30/06/2025

Collectif, Memoria, anthologie, éditions Mnémos

Collectif, Memoria
anthologie, 
éditions Mnémos 

Cette année, les éditions Mnémos fêtent leur 30 ans d'existence. 

Pour ceux qui l'ignorent encore, c'est un éditeur incontournable des littératures de l'imaginaire, qui depuis toutes ces années, a eu à cœur de nous proposer des textes de grande qualité. Ils ont toujours eu ce souci de chercher à mettre en lumière des nouvelles signatures. 

Or, pour faire honneur à leur politique éditoriale et fêter comme il se doit leur anniversaire, ils ont lancé un concours de nouvelles classées en fantasy

Le thème choisi est la mémoire et cinq finalistes ont été sélectionnés pour figurer dans un recueil intitulé Memoria paru le 4 juin dernier.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Mon avis :

Vaste sujet que la mémoire. D'ailleurs, le quintuplé d'auteurs mis en valeur ici l'ont bien compris. Chacun l'aborde sous un prisme différent. 

Certains y voient par exemple l'ombre des souvenirs à chérir ou au contraire à oublier. 1AM explore cette idée dans "La Clarière aux sirènes" à travers Jean qui, pour échapper au stratagème de son mentor cherchant à se servir de lui comme monnaie d'échange auprès des sirènes, décide de prendre les devants. Sous la plume de 1AM, le souvenir est un enjeu. En effet, il substante ces créatures féériques et inquiétantes que sont les sirènes en échange de leur protection le temps de leur passage. Mais il peut aussi être un poids à porter que l'on souhaite juste oublier. Se laisser aller dans les bras de la sirène est donc un acte libérateur et salvateur. Dans sa nouvelle, l'auteur se nourrit de l'imaginaire populaire qui a fait de la sirène une créature enchanteresse car il est bien connu que son chant en a fait tombé plus d'un. Pour autant, rien de subjuguant dans le portrait qu'il nous brosse car 1AM n'a pas omis de nous la dépeindre telle qu'elle est vraiment, effrayante et redoutable. L'histoire que porte en lui le jeune Jean est sombre et horrifique. Sa rencontre avec cet être merveilleux tant redouté ne fait que nous la dévoiler. Le récit est glaçant car l'auteur s'intéresse aussi ici à la figure du monstre. Parmi les ombres, il est parfois difficile d'y voir clair comme cette nouvelle nous le démontre. Il est même, d'ailleurs, préférable d'ignorer voire d'oublier la vérité pour rester en paix avec soi-même. 

Chacun à leur manière, les auteurs de cette anthologie rappellent également l'importance de la mémoire car celle-ci incarne aussi l'essence d'un être ou d'un savoir. Dans "Ce que les Terres Vagues gardent de toi", Pauline J. Bhutia met en exergue la nécessité de la transmission pour conserver un héritage. En l'occurrence ici, il est question de magie. C'est un pouvoir ancestral qui se transmet oralement de génération en génération. L'autrice parle même de Voix. Celui ou celle qui en est dépositaire dispose donc d'un grand pouvoir. Or, Kiana a renoncé à cet héritage en allant "au-dehors". On en revient au poids de la mémoire, à cette responsabilité qui nous incombe de l'honorer et la transmettre. A cette thématique se mêlent d'autres, telle l'exploration du monde, la tolérance et le rapprochement. L'autrice nous parle avec beaucoup de poésie et de douceur d'amour et de famille.

Sous le couvert d'une aventure de piraterie piquée d'une incontournable chasse au trésor, Ghislain Puyfagès nous rappelle que ce sont les souvenirs et donc le passé qui façonnent la personne que l'on est. Aussi il s'appuie beaucoup sur la quête d'identité. Ici, il s'agira pour Decatie de renouer avec son passé pour atteindre l'accomplissement personnel. 

Tour à tour, ces jeunes plumes s'illustrent dans l'écriture d'histoires infusées de magie. Ils se réapproprient, d'ailleurs, avec talent les éléments notables du bestiaire merveilleux pour nous livrer des récits singuliers qui sauront envoûter les amoureux du genre. 

Pour conclure :

Et si votre inclinaison pour l'imaginaire porte davantage sur la science-fiction, soyez rassurés car les éditions Mnémos ont également lancé un concours et l'ouvrage paraîtra aux Utopiales en octobre sous le titre de MNE/SYS.

Fantasy à la Carte

D'autres avis sont à lire sur le blogosphère : Au Pays des Cave Trolls

Informations 

Collectif
Memoria
9782382672044
128 pages
Éditions Mnémos 

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24/06/2025

Morgane Caussarieu & Vincent Tassy, Festin de Larmes, Les Nouvelles éditions Actusf

Morgane Caussarieu & Vincent Tassy, 
Festin de Larmes
éditions Actusf 

Après nous avoir fait rire avec leur réappropriation du mythique Entretien avec un vampire d'Anne Rice, Morgane Caussarieu et Vincent Tassy récidivent en mêlant à nouveau leur plume pour nous livrer un autre récit vampirique. 

Toutefois il n'est pas question ici de parodie car Festin de Larmes, qui vient de paraître chez Les Nouvelles éditions ActuSF, se classe davantage comme un vibrant hommage à la littérature du 19e siècle. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Depuis la disparition de sa sœur jumelle, Aubrey Clare n'est presque plus que l'ombre de lui-même. Il préfère la compagnie des statues du cimetière où il trouve refuge plus souvent que de raison plutôt que celle de ses semblables. La raison est qu'il trouve un grand réconfort dans l'immobilité minérale de ces nobles gardiens. L'arrivée inopinée de l'étrange mais non moins séduisant Tristan de Vardalec va complètement le bouleverser au point de lui faire emprunter des chemins interdits. Y trouvera-t-il seulement la paix ? 

Mon avis :

Festin de Larmes est un roman épistolaire typique de la fin du 18e siècle très inspiré par la littérature gothique. Vampirisme oblige, l'écrin choisi par ce duo d'auteurs est donc fort à-propos. 

Dès la première lettre, on se laisse envoûter par l'ambiance intrigante mâtinée de spiritisme et de vaudou de ce livre. Morgane Caussarieu et Vincent Tassy ont choisi La Nouvelle Orléans comme lieu de l'action de leur récit. Un choix qui laisse transparaître leur premier clin d'œil à Anne Rice. Ce n'est pas le seul comme le détaille le très érudit Adrien Party dans sa postface de cette œuvre. Impossible pour ces deux inconditionnels de celle que l'on nomme encore aujourd'hui la reine des vampires de ne pas piquer leur texte de discrètes mentions y faisant référence. 

Dans Festin de Larmes, l'atmosphère prend une saveur très particulière. Elle tient autant à l'ambiance des soirées mondaines teintées d'extravagance divinatoire ou licencieuse selon les lieux que de l'énigmatique Tristan de Vardalec. En effet, la présence de cet étrange personnage aussi attirant que mystérieux confère à cette histoire tout son charisme. A travers lui, les auteurs revisitent habilement la figure du vampire en l'infusant au mythe grec de Pygmalion et de Galatée. Ils s'appuient notamment sur l'immobilité presque minérale du vampire pour faire le lien. L'idée est excellente. Ainsi, plus que leur beauté irrésistible Morgane Caussarieu et Vincent Tassy jouent sur d'autres éléments pour faire du vampire un prédateur de choix.

Festin de Larmes est une tragédie qui nous conte la déchéance d'une famille. Tout du long, notre lecture est alourdit par le deuil et la perte que porte le personnage principal. Les lettres sont empreintes d'émotions. Ce sont celles d'une âme en peine cherchant d'abord à surmonter le décès de sa sœur. Aussi l'arrivée d'un étonnant et séduisant personnage constitue pour ce dernier un bon dérivatif. 

Il y est aussi beaucoup question d'obsession, de sexualité, de quête d'identité et de convenances sociales. 

Les auteurs signent un récit bien dans son époque agrémenté d'une vraie modernité grâce à un questionnement habile de cette société à la fois décadente et enferrée dans un lourd carcan. 

Comme il est souvent de mise dans la littérature du 19e siècle, Morgane Caussarieu et Vincent Tassy s'appuient sur un aéropage de protagonistes tortueux, à l'image d'Aubrey Clare qui en est la parfaite incarnation. C'est un jeune homme issu de la bonne société qui est autant étouffé par le chagrin d'avoir perdu sa sœur que par les convenances de son monde l'obligeant à une union contre nature pour lui. On le suit dans sa quête de l'impossible touchant parfois à la folie. En nous transmettant son histoire par le biais de lettres, cela touche à l'intime et établit de suite une proximité avec le lecteur. On pénètre au cœur de ses émotions, de ses obsessions et de ses craintes, c'est vibrant. Quant à Tristan de Vardalec, c'est un être insaisissable et secret. Il fascine autant par sa beauté que par sa part d'ombre et d'inconnu. Il est inquiétant et insuffle au texte sa part d'horrifique. En sa présence, on est tiraillé entre le sentiment de vouloir tout connaître de lui tout en craignant de trop en savoir provoquant ainsi notre perte. A travers lui, les auteurs nous dressent le portrait de la plus fascinante créature de la littérature qui n'a de cesse depuis quatre siècles d'enflammer l'imagination. 

Avec Festin de Larmes, Morgane Caussarieu et Vincent Tassy signent un roman purement addictif.

Les plumes de ces deux auteurs se mêlent habilement pour nous livrer un récit aussi poétique qu'inquiétant. C'est donc une réussite autant du point de vue du fond que de la forme car l'écrin est de toute beauté auréolé d'un jaspage superbe et agrémenté de magnifiques illustrations. 

Pour conclure :

Clairement c'est un livre que toute bonne bibliothèque devrait se targuer de posséder. Je dis ça, je dis rien. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Entrevue Choc avec un Vampire, Rouge Toxic, Rouge Venom et Diamants

Informations

Morgane Caussarieu
Vincent Tassy
Festin de Larmes
9782376866862
330 pages
Les Nouvelles éditions ActuSF

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20/06/2025

Yusuke Kishi, Du Nouveau Monde, éditions Pocket Imaginaire

Yūsuke Kishi, Du Nouveau Monde
éditions Pocket Imaginaire 

Yūsuke Kishi est un auteur japonais qui aime autant explorer l'imaginaire, l'horreur que le policier. Tous ses romans sont classés parmi les best-sellers. 

En avril dernier, les éditions Pocket Imaginaire ont décidé de publier la première partie de sa dystopie intitulée Du Nouveau Monde

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Saki, Shun, Maria, Satoru et Mamoru se connaissent depuis l'enfance et forment une bande d'amis inséparables. Ils vivent paisiblement dans leur bourgade située au cœur d'une nature luxuriante. Proches de la maturité, ils attendent juste d'apprendre à maîtriser le jyuryoku, le pouvoir que possède chaque adulte. En dépit de l'interdiction formelle de passer la frontière représentée par le Cordon sacré, la petite bande se retrouve, presque bien malgré elle, à la franchir. De-là ils sont entraînés dans une série d'évènements qui vont vite les dépasser et les amener à toucher des vérités dérangeantes. Alors retrouveront-ils une normalité après cette aventure rocambolesque ? 

Mon avis :

Du Nouveau Monde nous immerge dans une utopie  où Yusuke Kishi a imaginé une société libérée de toute violence. 

Nous voici donc parachuté au sein de la petite communauté rurale du nom de Kamisu 66. Les habitants y vivent sous le joug de règles à respecter présentées comme nécessaires à leur survie. Nul ne se pose de question, et personne n'en semble gêné. Bien qu'élevés dans la crainte de ne pas franchir ces limites, et de ne pas s'approcher de telle ou telle créature sous peine d'y perdre la vie, Saki et ses amis vont violer tous les interdits. 

En nous attachant à ce groupe d'adolescents, Yūsuke Kishi nous propulse dans un monde aussi hostile qu'éclairant.  

En effet, l'auteur multiplie les rencontres surnaturelles avec des créatures inspirées du folklore japonais, tels des rats-monstres classant, de facto, son récit au rayon Imaginaire. 

L'univers dessiné est glaçant d'autant que les révélations sur le passé de l'humanité sont loin de l'image idyllique transmises à travers les premières lignes de ce livre. 

Ainsi, au fil des pages l'auteur nous dessine un univers froid et inquiétant qui n'est, tout de même, pas exempt de mystères. Toutefois, Yūsuke Kishi n'en a posé ici que les premiers jalons et on imagine déjà l'étendu de ce que la suite du récit peut nous réserver. 

Voilà un texte surprenant qui se présente comme une utopie mais dont l'envers du décor est finalement très sombre. Ça met le doigt sur les failles de notre société à travers ses excès et sa brutalité. Il y a un vrai besoin d'harmonie et une recherche d'équilibre. 

En tout cas c'est ce que l'auteur cherche à nous transmettre ici tout en mettant en exergue les limites de ce modèle de société qui nécessite la mise en place de moyens radicaux pour y parvenir. On parle d'élimination d'individus ciblés, de manipulations génétiques ou encore d'implantation d'une technologie. 

Dans Du Nouveau Monde, Yūsuke Kishi nous donne des pistes de réflexions autour de la société de demain tout en proposant un récit troublant teinté d'horreur. 

Yūsuke Kishi met en scène un aréopage d'adolescents en quête d'aventure et d'identité. Ils se cherchent et souhaitent comprendre le monde dans lequel ils sont nés. Pour cela ils vont s'intéresser au passé et voir les choses sous un angle nouveau et fort perturbant. 

Avec Du Nouveau Monde, Yūsuke Kishi signe un premier tome insolite à l'atmosphère impitoyable. 

Pour conclure :

Le récit dégage une telle froideur que je n'ai pas plus que ça accroché à ce livre en dépit des qualités indéniables de cette plume. Toutefois, je reste convaincue que cette duologie trouvera son public en poche comme ce fut le cas en grand format. 

Fantasy à la Carte

Informations 

Yūsuke Kishi
Du Nouveau Monde
9782266350648
384 pages
Éditions Pocket Imaginaire 

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17/06/2025

Julie Elles, La Rose et le Serpent, éditions ActuSF

Julie Elles, La Rose et le Serpent, éditions ActuSF 

En publiant La Rose et le Serpent, les éditions ActuSF ont fait le choix de mettre en avant une nouvelle signature de l'imaginaire. Or, vu de la grande qualité de ce premier texte, on ne peut que s'en féliciter. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Alana est fière d'œuvrer au sein de la Brigade Impériale, commandée par son père Richard Meraude. Servir son pays est pour elle un véritable accomplissement. Pour autant, elle ne cautionne pas tous les excès de cette politique qui se montre bien trop intolérante envers ceux qualifiés d'hérétiques. Bien que sans grand pouvoir, elle essaye même toujours de protéger les persécutés et d'empêcher les arrestations arbitraires. Or, sa routine de brigadière est chamboulée lorsqu'elle est chargée d'accompagner une mission diplomatique en Ancorha. Là-bas elle fait la connaissance d'un certain Soren Arsalane, le maître d'armes d'un puissant Haut-Magistrat. La rencontre avec cet homme énigmatique, épéiste chevronné va impulser une nouvelle tournure à sa vie. Mais saura-t-elle prête à en accepter toutes les conséquences ? 

Mon avis :

Dans La Rose et le Serpent, Julie Elles nous balade entre la république d'Ancorha et l'empire de Falécie, deux nations autrefois proches devenues aujourd'hui ennemies. Elles incarnent aussi deux systèmes politiques différents, se défiant l'une de l'autre. Ainsi, pour faire face à la puissance des mages qui peuplent l'empire, la république s'est dotée d'une puissante armée en prévision d'un conflit armé qui ne manquera pas d'éclater dans un avenir proche. 

La magie s'exprime à travers un langage spécifique et s'apprend à l'école. Elle est puissante et redoutée. Elle instaure une société de castes différenciant ceux qui la maîtrisent des autres. Ainsi, la Falécie mène une politique autoritaire et agressive traquant toute opinion divergente ou culte différent. L'ambiance y est oppressive pour celles et ceux qui pensent autrement ou qui ne sont pas dotés des mêmes dons. 

Dans cet univers, magie et pouvoir sont donc intimement liés. Pire ils poussent même aux plus viles trahisons. Elles nourrissent d'ailleurs le nœud de l'intrigue de ce roman. En effet, La Rose et le Serpent est avant tout un roman politique qui évoque la chute d'un empire par traîtrise et renversement d'alliances. Dans son livre, Julie Elles nous transporte des années plus tard et y analyse les conséquences car rien de sain ne peut sortir d'un système reposant sur des mensonges. 

C'est la raison pour laquelle on ne s'étonne pas de se retrouver également dans une quête de vengeance et de vérité. C'est là tout le sel de ce roman qui nous tient pleinement en haleine car l'autrice manie les vérités et les manipulations avec beaucoup d'habileté. 

Derrière La Rose et le Serpent se dissimulent des histoires familiales complexes mêlant entre elles des destins tourmentés. Il en ressort un texte bouleversant riche en émotions ressenties envers tous ces personnages que Julie Elles se plaît à malmener. 

La Rose et le Serpent est un roman choral qui alterne les points de vue d'Alana et de Soren. On les suit tour à tour dans leur vie et on apprend à démêler la complexité de leur âme. 

Ici l'autrice nuance pas mal l'ensemble de ses protagonistes mais on notera que certains sont plus sombres que d'autres. 

Par les tragédies qui ont jalonné sa vie, l'âme de Soren est quelque peu ténébreuse. Pour autant, il n'incarne pas le mal. Sa quête trouve même une forme de légitimité. Il oscille entre revanche et rédemption au fil des pages. Les secrets et les tourments qui agitent son cœur sont autant d'éléments qui renforcent notre attachement à lui. Alana, quant à elle, cherche à complaire à son père et à travers lui, la reconnaissance de ses pairs. Fille illégitime d'un homme de pouvoir, Alana a du mal à trouver sa place dans ce monde qui lui est hostile. Pour y parvenir elle devra renouer avec son passé et peut-être rompre avec son éducation mais n'est-ce pas le prix de cette liberté tant désirée ? 

Pour un premier roman, Julie Elles a mis la barre haute car elle y réunit tous les ingrédients qui font le succès d'un texte, surtout qu'il est porté par une plume très fluide. 

Pour conclure:

C'est une fantasy traditionnelle mais d'une grande efficacité qui nous emmène au cœur d'un monde riche et cohérent. Gros coup de cœur pour cette pépite !

Fantasy à la Carte

A lire sur la blogosphère, l'avis de Phooka sur Bookenstock.

Informations

Julie Elles
La Rose et le Serpent
9782376866848
670 pages
Editions ActuSF

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06/06/2025

Dola Rosselet, Parcelles et Territoires, éditions 1115

Dola Rosselet, Parcelles et Territoires, éditions 1115

Nouvelle venue dans l'écriture, Dola Rosselet a d'office choisi de raconter des histoires se classant en Imaginaire. 

Après plusieurs nouvelles publiées dans différentes anthologies, elle nous propose un récit plus long avec sa novella intitulée Parcelles et Territoires fraîchement parue aux éditions 1115. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions 1115, je remercie Frédéric Dupuy pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

L'Allemagne rebaptisée ici la Germanie est divisée en Gartenkolonies et ets gouvernée par ceux que l'on appelle les écoligarques. Une gouvernance qui ne fait, d'ailleurs, pas l'unanimité au point que certains fomentent même la rébellion car ils rêvent à d'autres possibles. Anselme, lui, est infirmier urgentiste. Un statut qui lui confère un certain confort de vie. Mais il va faire l'une de ces rencontres qui vous changent à tout jamais. Alors quel choix va-t-il s'offrir à lui maintenant qu'il est arrivé à la croisée des chemins? 

Mon avis :

Parcelles et Territoires est une dystopie écologique mêlée à du thriller. Dola Rosselet a imaginé une Allemagne futuriste répartie en colonnies auto-suffisantes où le mot d'ordre diffusé par les écoligarques est la faible empreinte carbone. Les gens sont donc limités dans leurs déplacements. Les voitures ne sont plus une propriété individuelle et leur usage est conditionné et autorisé par parcimonie. L'aérien a disparu et le ferroviaire est contrôlé. Dans ce monde devenu âpre et hostile, les hommes et les femmes se sont organisés pour survivre. La plupart préfère vivre sous les radars pour éviter d'attirer l'attention de la Brigade Verte, la police d'Etat. Mais certains ont l'espoir de regoûter à la liberté. Ce sont des idéaux d'une autre époque véhiculés par ceux qui ont connu et ont la nostalgie du monde d'avant. Ça nourrit des conspirations et oblige l'Etat à prendre des mesures drastiques sous la forme d'infiltrations de groupuscules pour connaître les projets et canaliser les idées. Voilà qui teinte le récit d'un soupçon de mystérieux et le rend si attractif.

Parcelles et Territoires est un récit choral qui nous conte une multitude de destins. Cela a l'avantage de donner du rythme à cette novella qui nous tient bien en haleine d'un bout à l'autre. La plume de cette autrice est nerveuse. Elle nous enchaîne les rebondissements sans temps mort. Le récit est palpitant. 

Il est ponctué de réflexions politiques sur la société de demain. Dola Rosselet y pousse à l'extrême les préoccupations environnementales notamment lorsqu'elles freinent les libertés et poussent à l'instauration d'une société de contrôle. Elle y explore bien des situations et met en exergue la continuité des inégalités. Il y a une vraie perversion du pouvoir qui semble inévitable effaçant les bonnes intentions pour toujours plus de profits individuels. 

Toutefois, l'ambiance pessimiste est contrebalancée par la personnalité très solaire de certains personnages. L'autrice n'oublie pas que dans toute tyrannie demeure toujours de l'espoir, celui du changement pour un monde meilleur. Quelques-uns de ses protagonistes incarnent, d'ailleurs, cet idéal à travers des actions ou des attentes altruistes. Tous sont engagés dans un combat acharné. Nastia s'est, par exemple, investie dans le rêve de son oncle et qui au nom de sa mémoire en a fait le sien. Anselme, lui, s'est engagé par vocation à sauver son prochain en le soignant coûte que coûte. Enfermé dans un certain conformisme que lui procure son statut, il n'a pas conscience de toutes les subtilités de cette société qui leur a été imposé jusqu'à ce qu'une rencontre le fasse basculer dans une autre réalité. 

Les points de vue s'enchaînent et bien des personnages se pressent entre ces pages car l'autrice s'est employée à montrer toute la complexité d'une société. Qu'on les aime ou non, tous contribuent à enrichir ce texte et à rendre la lecture passionnante. 

Pour conclure :

En quelques mots, Dola Rosselet pose son décor et les enjeux nous accrochent instantanément. J'ai particulièrement apprécié cette novella qui remporte pour le moment ma préférence parmi toutes les novellas publiées à ce jour chez 1115 éditions et que j'ai lues bien entendu. Voilà une nouvelle signature de l'imaginaire très prometteuse. Ne la perdons pas de vue alors !

Fantasy à la Carte

Informations

Dola Rosselet
Parcelles et Territoires
978238630478
106 pages
Editions 1115

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03/06/2025

Benjamin Lupu, Sœurs de Haine, T.1, Le Solstice des Ombres, éditions Mnémos

Benjamin Lupu, Sœurs de Haine, T.1, 
Le Solstice des Ombres,
 éditions Mnémos 

Après s'être illustré par deux fois dans une nouvelle exploration du Paris des Merveilles en compagnie de quelques confrères écrivains dans Contes et récit du Paris des merveilles et dans Enquêteurs du Paris des merveilles, puis après avoir revisité le roman d'espionnage à l'ère de la Guerre froide, Benjamin Lupu est de retour avec un roman de dark fantasy

Bien que tous ses récits m'attendent sagement dans ma bibliothèque bien trop débordante à mon goût, je n'avais lu jusqu'ici que son premier livre, Les Mystères de Kioshe

Or, la sortie du Solstice des Ombres a été l'occasion pour moi de remédier quelque peu à ce manquement. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Le jeune moine Umbrod connaît les Écritures, il a appris l'art de l'enluminure. Aux côtés d'autres moines, il accompagne la baronne Archantar'vi dans son périple. Seulement en cours de route, leur convoi est attaqué et il se retrouve prisonnier avec la baronne d'une autre baronnie devenue ennemie depuis que celle-ci s'est tournée vers une autre croyance. A moult reprises il va se croire perdu, condamné à une mort certaine. Pourtant il n'en est rien mais son sort est-il réellement enviable?

Dans Le Solstice des Ombres, Benjamin Lupu nous embarque dans un univers médiéval sombre marqué par l'émergence d'une guerre fratricide. En effet, entre ces lignes deux sœurs se vouent une haine mortelle faisant sombrer leur monde sous le couvert d'une guerre de religion. Ici, le culte rendu au dieu soleil Asthor connaît un schisme depuis que les hérétiques borésiaques tentent de prendre le pas sur les Orostrates. Un conflit qui sert les intérêts de celle que l'on appelle la Veuve misère car elle y voit l'opportunité d'instaurer son propre pouvoir. 

En outre, le surnaturel s'invite dans ce monde empreint de fureur et de larmes. C'est d'ailleurs la touche qui lui donne cette saveur si ensorcelante.  La magie se dissimule derrière les saintes Écritures pour qui sait la voir et l'entendre. Benjamin Lupu a enrichi son univers d'un bestiaire peuplé de créatures tout droit sorti de son imaginaire. Le travail réalisé autour est très intéressant. 

Dans Le Solstice des Ombres, Benjamin Lupu pose un décor moyenâgeux très réussi. Fort de son passé d'historien, il a mis ses connaissances et son sens de la recherche au service de sa plume pour nourrir son récit d'un cadre très soigné et fort crédible. Il y exploite, notamment, les relations du suzerain et de ses vassaux ainsi que les notions de bannerets. 

L'écrin pour recevoir cette intrigue politique est bien à-propos. L'auteur se joue des alliances qu'il fait et défait à son gré. On retrouve tous les ingrédients propice au genre. Aussi la quête du pouvoir passe par la conspiration, le traquenard et la manipulation. Tout ce qui est mis en œuvre entre ces lignes est là pour servir une soif de vengeance car c'est le fil directeur de cette histoire. C'est le moteur qui nous tient en haleine dans un suspense très prenant.

Le Solstice des Ombres est un roman collégial dans lequel l'auteur fait évoluer de nombreux personnages. En multipliant les points de vue, il nous permet de suivre les évènements d'un camp à l'autre. C'est assez renversant. 

Toutefois, je dois reconnaître mon petit faible pour le personnage principal prénommé Umbrod, d'autant que Benjamin Lupu ne l'épargne pas. Se retrouver dans cette aventure va le faire mûrir brutalement. Il va se découvrir un pouvoir insoupçonné. Pour autant sera-t-il en mesure de l'assumer, c'est toute la question qui plane sur ce texte. L'autre personnage que j'apprécie beaucoup est Balcère. Ancien soldat, il a embrassé les ordres pour rompre avec son passé d'homme d'armes. Mais le chemin de la rédemption est pavé d'embûches. Il est très attachant dans sa volonté de sauver Umbrod coûte que coûte. 

Le Solstice des Ombres est un roman particulièrement immersif. La qualité de ce nouveau roman est indéniable. La plume de Benjamin Lupu témoigne d'une vraie maturité qui inscrit de plus en plus cet auteur comme un nom de référence pour les littératures de l'Imaginaire.

C'est un énorme coup de cœur pour ma part et je vous invite à le lire à votre tour car ce récit en vaut le détour. Vivement le tome 2 !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur Les Mystères de Kioshe

Informations

Benjamin Lupu
Sœurs de Haine
Tome 1
Le Solstice des Ombres
9782382671931
320 pages
Editions Mnémos

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