2023 marque le retour de Guy Gavriel Kay au catalogue des éditions L'Atalante. Alors que son dernier roman, Les Derniers Feux du Soleil, publié en 2021, nous immergeait en pleine période viking, son nouveau livre, lui, prend plutôt cadre à la Renaissance.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse.
Résumé :
Après l'assassinat du comte de Mylasie et la mort de son mentor, Guidanio Cerra est obligé de fuir sous peine de connaître le même sort. Nul ne le sait mais il a aidé la meurtrière à s'échapper. Une rencontre qui va le marquer et en entraîner d'autres. En effet, il va croiser la route de deux hommes puissants, Folco Cino d'Arcosi et Teobaldo Monticola de Remigio qui vont impulser une nouvelle direction à sa vie. Ainsi, au milieu de ces hommes et de ces femmes de pouvoir à la tête des plus importantes Cités États de la Batiare, le jeune Danino va vite apprendre à louvoyer pour demeurer l'ultime témoin de ces temps troublés mais non moins fastes.
Mon avis :
Dans Comme un diamant dans ma mémoire, Guy Gavriel Kay s'est inspiré de l'Italie du XVe siècle pour servir d'écrin à ce présent récit. Aussi, on marche ici aux côtés de condottieres, autrement dit des seigneurs à la tête de modestes territoires tirant de faibles revenus qui se mettaient au service des grands seigneurs en échange d'une aisance financière. En somme, ils étaient ni plus ni moins des mercenaires chargés d'assurer la sécurité des puissantes cités italiennes. Ils s'incarnent ici à travers les figures de Folco d'Acorsi et de Teobaldo Monticola de Remigio, d'autant que Folco a été engagé par la famille Sardi, de riches banquiers qui ne sont pas sans nous rappeler la famille Médicis. Tout comme l'artiste Matteo Mercati dont on croise le chemin ici ou là, son talent et son inconstance ressemblent à si méprendre au célèbre Léonard de Vinci.
Guy Gavriel Kay joue beaucoup sur les antagonismes de ces deux hommes pour nourrir son intrigue de manœuvres et de duperies et ainsi corser vivement le ton. L'époque est impitoyable et l'auteur nous met de suite dans le bain en multipliant les assassinats et autres règlements de comptes pour réparer des affronts réels ou imaginés. Le récit n'en est que plus vivant à travers cette menace mortelle qui plane en permanence sur les protagonistes et même épique au vu des péripéties incroyables par lesquelles certains passent.
Quant au merveilleux, il s'exprime toujours de manière diffuse sous la plume de Guy Gavriel Kay préférant le délicat à l'ostentatoire. Ainsi, entre ces lignes, le don de prescience de la guérisseuse fait office de magie lui servant à la fois pour la réalisation de son art que dans la prédiction de certains évènements notables.
Comme un diamant dans ma mémoire est clairement un récit foisonnant comme en témoigne d'ailleurs les nombreux points de vue qui se bousculent pour dépeindre ces hauts faits. Dans ce livre, Guy Gavriel Kay s'essaye à un exercice de style consistant à faire défiler des narrateurs ayant prise ou non sur le fil de l'histoire. C'est un procédé narratif intéressant autant du point de vue de l'appréciation des évènements et de leur implication que de la fluidité de la lecture qui est ici nettement dynamisée obligeant même les lecteurs à rester pleinement attentifs.