11/07/2023

Pierre Grimbert, L'Âme des Parangons, éditions Mnémos

Pierre Grimbert, L'Âme des Parangons, éditions Mnémos 

L'année dernière, Pierre Grimbert a inauguré avec Le Sang des Parangons, une nouvelle série de fantasy nettement plus sombre que son cycle de Ji. En effet, il a ici définitivement quitté les rivages de la high fantasy pour s'enfoncer dans les méandres tortueux de la dark fantasy

Or, il est de retour cet été en librairies pour nous proposer avec L'Âme des Parangons, un nouveau titre qui se lit de manière indépendante. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Ils sont une centaine à avoir été condamnés au bagne. Pour quel crime ? Eux seuls le savent. Enchaînés les uns aux autres, sous la garde de leurs géôliers, les voici qui s'enfoncent dans le désert pour affronter leur funeste destin. Seulement une tempête de sable s'est invitée, ensevelissant et tuant la moitié d'entre eux tout en laissant hagards le reste des survivants. Tous se pensent condamnés à une mort certaine, pourtant une cité semblant être sortie des profondeurs de la terre se dresse mystérieusement devant eux. Certains y voient là la promesse de richesses à découvrir, d'autres, l'espoir d'un nouveau départ, mais n'est-ce pas vain que de croire au mirage ? 

Mon avis :

L'Âme des Parangons prend le contrepied du Sang des Parangons dans le sens que Pierre Grimbert nous attache, cette fois-ci, aux pas de repris de justice cherchant à survivre et non plus à ceux de héros missionnés pour sauver l'humanité. 

Pour autant, les deux romans sont construits de la même manière et partagent cette ambiance oppressante caractéristique du genre horrifique. L'effroi s'exprime, d'abord, par la solitude des lieux. Tout ne semble que ruines et sable à perte de vue. Cet abandon associé au manque d'eau et de vivres pèsent de plus en plus sur le cœur des bagnards qui voient leur salut s'éloigner un peu plus à chaque instant. D'autant que la cité elle-même dégage une étrangeté, elle renferme de nombreux pièges et chausse-trappes placés là intentionnellement pour les éliminer un par un et faire ainsi monter la pression crescendo. Il y a quelque chose de l'univers d'Indiana Jones ou d'Allan Quartermain dans ses sols qui se dérobent sous les pieds pour laisser place à une fosse assassine ou dans ces lances sorties de nulle part pour embrocher l'imprudent profanateur. Les protagonistes endossent ainsi, pendant quelques instants, le rôle d'aventuriers en quête d'un trésor à trouver. En tout cas, c'est l'impression  que cela donne au début du récit mais qui va évoluer avec la survenue d'un danger plus prégnant encore dont l'étau va se refermer progressivement sur eux. En effet, quelque chose les traque semblant même les pousser vers le cœur de la cité. Les ténèbres sont à l'œuvre assombrissant les cœurs et les âmes. Cette malfaisance s'infiltre dans chacun d'eux mettant à nu leurs histoires, leurs passés, leurs désirs et leurs regrets. 

Pierre Grimbert explore la thématique de la métamorphose pour confronter l'humain à sa sauvagerie et à sa bestialité. Si certains s'y refusent, recherchant la rédemption et le pardon à tous prix, d'autres, au contraire, s'y adonnent accueillant cette liberté d'action avec un plaisir féroce. A l'image de son précédent roman, Pierre Grimbert se plaît à analyser les consciences, à sonder les esprits en mettant ses protagonistes en concurrence, en confrontant les personnalités clivantes et en les plaçant devant des choix cornéliens. C'est tout l'intérêt de la dark fantasy qui s'épanouit dans l'introspection d'êtres tourmentés s'enfonçant dans la folie ou au contraire, recherchent la lumière.

L'Âme des Parangons est un récit sombre et âpre que l'on découvre à travers une galerie de personnages conséquente. On suit tour à tour un chevalier déchu, une noble répudiée, une gamine abusée, une vieille harpie, un maître assassin ou encore une bande de mécréants sans foi ni loi. Tous ne sont pas animés par les mêmes motivations les rendant d'autant plus intéressants à suivre dans leurs péripéties, surtout que leurs réactions touchent le plus souvent à l'inattendu. Au fil des chapitres, on découvre leurs histoires personnelles, certaines nous bouleversent profondément, d'autres, un peu moins. Néanmoins, on est loin de rester indifférents à chacun d'entre eux d'autant que Pierre Grimbert n'est pas tendre avec eux car sous sa plume leurs vies ne tiennent bien souvent qu'à un fil qu'il se plaît à couper à tour de bras. C'est toute l'ingéniosité de jouer avec une importante communauté de personnages, on peut plus facilement lancer le jeu de massacre et tenir ainsi les lecteurs en haleine puisque nul ne peut prévoir ce que chaque chapitre réserve. 

En conclusion :

Avec ce roman, Pierre Grimbert signe une nouvelle aventure tranchante qui s'inscrit naturellement dans son monde sombre et inquiétant des Parangons. Il nous embarque encore plus facilement dans cette histoire mêlant épique, horreur et tragédie intime, sans doute parce que l'univers ne nous est pas inconnu ou tout simplement parce que les personnages sont plus attachants encore, qui sait ! 

Aventuriers de tous poils, bon voyage et n'oubliez pas de garder vos deux yeux ouverts car le danger rôde et vient là où on ne l'attend pas ! 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur Le Sang des Parangons, Six Héritiers, Le Serment Orphelin, L'Ombre des Anciens et Le Doyen Eternel

Informations

Pierre Grimbert
L'Âme des Parangons
9782382670767
286 pages
Editions Mnémos

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