existence d'enfants foudre dont les corps sont parcourus par l'électricité faisant d'eux de parfaits générateurs.  

Tonnerre après les ruines est un roman d'action fort bien rythmé. Les évènements s'enchaînent vite, l'atmosphère y est rugueuse et suffocante

Floriane Soulas a fait de Tonnerre après les ruines, un roman implacable comme il sied dans un bon postapocalyptique. Elle nous dessine un futur inquiétant où l'humanité a brûlé sa chandelle par les deux bouts au point de s'être condamnée. Il est question ici de virus, de manipulations génétiques et de stérilité. La science est même érigée au rang de religion dans le sens que tous les espoirs sont placés exclusivement dans sa réussite. A ce titre, les scientifiques sont considérés comme des messies par tous ces nécessiteux qui se savent perdus. Ils en sortent grisés au point d'oublier l'éthique dans leurs démarches. Ainsi, ce choix narratif permet à l'autrice d'orienter sa réflexion sur les pratiques de la science lorsqu'elles se font au détriment du patient et pose la question de la réelle nécessité du sacrifice d'un grand nombre pour en sauver certains. De sauveur, le scientifique devient donc entre ces lignes, bourreau en nous questionnant sur ses dérives monstrueuses. 

06/10/2023

Nghi Vo, Entre les méandres, Les archives des Collines-Chantantes, éditions L'Atalante

Nghi Vo, Entre les méandres, éditions L'Atalante 

Après L'Impératrice du Sel et de la Fortune et Quand la tigresse descendit de la montagne, Nghi Vo conclut son triptyque d'histoires avec Entre les méandres.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

De retour sur les routes, l'adelphe Chih et Presque-Brillante se sont arrêtées dans une taverne pour y prendre un thé, au moment où un client malotru a décidé de s'en prendre physiquement à la serveuse. Mais alors que l'adelphe pensait intervenir pour calmer la situation, elle est interrompue par une femme qui, en un tour de main, met ce dernier hors d'état de nuire. Or, Presque-Brillante a reconnu le style du Singe du Sud dans sa technique de combat. Au vu de la rareté des adeptes de cette école d'arts martiaux, Chih a envie d'en apprendre plus et propose d'accompagner cette combattante et sa sœur sur un bout de chemin. Accepteront-elles ? 

Mon avis :

Dans sa série Les archives des Collines-Chantantes, Nghi Vo compile des histoires qu'elle nous narre sous la forme de contes. Racontés de manière éparse, il nous faut toujours démêler ce qui touche directement les personnages présents de ce qui relève de figures légendaires. 

Chacune des sorties de l'archiviste est donc l'occasion de collecter ces récits de vie afin de les consigner et ainsi en garder une trace. Aussi, le duo formé par l'adelphe et la huppe incarne ici la mémoire à transmettre aux générations suivantes. D'ailleurs, cette thématique est le fil directeur de ces trois novellas car derrière les hauts faits qui nous sont contés se dessine le destin agité d'un empire.

Bien loin des canons classiques de la fantasy où l'intrigue s'inscrit dans une lutte entre le Bien et le Mal avec des personnages qui prennent part pleinement à celle-ci, ici Nghi Vo nous propose plutôt une balade louvoyant entre présent et passé. En effet, ses deux principaux interviennent davantage comme observatrices plutôt qu'en tant que véritables actrices des événements. Submergées par l'afflux d'informations, elles sont davantage concentrées sur la manière de les retranscrire. Ainsi, Nghi Vo articule sa dernière novella autour du questionnement sur les choix faits par le passeur d'histoires car obligatoirement des détails seront occultés pendant que d'autres seront ajoutés. L'autrice rappelle que ces annales sont donc le fruit d'une perception subjective d'un tiers et qu'elles ne reflètent à ce titre que la vérité du témoin. 

03/10/2023

Aurélie Wellenstein, Les Loups chantants, éditions Pocket Imaginaire

Aurélie Wellenstein, Les Loups chantants, éditions Pocket Imaginaire 

Après Le Dieu Oiseau, Mers Mortes et Le Désert des Couleurs, j'ai profité de mon bref passage aux Aventuriales pour craquer pour un autre livre d'Aurélie Wellenstein. Parmi les titres présents sur sa table de dédicace, il y avait quelques exemplaires des Loups chantants, un roman qui me faisait de l'œil depuis un bon moment déjà. L'occasion était donc trop belle pour la laisser passer, n'est-ce pas ?

Mais avant de vous parler en détails de ce roman fort passionnant au demeurant, je tiens à remercier Aurélie Wellenstein pour sa gentillesse, sa dédicace et sa recommandation littéraire pour une autre Aurélie toute aussi sympathique.

Résumé :

Le dieu de l'Hiver règne sur les terres givrées de Sibérie. C'est là-bas, au sein d'une petite bourgade peuplée d'éleveurs de rennes que vit Yuri. A l'abri derrière un Blizzard maintenu par la magie des Gardiens, les habitants se sentent protégés des créatures envoyées par le terrible Korochun, à l'image des loups chantants. Pourtant le danger est bien là, Yuri en sait quelque chose puisque sa fiancée a cédé à l'appel des loups et a disparu dans le Blizzard. Or, un nouveau malheur vient de s'abattre sur lui car sa sœur est atteinte d'une étrange maladie. En effet, sa peau se couvre peu à peu de cristaux de glace. Pour le chaman local, Kira a été maudite et doit être bannie sans plus tarder pour ne pas attirer le courroux divin sur le reste du village. Mais il est impensable pour Yuri de la laisser partir sans lui. Alors au mépris du danger, il attelle ses chiens au traîneau et s'embarque aux côtés de sa sœur dans un périlleux voyage avec l'espoir ténu de trouver une solution. Y en a-t-il seulement une ?

Mon avis :

Les Loups chantants nous plonge dans un conte venu du froid où la beauté glacée des paysages côtoie un onirisme teinté de notes horrifiques. Ainsi, la magie imprègne chacune de ces pages. Elle s'exprime par bien des manières, tantôt par le pouvoir des Gardiens qui aspire les formules inscrites sur les pages des livres de magie afin qu'elles interagissent avec les éléments et maintiennent ainsi en place le Blizzard, tantôt par l'ombre du dieu Korochun entouré de créatures au corps altéré et à la puissance démultipliée ou tantôt par l'alchimie qui unit l'homme à l'animal permettant, au besoin, de fusionner l'âme humaine à celle de la bête.

Comme à son accoutumé, Aurélie Wellenstein a choisi un cadre rude pour ce présent roman où ses personnages doivent faire corps avec une nature hostile et inhospitalière. Les descriptions sont à couper le souffle et les animaux, omniprésents. Ils sont hissée au rang de protagonistes et témoignent de son profond attachement à leurs égards. Entre ces lignes, les loups sont aussi majestueux qu'inquiétants tandis que les chiens sont profondément attachants. 

Avec Les Loups chantants, on retrouve la signature d'un imaginaire singulier, foisonnant et féroce où l'épouvante fraie avec le beau. Aurélie Wellenstein est l'une de ces plumes qui a l'art d'horrifier et d'émerveiller, tout à la fois. Chacun de ses textes se savoure, ne serait-ce pour les ambiances très particulières qu'ils dégagent. Les Loups chantants ne fait donc pas exception et est tout aussi riche que ses autres livres.