Les littératures de l'Imaginaire plaisent aussi bien aux lecteurs qu'aux jeunes écrivains. Que ce soit en salons ou de manière plus générale sur les réseaux sociaux, on constate un nombre accru de nouvelles plumes françaises de fantasy. C'est un genre qui séduit autant qu'il inspire. Charles Chehirlian ne cache pas son envie d'écrire un récit offrant évasion et merveilles. Dès le début, il a l'idée d'une oeuvre ambitieuse. Il veut faire de Kyan Rogh, une tétralogie. Je le remercie d'ores et déjà de l'intérêt qu'il a porté à Fantasy à la carte afin que le blog publie un avis sur son premier roman.
Kyan Rogh est un cycle qui se conte à plusieurs voix. Les personnages de Charles Chehirlian sont légions. Leurs histoires viennent à tour de rôle nourrir un récit riche d'intrigues complexes et entremêlées.
Dans le monde d'Hashkaria, les royaumes se font la guerre depuis des temps immémoriaux. Des conflits qui profitent à certains et nuisent à d'autres. Des animosités qui vont servir les desseins machiavéliques d'une sombre puissance qui tire les ficelles en secret et se sert des gens, tels de vulgaires pions afin d'arriver à ses fins. Dans cet univers empoisonné par la haine et l'ignorance, des hommes et des femmes refusent de se laisser manipuler impunément et cherchent à démasquer les instigateurs de ce complot dont ils sont les victimes.
A la manière de G.R.R. Martin, Charles Chehirlian brasse de nombreuses destinées dans son roman. En effet, il met en scène plusieurs royaumes gouvernés par de fortes personnalités qui sont hostiles les uns envers les autres. Manipulés par quelques intrigants, certains sont même au bord de se faire la guerre. Le but étant ici de créer le chaos qui servirait de diversion pour cacher leur véritable objectif. L'auteur a introduit beaucoup de protagonistes dans son histoire, sans doute dans le but de donner de la consistance à son intrigue. Ce premier roman se veut le plus détaillé possible afin de donner corps à un univers précis riche d'un point de vue géographique, religieux et historique. Il a un vrai souci de crédibilité et de cohérence quant à l'environnement dans lequel il insère son texte. On sent les nombreuses lectures qui ont nourri son récit. Derrière ses lignes, il y a un gros travail propre à l'écriture des grandes sagas.
Personnellement, j'ai toujours un peu de mal quand il y a trop de personnages. Il est difficile de capter l'attention des lecteurs lorsque de nombreuses histoires sont menées de front. Cela a été le cas avec ce roman car il m'a fallu atteindre la moitié du livre pour m'y retrouver et comprendre enfin où l'auteur voulait en venir. A ce moment, la lecture est devenue plus intéressante.
Kyan Rogh repose sur une intrigue qui fonctionne bien malgré tout. Elle ne manque pas de rebondissements. Je dirais qu'il faut se laisser le temps de s'immerger dans ce monde nouveau pour vraiment l'apprécier.
C'est une grande fresque épique qui nous propulse à la conquête de belles contrées comme c'est la coutume en high fantasy. Même s'il est question aussi de grandes batailles, l'auteur insiste plus volontiers sur les complots et les trahisons qui se trament dans le dos de ses héros plutôt que de décrire des scènes de combats à n'en plus finir. Un parti pris qui fonctionne bien.
Ce premier roman est une introduction à un cycle qui se veut audacieux et donne le ton à une quête qui sera de toute évidence au long court. Attendons donc de lire la suite pour voir si l'auteur répond à toutes ses promesses.
Fantasy à la carte
Charles Chehirlian
Kyan Rogh
L'Artefact Insoupçonné
Tome 1
Les Chroniques de L'Anahsmut