31/12/2021

Morgane Rugraff, Éclipse, livre II, Lune Ardente, éditions Plume Blanche

Morgane Rugraff, Éclipse, Livre II, 
Lune Ardente, éditions Plume Blanche

Après un gros coup de cœur pour le premier volet de cette duologie, j'ai enchaîné sans me faire prier pour lire la suite, d'autant que celle-ci m'attendait sous le sapin. Merci Père Noël ! 

Éclipse s'ouvre sur l'enlèvement de Sioban par les barbares d'Odian après qu'ils aient envahi le palais des Huxley, et laissé un Caleb plus mort que vif. Face à l'inaction de son frère qui refuse d'envoyer la moindre troupe pour retrouver son épouse, Caleb devient hors de lui et clame son attachement à la Sombre-Lune. Il n'en faut pas plus à Logan, fou de jalousie, pour mettre son frère aux arrêts afin de le faire torturer pour lui faire expier ses fautes. Condamné à mort, pourra-t-il échapper à sa sentence et retrouver Sioban à temps pour sauver le royaume de Tsagaan, ainsi que le reste du monde de la folie d'un homme, habité par un dieu ? Rien n'est moins certain mais croyez bien qu'il y mettra tout son cœur et toute son énergie. 

Dans Éclipse, les événements s'enchaînent à un rythme effréné faisant de ce livre, un pur roman d'action. Morgane Rugraff a lâché la bride à son imagination en nous faisant virevolter de combat en combat afin de nous préparer  au mieux à l'affrontement final qui promet, d'ores et déjà, d'être retentissant. 

Ce second volet de Lune Ardente est bien évidemment le tome de tous les dangers pour les héros de Morgane Rugraff qu'elle malmène, d'ailleurs, autant que faire se peut. Car ce sont bien les larmes et la peur qu'elle nous promet à travers Éclipse. Son récit est si vibrant qu'on tremble à chaque page pour ses personnages que l'on a appris à aimer, et notamment pour le couple, formé par Sioban et Caleb. Clairement, on ne résiste pas à leur charme, à leur courage et à leur histoire qui s'écrit dans le sang et l'adversité. Ils incarnent le genre de héros qui forgent les grandes histoires qui nous hantent longtemps après avoir refermé le livre. 

Derrière leur destin exceptionnel se dessine la genèse d'un monde fabuleux devenu légende. Aussi, dans ce tome 2, on prend la mesure de l'univers incroyable créé par Morgane Rugraff. Un monde dominé par le Soleil et la Lune qui s'est déchiré quand cette dernière s'est accouplée avec un loup et a donné naissance à une nouvelle espèce : les Sombre-Lune. Suite à cela, par vengeance, le Soleil, lui, a engendré les Sang-de-Soleil, des hommes cruels et destructeurs qui ne rêvent que de domination. Or, à l'aube d'une nouvelle ère, les astres, amants d'hier devenus ennemis d'aujourd'hui, comptent bien triompher, une bonne fois pour toutes, sur l'autre en s'incarnant dans l'un de ses adorateurs dans le but de s'affronter physiquement. L'heure des comptes a donc sonné et le moment promet d'être aussi légendaire que sanglant. C'est là qu'intervient la magie pour prendre pleinement possession de ce texte et nous réserver des scènes mémorables dans lesquelles Sioban et Logan prennent part à travers une manifestation de pouvoirs pour le moins ébouriffante. 

Comme dans le premier cycle, l'autrice ménage son suspense jusqu'au bout, nous réservant, à la fois, son lot de surprises à chaque chapitre, et une fin très surprenante. Émotions garanties. 

Plus que de se faire simplement l'autrice d'un récit riche en péripéties captivantes, Morgane Rugraff en profite également pour questionner pas mal autour de sujets fondamentaux pour notre société, à travers des thématiques fortes comme la tolérance, le respect et la protection de l'environnement ou encore l'acceptation de l'autre. 

Je referme cette saga avec un léger pincement au cœur tant j'en ai apprécié chaque ligne. De plus sa conclusion est si poignante qu'elle m'a tirée bien des larmes. Que Morgane Rugraff est cruelle !

Néanmoins, avant de conclure, je voulais attirer votre attention sur les deux superbes illustrations de couvertures, signées A. Andrew Gonzalez, ainsi que sur la mise en page soignée qui font des romans, édités chez Plume Blanche, de très beaux livres objets. C'est la raison pour laquelle, je vous recommande vivement, dans la mesure du possible, de lire ces romans au format papier tant c'est un régal pour les yeux. 

Lune Ardente est une saga qui ne laisse donc aucun répit à ses lecteurs en les accrochant dès les premiers mots. La qualité est là, elle tient autant à l'originalité de l'histoire qu'à la poésie de cette très belle plume de l'Imaginaire. Maintenant, je n'ai donc plus qu'une hâte, celle de lire son autre saga publiée chez Plume Blanche, Ray Shepard. Affaire à suivre !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur le premier cycle de Lune Ardente, Crépuscule

Informations

Morgane Rugraff
Éclipse
Livre II
Lune Ardente
9791094786659
300 pages
Editions Plume Blanche

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28/12/2021

Morgane Rugraff, Crépuscule, Livre I, Lune Ardente, éditions Plume Blanche

Morgane Rugraff, Crépuscule, premier cycle, 
Lune Ardente, éditions Plume Blanche

Lors de la première édition de Terres d'Imaginaire, j'ai eu le plaisir de rencontrer Morgane Rugraff qui m'a parlée de ses deux cycles, publiés chez Plume Blanche. Deux univers totalement différents mais dont les histoires m'ont parue d'emblée très prometteuses. Cela tombe bien car il y a longtemps que j'avais envie de lire des livres publiés par cette maison d'édition. 

C'est donc avec Crépuscule, le premier volet de Lune Ardente que j'ai décidé de découvrir cette belle plume de l'Imaginaire. 

La guerre fait rage entre Tsagaan (le royaume de la lune) et Ulaan (le royaume du soleil). Fille du roi des Sombre-Lune, Sioban Calypsa a peur pour son peuple, d'autant que le rapport de force est au désavantage des siens. Alors pour arrêter le massacre, elle a l'idée de proposer un marché au souverain des Sang-de-Soleil, celui d'épouser son fils aîné afin de conclure une alliance de paix. Contre toute attente, celui-ci accepte, faisant cesser immédiatement les combats. Pour Sioban, c'est le début d'une nouvelle vie chez ses ennemis d'hier. Mais ses premiers pas dans ce royaume hostile ne seront pas exempts de danger. Rejeter par les uns et moquer par les autres, il lui faudra se montrer très forte pour s'adapter et accepter son destin. Mais y parviendra-t-elle seulement ? 

Lune Ardente nous ouvre les portes d'un univers béni par les astres. Morgane Rugraff a donc imaginé deux royaumes avec d'un côté, Tsagaan, une terre recouverte par la glace et la neige et dont les habitants vénèrent la lune, et de l'autre côté, Ulaan, un royaume de sable, protégé par le dieu Soleil. Deux contrées qui nous promettent deux ambiances différentes car marquées par des paysages, des croyances et des cultes bien différents. En effet, ces royaumes incarnent respectivement la nuit et le jour. Leur histoire est intimement liée à un mythe fondateur qui s'incarne à travers l'animal totem qui leur est propre. Aussi, alors que chaque Sombre-Lune est lié à un Delvahni, autrement dit un loup guerrier qui lui sert également de monture lors des combats, le Sang-de-Soleil, lui, dispose de Cortals, c'est à dire des lions géants en armure qui sont de redoutables coursiers. Morgane Rugraff a donc nourri sa duologie de légendes sans doute influencées par les nombreuses mythologies des différentes civilisations qui nous ont précédées : romaine, celte, nordique ou encore hindou car la lune et le soleil y occupent bien souvent une place prépondérante. 

En dessinant les contours d'un tel monde marqué par l'affrontement, Morgane Rugraff se fait l'autrice d'un récit épique sombre et impitoyable. Les batailles, les trahisons et les manigances accompagnent les pages de ce premier volet et nous tiennent complètement en haleine jusqu'à la dernière ligne. 

De même, la romance se mêle subtilement à l'intrigue conspiratrice ébranlant ainsi chacun des protagonistes de cette saga qui se voient souvent douter de ses certitudes. 

Morgane Rugraff a construit son récit avec beaucoup de virtuosité nous ménageant de nombreux rebondissements que l'on ne voit pas venir et qui nous laissent bien souvent extatique. 

L'élégance de cette plume agit dès les premières lignes en nous proposant avec ce roman, un véritable page-turner, impossible à lâcher. 

Les protagonistes sont peu nombreux mais comblent pleinement nos cœurs de lecteurs. D'ailleurs, la magie de ce texte repose beaucoup sur son trio de personnages principaux. Il y a bien évidemment Sioban Calypsa qui personnifie le personnage féminin puissant de ce texte. Guerrière, elle est indéniablement une femme forte. Son sacrifice force l'admiration puisqu'elle n'hésite pas à se donner à ses ennemis dans le but de sauver les siens. Déchirée entre ses sentiments pour un Sang-de-Soleil qu'elle ne comprend pas et une fidélité indéfectible pour son peuple des Sombre-Lune, Sioban est une femme attachante. Humiliée, abusée, trahie, elle demeure, tout de même, vent debout face à l'adversité. Malgré les revers et les coups durs, elle conserve toute sa bienveillance vis à vis des autres. A ses côtés, les deux frères Huxley qui, malgré leurs aprioris, sont irrémédiablement attirés par la jeune femme. 
Logan qui l'a épousé avec l'ordre de la mettre en confiance pour tout savoir des secrets stratégiques de Tsagaan ne peut s'empêcher d'éprouver des sentiments à son égard. Il n'est pas insensible à sa beauté mais est également touché par sa grâce. Seulement sous la coupe totale de son despote de père, il a beaucoup de mal à s'affirmer et à s'affranchir de ses ordres. Lâche et soumis, Logan conserve finalement jalousement sa place de fils prodige. A contrario son frère, Caleb, est, quant à lui, un esprit libre et indomptable. Irascible et colérique, il montre, d'abord, un visage hostile à Sioban. Pourtant, malgré toute l'aversion qu'il semble lui vouer, il n'en demeure pas moins qu'il cherche sa compagnie. Jamais loin lors de ses déplacements dans le palais, une relation conflictuelle va très vite se tisser entre ces deux-là. 
Morgane Rugraff joue le chaud et le froid sur ses personnages qui entretiennent un triangle amoureux orageux et troublé par un début relationnel marqué par l’infamie et l'outrage. 

Entre ses lignes, l'autrice aborde des thématiques douloureuses comme le viol dans le couple et les conséquences qui en découlent. En explorant ces traumatismes, elle nous offre une lecture rude et bouleversante qui nous touche au plus profond de notre être tout en nous amenant à réfléchir à l'après. C'est vraiment un texte d'une grande puissance. 

Clairement, Lune Ardente est le genre de roman qui ne laisse pas indifférent. Fort de ses personnages attachants, de son intrigue captivante, et des passions qu'il déchaîne, lorsque l'on arrive au terme de ce premier cycle, on ne peut que se jeter sur la suite avec fébrilité.

Fantasy à la Carte

Informations

Morgane Rugraff
Crépuscule
Premier cycle
Lune Ardente
Editions Plume Blanche

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24/12/2021

Jonathan L. Howard, Le Nécromancien, tome 1, Johannes Cabal, éditions ActuSF

Jonathan L. Howard, Le Nécromancien, tome 1, 
Johannes Cabal, éditions ActuSF

Auteur et scénariste britannique, Jonathan L. Howard inaugure avec Le Nécromancien, une série de romans fantastiques, titrée Johannes Cabal

Lu dans le cadre d'un nouveau partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce nouveau service presse. 

Johannes Cabal est nécromancien. Rien de bien glamour à hanter les cimetières pour vider les tombes de ses occupants ou à voler des ouvrages occultes mais c'est un mal nécessaire dans son cas puisqu'il s'agit de faire progresser ses expériences scientifiques. Certains diraient que son but est louable car il cherche à ramener les morts tels qu'ils étaient de leur vivant. Or, il touche presque au but, à ceci près qu'il lui faut récupérer son âme pour réussir. Petit bémol, il l'a vendue à Satan pour obtenir davantage de connaissances. Face à cette impasse, il n'a d'autres choix que de retourner marchander auprès du diable. Contre toute attente, ce dernier lui fait une offre qui lui sera difficile de refuser : fournir cent âmes en échange de la sienne. Mieux encore, il lui confie les rennes d'une fête foraine diabolique afin de l'aider dans la réalisation de sa mission car n'est-ce pas un lieu de perdition par excellence ? Sceptique, Johannes Cabal sera-il capable de relever le défi et de prendre le diable en défaut ? Enfin, si cela est possible ?

Dans ce premier tome, on suit les tribulations d'un nécromancien répondant au nom de Johannes Cabal. Comme l'inique sa fonction, il a la capacité de relever les morts. Alors, on ne s'étonne pas de côtoyer en sa compagnie des fantômes, des cadavres animés ou encore des vampires. Il nous fait même l'honneur de nous ouvrir les portes de l'enfer où il a ses entrées - enfin en forçant un peu le destin - quitte à se mettre définitivement à dos le prince des ténèbres. N'étant pas réputé pour sa patience, Satan se montre pourtant magnanime à son égard lorsqu'il accepte de lui rendre son âme en posant la condition de l'échanger contre cent autres. D'un côté, il accepte de revenir sur un marché précédent mais de l'autre côté, l'enjeu proposé est si haut qu'il en devient presque inatteignable. D'autant, qu'il compte bien lui mettre quelques bâtons dans les roues car sa nature perfide n'est jamais très loin et qu'il n'aime pas perdre. 

Ainsi, dans Le Nécromancien, on explore un univers baroque et mortifère où l'enfer est géré comme une administration. Il en ressort des scènes aussi savoureuses que cocasses, notamment les joutes verbales entre Cabal et le diable. Mais au-delà des incursions en enfer, ce récit nous immerge surtout dans la folle ambiance d'une foire aux curiosités faisant à la fois office d'antre de divertissements pour les uns, de lieu de perdition pour les autres et de musée des horreurs pour tous. C'est finalement un endroit rêvé pour attirer dans son escarcelle toutes les âmes en peine qui vont passer à sa proximité.

Justement cette foire va donner l'opportunité à l'auteur de sonder les âmes humaines. Examen de conscience autant pour les visiteurs de passage que pour le héros lui-même puisqu'au fur et à mesure des événements, Johannes Cabal va se retrouver face à ses contradictions et à des choix difficiles qui risquent de l'ébranler profondément, qui sait ! 

Voilà de quoi promettre aux lecteurs un beau charivari avec une aventure qui part tous azimuts, échappant parfois au contrôle de Johannes Cabal lui-même pour nous emmener de situation en situation des plus improbables aux plus critiques. 

Il faut dire que l'humour de Jonathan L. Howard y est acéré, voire ubuesque. Ce roman est drôle et divertissant, à l'image de son personnage principal. Cynique et austère, Johannes Cabal n'est pas de ces héros attachants pour leur courage ou leur bonhomie. Pédant et froid, il est juste obnubilé par sa mission qu'il perd bien souvent le contrôle sur les événements, ne sachant pas faire grand-chose à part ramener les gens du trépas à la vie. Alors diriger une foire, s'encanailler avec les autres et attirer les gens pour les inciter à s'amuser, ce n'est pas du tout dans ses cordes. Heureusement pour lui, son frère veille au grain. Petit bémol, il n'est plus tout aussi vivant mais qu'à cela ne tienne, Johannes a une solution, enfin s'il récupère son âme. A contrario, Horst Cabal est un être très sociable, entremetteur sur les bords qui n'hésite pas à pousser son frère dans ses retranchements quand il estime que cela est nécessaire. Ils forment un duo charmant et désopilant qui insuffle à ce texte une vraie énergie. 

En outre, derrière ce récit du Nécromancien se cache de belles références littéraires comme celle à l'oeuvre de Mary Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne car n'est ce pas l'objectif de tout nécromancien qui se respecte que de redonner la vie aux morts et ainsi trouver le secret de l'immortalité. 

Amateur de frissons et d'ambiance macabre non dénuée de malice et d'analyse psychologique, cette série de Johannes Cabal ne peut que vous plaire. 

Une première lecture qui s'est montrée pour le moins addictive, alors à quand la suite ? 

Fantasy à la Carte

Informations

Johathan L. Howard
Le Nécromancien
Tome 1
Johannes Cabal
978--2-37686-2777-2
464 pages
Editions ActuSF 

15/12/2021

Christian Léourier, Jarvis, l'intégrale, éditions Critic

Christian Léourier, Jarvis, l'Intégrale, éditions Critic

Au programme des nouveautés dernièrement parues aux éditions Critic, il y a la réédition du cycle Jarvis de Christian Léourier, au format d'une très belle intégrale. 

Auteur notoire de science-fiction et à ses heures de fantasy, Christian Léourier est également connu pour ses romans à destination de la jeunesse. 

Pour l'anecdote, les romans constituant cette saga de Jarvis avaient ouvert, à l'époque de sa première édition, une nouvelle collection d'Imaginaire chez Hachette, adressée aux adolescents. Bien qu'abandonnée peu après, elle a eu le mérite d'élargir l'horizon littéraire des jeunes vers la science-fiction. 

Voici une réédition qui prodiguera aux lecteurs un plaisir nostalgique de se replonger dans des livres qui ont marqué leur enfance ou au contraire sera une belle occasion de se plonger dans une oeuvre classique du genre. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcellin pour l'envoi de ce service presse. 

Le Messager de la Grande Île

Sur Thalassa vivent les descendants des colons terriens qui tentent depuis lors de survivre sur cette planète où l'océan prédomine laissant peu de terres émergées à disposition des humains. C'est là-bas que l'on fait la connaissance de Jarvis, un chasseur engagé par les locaux pour protéger le port de pêche contre toute intrusion de korks, des créatures gigantesques et sous-marines dont la peau est une matière précieuse. Par une nuit de tempête, alors que le jeune homme sort affronter un kork, réfugié dans l'esclave du port, il assiste à un phénomène étrange qui lui fait manquer sa prise. perturbé par ce dont il a été témoin, il décide de partir en quête de son mentor pour confirmer son pressentiment. Intriguée, Uriale, une jeune botaniste, récemment débarquée sur l'île, décide de lui prêter mains fortes dans ses recherches. C'est ainsi que tous deux s'embarquent dans une quête dont la finalité pourrait bien ébranler toutes les certitudes du jeune homme.

Le Paradis des hommes perdus

Exclu de la Confrérie des chasseurs de korks, Jarvis a donc embarqué avec les Meeranes, ces navigateurs nomades pour aller explorer des zones inconnues de Thalassa. Tout à son expédition, il n'imagine pas que des difficultés vont se présenter sous la forme de chasseurs en colère. mais quand l'animosité s'installe, il faut s'attendre à toutes les représailles. Sera-t-il déjouer les pièges et sortir indemne de cette nouvelle aventure ? 

L'Envoyé du quatrième règne

Lorsqu'un inconnu l'aborde pour lui montrer un étrange objet de métal, Jarvis est surpris par cette trouvaille. Lui qui pensait bien connaître Thalassa et ses richesses, il n'imaginait pas l'existence d'un lieu où du métal s'épanouissait à profusion. En tout cas, c'est ce que Grower lui annonce. D'abord méfiant, la tentative d'assassinat sur ce dernier finit de le convaincre de l'embarquer sur son bateau pour aller voir de plus près cette île mystérieuse, détentrice de tant de richesses. Un voyage qui pourrait bien ébranler ses certitudes et lui ouvrir de nouvelles perspectives. 

Les Rebelles de la soif

Pour Jarvis, Uriale, Parson et une poignée de Meeranes, l'aventure a pris une nouvelle tournure. Embarqué à bord d'un vaisseau, les voici qui se sont mis en tête de retrouver la route qui les conduira vers la planète terre. Chemin faisant, ils profitent de leur passage à proximité d'autres planètes pour faire une halte et tenter d'en apprendre plus sur l'orientation qu'ils doivent suivre. C'est ainsi qu'ils débarquent sur une terre aride, peuplée par une poignée d'humains dont la survie dépend de la mainmise sur l'eau. Très vite, les aventuriers comprennent qu'ils sont tombés dans un vrai nid de vipères et n'auront pas d'autre choix que de se mêler aux conflits en cours pour espérer repartir.

La Cité des hauts remparts

Pour nos aventuriers de l'espace, c'est l'heure d'une nouvelle escale. En effet, ils ont repéré une nouvelle planète où s'arrêter. Arrivés sur place, ils sont tous abord déconcertés par la configuration des lieux car ils se retrouvent très vite face à une forteresse sans la moindre ouverture. Retranchés à l'intérieur, les habitants ne semblent pas hostiles, juste indifférents. Auront-ils pour autant des informations sur la terre, rien n'est moins sûr !

L'Astéroïde noir

De nouveau à bord de l'Anneau, les voyageurs voient leur périple mouvementé quand un astéroïde croise leur route. Inexorablement attiré dans son champs électromagnétique, la collision semble inévitable. Pourtant, ils évitent le pire en pénétrant à l'intérieur mais la surprise qui les y attend est de taille et risque de ne pas trop leur plaire. 

Les Chemins de l'espérance

Dans cet ultime volet, Jarvis et ses compagnons ont bon espoir de retrouver la terre. En effet, ils viennent de pénétrer dans le système solaire les rapprochant inexorablement de leur but. Cependant, la prudence reste de mise car voilà que de petits astronefs les encadrent afin d'inspecter l'Anneau et de s'enquérir des motifs de leur présence. or, le comité d'accueil n'est pas si accueillant. Pour preuve, ils les conduisent tout abord sur Mars pour y passer des épreuves. Il semblerait que leur présence dérange et que ce dernier contretemps mette à mal leur mission.

Cette intégrale renferme les sept tomes de la saga avec les six premiers, proposés dans une version revue et corrigée par l'auteur et le septième inédit à ce jour puisque jamais publié jusque-là. 

Avec Jarvis, Christian Léourier nous immerge dans du planète opéra qui glisse peu à peu vers un pure récit de space opera. En effet, au début de son cycle, il nous emmène sur Thalassa, une planète imaginaire, occupée par les descendants des terriens. Quasiment recouverte d'eau, ces derniers vivent étroitement avec la mer qui les nourrit. Sous le couvert de retrouver l'Aolade, le vaisseau qui a amené leurs ancêtres en ces lieux, Jarvis part en expédition afin d'explorer Thalassa. On y découvre une nature luxuriante et farouche vis à vis de nos aventuriers. L'homme n'a que peu de place sur cette planète et est même une menace pour le biotope puisqu'il y agit encore en prédateur. Au regard de la fonction de chasseur de korks de Jarvis, espèce marine qui fait la fortune de la communauté locale, l'homme demeure dans le même rapport de domination. Or, une rencontre avec l'un d'entre eux va changer le regard que Jarvis porte sur cette espèce et le pousser à suivre un autre chemin. C'est comme cela qu'on le retrouve dans la suite de la saga, embarqué à bord d'un astronef en forme d'anneau avec la ferme attention de retrouver le chemin de la terre. 

Ici, Christian Léourier prend la science-fiction à contre-pied avec des héros installés loin dans la galaxie qui souhaitent retourner sur terre. Voilà qui change de la traditionnelle science-fiction qui se plaît à mettre en scène des humains fuyant une terre dévastée et vont chercher refuge sur une autre planète. 

Au fil des livres, Christian Léourier nous emporte à la suite de ses héros où chaque aventure rime avec rencontres et découvertes. En effet, à chaque escale, Jarvis et ses compagnons doivent faire face aux problématiques des civilisations locales. Quelque soit l'espèce, les résidents de ces planètes sont en but à des rivalités ou des conflits dans lesquels ils sont amenés à prendre part bien souvent contre leur gré. Chaque épisode réserve son lot de surprises à travers la rencontre de peuples vivant selon une avancée technologique différente. Certains ont une maîtrise technique sur le temps et l'espace leur conférant un certain pouvoir, alors que d'autres semblent vivre à l'âge de pierre loin de toute modernité. 

Ecrit pour un jeune public, Jarvis est une bonne porte d'entrée pour tous les lecteurs qui souhaiteraient commencer à lire du space opera et ce, quelque soit leur âge. Ce cycle a la qualité de proposer de bons romans d'aventure avec tous les éléments propres au genre : voyage spatial et exploration de nouvelles planètes.

Dans cette saga, on apprécie également ses héros, notamment le couple formé par Jarvis et Uriale. Frondeur, aventurier et audacieux, Jarvis s'embarque dans l'aventure à bras le corps. il ne recule devant aucun défi et fait fi de ses peurs pour affronter l'adversité. D'un naturel héroïque, le suivre dans ses péripéties n'est pas exempt d'un certain charme car il pousse l'exploration à son paroxysme en nous offrant un récit un brin dépaysant. A ses côtés se tient Uriale, une jeune femme douce et déterminée qui n'hésite pas à accompagner Jarvis dans toutes ses folies, le modère ou l'encourage en fonction des situations. Alter-ego, confidente, âme sœur, elle occupe toutes les places dans son cœur et sa vie, ainsi que dans cette croisade spatiale. 

En outre, cette édition propose un petit bonus à travers de belles illustrations qui ouvrent chacun des livres de cette saga. Voilà une belle entrée en matière qui donne à cette intégrale tout son charme et en font un bel objet. 

Avec Jarvis, Christian Léourier a su donner le goût de l'Imaginaire et particulièrement de la science-fiction à la jeune génération. En proposant des récits courts mêlant action et exploration, il a su faire vibrer le cœur des lecteurs au rythme de l'aventure. 

Fantasy à la Carte

Informations

Christian Léourier
Jarvis
L'Intégrale
9782375792070
960 pages
Editions Critic

30/11/2021

Sylvie Kaufhold, Les Héritiers, tome 3, Royaumes Ennemis, éditions du 38

Sylvie Kaufhold, Les Héritiers, tome 3, 
Royaumes Ennemis
éditions du 38

Avec la sortie des Héritiers, le temps est venu de conclure ma lecture du cycle, Royaumes Ennemis de Sylvie Kaufhold. 

Alors que le deuxième volet a été écrit comme un préquel, ce tome 3 est bien une suite directe aux Magiciennes car on y suit notamment les descendants des héros de la première heure. 

Reçu en service presse, je tiens à remercier Sylvie Kaufhold, ainsi que les éditions du 38 pour leur confiance renouvelée. 

Treize ans se son écoulées depuis la fin du premier tome, Khazan a unifié les peuples et constitué son empire des Steppes. La paix est revenue même si de nombreuses discordes demeurent. Sous l'impulsion de la reine Matricia, l'école du Cocon est née et accueille tous les élèves disposant de pouvoirs qui leur faut apprendre à maîtriser. Mais son rayonnement fait des jaloux, notamment du côté de la Ruche, dirigée par Violette qui voit ça d'un très mauvais œil et montre de plus en plus de velléités de domination. Alors q'un nouveau conflit semble inévitable, tous devront unir leurs efforts, y compris la jeune génération qui devra se montrer les dignes héritiers de leurs parents pour triompher à nouveau de l'adversité. 

Dans ce dernier opus, Sylvie Kaufhold nous attache aux pas de jeunes protagonistes qui se découvrent des pouvoirs et un destin. A travers eux, elle se fait l'autrice d'un récit initiatique reprenant ainsi un code très classique de la littérature fantasy. On y suit donc, tour à tour, Artemisia (fille de Zeïlin et de Muskin), d'Ayal (fille d'Iridiane), de Clic (fils de Matricia), de Dzhan (fils de Khazan), d'Asadi (fille de Tin) ou encore de Sahin (fils d'Okaï). Si Artemisia rejoint le Cocon pour apprendre à bloquer sa perception des pensées d'autrui, Asadi, elle, compte sur l'école pour maîtriser ses pouvoirs de chamane et éviter, qu'à terme, ils ne la tuent. Au prise entre leurs difficultés personnelles et leurs préoccupations adolescentes, chacun d'entre eux devra trouver sa place et déterminer le rôle qu'il devra jouer dans cette nouvelle lutte qui s'annonce. 

Sylvie Kaufhold utilise ces jeunes protagonistes pour explorer différentes thématiques comme les premiers émois amoureux, la construction de liens d'amitiés forts, l'apprentissage du vivre ensemble ou encore la compréhension de l'autre. 

Royaumes Ennemis suit une ligne directrice commune aux trois tomes, à savoir la lutte pour le pouvoir. Beaucoup des personnages de cette saga le cherchent en permanence et incarnent les dérives qui en découlent. Ici, c'est Violette qui se laisse griser par l'avidité au point de devenir despotique et incontrôlable. Il en ressort un texte à nouveau plein de bruit et de fureur qui nous entraîne sur la route de la domination, de l'arbitraire et de la félonie. L'autrice approfondit cette question avec beaucoup de justesse ne nous épargnant ni les abus, ni les injustices qui lui sont propres. 

Au fil des pages de ces trois romans, on rencontre bien des héros et des héroïnes auxquels on s'attache pour le meilleur ou le pire. Parfois on pleure en leur compagnie, d'autres fois, on tremble pour eux. Finalement, il y en a peu qui nous laissent indifférents tant leur destinée est mouvementée et pas sans danger. 

Avec Les Héritiers, Sylvie Kaufhold met un point final à cette trilogie qui ne manquera pas de vous faire voyager.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur Les Magiciennes et Les Origines

Informations

Sylvie Kaufhold
Les Héritiers
Tome 3
Royaumes Ennemis
978-2-37453-902-7
298 pages
Editions du 38

24/11/2021

Javier Negrete, Atagaïre, tome 3, Chronique de Tramorée, éditions L'Atalante

Javier Negrete, Atagaïre, tome 3, 
Chronique de Tramorée, éditions L'Atalante

Je profite de la récente sortie, dans la collection poche des éditions L'Atalante, d'Atagaïre pour poursuivre mon exploration de Chronique de Tramorée de Javier Negrete. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service presse. 

Dans ce troisième volet, Derguin Gorion a pris le chemin d'Etéménanki où il a bon espoir de retrouver la Syfron de son ami Mikhon Tiq afin de redonner vie à la statue qu'il est devenue. Chemin faisant, les épreuves ne manquent pas de se succéder, surtout lorsqu'il lui faut traverser des terres hostiles aux hommes comme celle des Atagaïres. Est-ce que son statut de Zemalnit lui vaudra un traitement de faveur ? Pendant ce temps, l'armée des Invaincus est en déroute. Profitant de la trahison de la reine de Malib qui a mis Forcas et Kratos hors service, un général dissident choisit ce moment précis pour organiser une mutinerie et prendre le pouvoir. Abandonnée à elle-même, Aidë sera-t-elle trouver la force pour résister ? Quant à Kratos, retrouvera-t-il le chemin de la liberté après cet inattendu revers ? L'aventure se poursuit pour les héros de Chronique de Tramorée et celle-ci les maintient bien volontiers en fâcheuse posture. 

Dans Atagaïre, on aborde le ton épique des grandes batailles car l'affrontement, que l'on pressentait inévitable dans les tomes précédents, entre les Invaincus et les Aïfolus arrive enfin. De fait, dans ce tome, on retrouve bien l'ambiance des campagnes militaires romaines, notamment dans les tactiques de combats utilisées ou le vocabulaire emprunté. L'auteur assure ainsi à ses lecteurs une pleine immersion dans cette épopée gréco-latine. Aussi, on perce les secrets des généraux tacticiens pour mener leur phalange au combat. Très vite, on perçoit le goût âcre du sang des combattants qui coule. De part et d'autres des armées, l'ordre laisse place à la boucherie et le chaos s'installe dans les rangs. L'horreur est alimentée par la présence de créatures cauchemardesques que sont les oiseaux de terreur qui servent de montures aux cruels glabres ou aux démons ailés et cracheurs de feu, exhumés par les Aïfolus eux-mêmes. Leurs mœurs sanguinaires apportent une bonne dose d'effroi à ce cycle tout en mettant en exergue les exactions de la guerre. 

Avec Atagaïre, on plonge également dans un récit teinté d’héroïsme où les personnages combattent pour la liberté. 

En outre, c'est un tome où l'on passe beaucoup de temps auprès des amazones, dites les Atagaïres. En effet, les pas de Derguin le conduisent à fouler leur terre. A travers ses yeux, on découvre cette société matriarcale où l'homme n'a finalement aucune place, si ce n'est en esclave reproducteur. L'auteur a inversé les choses en faisant de ces femmes soldates, les seules détentrices du pouvoir avec des hommes parqués dans un harem. On demeure dans une société de domination très conspiratrice entretenue par les nombreuses intrigues menées par certaines d'entre elles. A travers elles, l'auteur revisite l'image de la femme puissante mais qui finalement use des mêmes travers que le mâle dominant. Du reste, la soif de pouvoir semble l'élément le plus corrupteur d'une société. Qu'elles interviennent une arme à la main ou de manière plus subtile avec un esprit aiguisé, les femmes de cette saga se taillent une place de choix dans cette galerie de personnages et ce n'est pas pour me déplaire. 

Enfin, ce troisième volet est clairement un tournant dans notre perception de cette série que l'on pensait purement fantasy mais qui cache en réalité un dessein beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît aux premiers abords. Ici, aussi l'auteur se la joue influenceur du genre en proposant une redéfinition des codes puisqu'il n'hésite pas à en faire entrer d'autres en scène. Mais, ces petits cailloux à peine semés, voilà que la lecture arrive déjà à son terme, armons-nous donc de patience en attendant de lire le prochain épisode. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur Zémal (tome 1) et Syfron (tome 2). 

Informations

Javier Negrete
Atagaïre
Tome 3
Chronique de Tramorée
9791036000904
528 pages
Editions L'Atalante

17/11/2021

Javier Negrete, Syfron, tome 2, Chronique de Tramorée, éditions L'Atalante

Javier Negrete, Syfron, tome 2, 
Chronique de Tramorée, éditions L'Atalante

Avec Syfron, je reprends ma lecture de Chronique de Tramorée de Javier Negrete qui signe avec ce cycle, une grande fresque d'une fantasy avec un grand "F" pleine d'authenticité. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie chaleureusement Emma pour l'envoi de ce service presse. 

Devenu le nouveau Zemalnit, Derguin Gorion a pris ses quartiers dans la cité de Narak. Fort de sa notoriété, il s'y pense en sécurité, mais c'est mal connaître le genre humain qui se plaît à comploter. Or, après avoir échappé à une tentative de meurtre, il va vite prendre la mesure de la chausse-trappe dans laquelle il est tombé. Pendant ce temps, Kratos May a rejoint les rangs de la Horde Rouge. Sous les ordres de Forcas, l'armée des Invaincus s'est installée aux abords de Malib afin de se mettre au service de la reine Samikir. Mais les soldats s'impatientent du manque d'action et de la solde qui tarde à venir, les tensions montent et la suspicion pointe son nez. En outre, les velléités guerrières des Aïfolu pourraient bien mettre à mal la paix en Tramorée et obliger Derguin et ses compagnons à fourbir leurs propres armes pour contrer cette nouvelle menace. 

Avec Chronique de Tramorée, Javier Negrete rompt avec cette tradition d'insérer sa fantasy dans un Moyen-Âge fantasmé et revisité et propose plutôt un cadre d'action à la croisée d'influences diverses : gréco-latine, mésopotamienne ou encore ottomane. De fait, sa saga exhale un parfum enivrant d'évasion qui sent bon le sable chaud, les épices et les douceurs sucrées. Clairement, on apprécie ce changement de paradigme qui bouleverse nos habitudes de lecteurs pour un renouveau du genre bienvenu. 

Alors que dans Zémal, Javier Negrete nous posait les bases de son univers tout en nous laissant faire tranquillement connaissance avec ses personnages principaux, avec Syfron, on commence à percevoir les enjeux narratifs de cette saga, notamment, à travers la traîtrise de certains et les agissements des autres. 

Dans ce deuxième tome, l'auteur alterne les points de vue pour donner une vision plus large des événements critiques se déroulant en Tramorée tout en conférant à son récit un rythme haletant. Ainsi, en compagnie de Kratos May, on retrouve la puissante armée des Invaincus tombée entre les griffes de la venimeuse et très énigmatique reine de Malib. Perturbé par ses propres problèmes, il n'arrive pas à mesurer pleinement ce qu'elle peut bien manigancer en secret. On fait également la rencontre d'un jeune homme, prénommé Darkos qui va nous servir de témoin des terribles événements survenus à Ilfatar, annonciateur de dangers encore plus grands qui guettent toute la Tramorée. Tout comme lui, on prend conscience que ceci n'est qu'un premier round d'un pire à venir que seul un Zemalnit pourra affronter. Enfin, on marche dans les pas de Derguin Gorion que l'on retrouve tombé dans les filets de conspirateurs zélés qui pourraient bien le détourner de sa mission principale, à savoir la lutte contre les démons et autres créatures maléfiques. 

Ici, Javier Negrete mise sur différentes intrigues pour enrôler ses lecteurs dans un maelström d'aventures tumultueuses aux rebondissements inattendus. On se laisse complètement happer par ces destins qui s'écrivent dans la lutte et le machiavélisme. La lecture n'en est donc que plus captivante. 

En outre, de nouveaux personnages féminins font leur entrée dans ce tome 2 avec d'un côté, la courtisane Neerya qui ne laisse, d'ailleurs, pas indifférent Derguin et de l'autre côté, Aïdé, la fille du précédent Zemalnit, concubine de l'actuel chef des Invaincus mais qui lui préfère en secret le très charismatique Kratos May. Leur présence vient contrebalancer cette prédominance du héros mâle, seul détenteur du pouvoir. Néanmoins, même si elle féminise un peu l'épopée, elles sont ici encore trop cantonnées au rôle d'ornement et n'ont donc pas encore pris pleinement le pouvoir. Alors, j'ai hâte de lire la suite pour voir quelles évolutions l'auteur va leur donner

En attendant, avec ce deuxième volet, Javier Negrete nous fait entrer de plein pied dans une fantasy purement addictive où héroïsme et machination n'auront de cesse de se confronter. 

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog mon avis sur Zémal (tome 1 de Chronique de Tramorée) de Javier Negrete. 

Informations

Javier Negrete
Syfron
Tome 2
Chronique de Tramorée
9791036000898
842 pages
Editions L'Atalante

12/11/2021

Clément Bouhélier, Le Combat des Ombres, tome 3, Olangar, éditions Critic

Clément Bouhélier, Le Combat des Ombres, tome 3, 
Olangar, éditions Critic

Il y a des sorties littéraires que l'on attend avec impatience et fébrilité. Le dernier volet de la série Olangar de Clément Bouhélier est clairement de celle-ci. 

Emportée par sa fantasy coup de poing et envoûtée par son univers féroce, je me suis replongée dans son cycle avec beaucoup de plaisir. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Malgré tous ses efforts, Evyna d'Enguerrand n'a pas pu empêcher l'invasion d'Olangar. La ville est tombée sous le joug des duchés, maintenant dirigée par le colérique Lec Rossio, depuis la fuite du chancelier Ransard d'Alverny. Le quotidien des Olangardais s'est nettement dégradé. Des miliciens maintiennent l'ordre avec force et violence. Toute forme de rébellion est tuée dans l’œuf. Les habitants rasent les murs et détournent le regard face aux abus et aux excès de violence. Tous semblent résignés à leur dort. Pourtant les héros d'hier ne sont pas loin, ils se préparent à l'ombre des regards pour tenter une action et libérer la cité de ses chaînes. La dame du Sud n'a pas dit son dernier mot et elle ne compte pas revenir seule. Mais arriveront-ils à triompher à nouveau de leurs ennemis qui semblent toujours plus nombreux ? 

Avec Le Combat des Ombres, Clément Bouhélier nous accorde une dernière halte à Olangar avant de mettre un point final à sa série explosive. 

Cadre principal de l'action et refuge pour les protagonistes de Clément Bouhélier, Olangar incarne bien des visages dont celui de cité-personnage car son omniprésence entre ces lignes en fait parfois une héroïne à part entière. En effet, derrière la multitude d'histoires tissées par l'auteur, il y a également celle de cette ville dont le destin s'est écrit par le fer et le sang. Elle est un enjeu de pouvoir pour les plus aisés qui voient en elle, un moyen d'enrichissement toujours plus important, mais elle est également une chance de s'élever vers une certaine égalité pour les moins fortunés. A Olangar, on lutte pour une égalité de droits, pour le progrès social et pour la liberté de paroles pour tous. En un mot, Olangar est un symbole.

Or, dans Le Combat des Ombres, tout ce que cette cité représente est complètement mis à mal. La liberté est dévoyée, la discrimination a libre court et les représailles sanglantes sont devenues le quotidien des habitants. Clément Bouhélier a fait basculer sa ville sous un régime autoritaire où toutes les aberrations sont devenues monnaie courante. Exécutions, exactions, emprisonnements abusifs égrènent les pages de ce nouveau roman. Il en ressort un récit implacable et sombre qui prend aux tripes et fait saigner nos cœurs devant tant d'injustice et l’impuissance qui l'accompagne. Dans la lignée de ses précédents romans, Clément Bouhélier continue de se faire l'auteur d'une fantasy engagée et militante, totalement déshabillée de ses atours féeriques, pour délivrer une critique au vitriole de nos sociétés ultra-capitalistes. 

Chaque roman est riche d'une intrigue indépendante qui s'articule autour d'un même modèle mêlant suspense et action. L'auteur se fait fort de surprendre ses lecteurs en leur proposant de mettre à jour des conspirations impliquant corruption politique et coup d'état dans chacun de ses livres. Aussi, dans Le Combat des Ombres, tout porte à croire que le pouvoir a basculé aux mains d'un despote coléreux et avide de suprématie. Entre une totale liberté et une absence de garde-fou, tout semble perdu pour Olangar et ses habitants. Alors que certains enquêtent dans l'ombre sur d'odieux assassinats, d'autres organisent la résistance entre les murs de la cité et même au-delà car chacun des protagonistes de Clément Bouhélier espèrent être celui ou celle qui fera la différence dans ce combat qui s'annonce d'ores et déjà très inégale. 

Il est vrai que Clément Bouhélier respecte une certaine parité dans la galerie de personnages qu'il nous propose au fil des tomes. Néanmoins, on notera qu'il accorde aux femmes un rôle très important. Loin de l'image de la femme fatale ou de l'héroïne badasse, on retrouve sous les traits de ses personnages féminins, un courage indiscutable et une force de caractère manifeste. Il n'y a d'ailleurs pas que la dame du Sud, Evyna d'Enguerrand qui s'illustre entre ses lignes car d'autres femmes vont occuper une position décisive dans cette lutte pour la liberté. Elles font la différence par les stratégies qu'elles mettent en place et la ruse dont elles abusent, ce qui les rend finalement d'autant plus crédibles et attachantes. 

Avec Olangar, l'auteur nous rappelle que malgré les difficultés de renverser l'ordre établi, chacun d'entre nous, en se réunissant, peut changer la donne. Il ne faut donc pas oublier les fondamentaux pour rendre le changement possible car l'union fait toujours la force. Avec Le Combat des Ombres, il démontre finalement que la démocratie peut toujours éloigner les ombres de la tyrannie lorsque la volonté du plus grand nombre est réunie. 

Avec cet ultime opus, il se fait l'auteur d'un récit âpre mais pas dénué d'un certain espoir. 

Alors que la dernière page est tournée, il nous laisse malgré tout avec un petit pincement au cœur d'en avoir fini avec ses récits plein de fougue et de morgue d'autant que certains de ses héros vont continuer à écrire leur destin à l'abri de nos regards de lecteurs indiscrets. 

Fantasy à la Carte

Informations

A lire aussi mes avis sur Bans et Barricades (partie 1 et 2) et Une Cité en Flammes

Clément Bouhélier
Le Combat des Ombres
Tome 3
Olangar
Editions Critic

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09/11/2021

John Lang, Le Bouclier Obscur, collection Hélios, éditions ActuSF

John Lang, Le Bouclier Obscur, collection Hélios, éditions ActuSF

Auteur, compositeur et musicien, John Lang est surtout connu pour sa saga humoristique : Le Donjon de Naheulbeuk, dont les deux premières saisons ont été exclusivement diffusées sur internet sous forme de fichiers audio.  Mais  face au succès grandissant, cette saga est publiée par la suite au format de romans entre 2008 et 2011. 

Pourtant, Le Donjon du Naheulbeuk n'est pas son premier essai d'écriture puisqu'en 2006, les éditions Rivière Blanche publient son premier roman, Le Bouclier Obscur qui sera maintes fois réédité. 

D'ailleurs, il ressort aujourd'hui en poche dans la collection Hélios dont le but est de redonner de la visibilité à ce texte atypique. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse.

Jeune professeur d'informatique, Uther s'ennuie ferme dans son quotidien, seulement égayé par de bonnes parties de jeux vidéo ou de mémorables livres tirés des littératures de l'Imaginaire. En allant dépanner l'ordinateur de l'ami curé d'un collègue, il était loin d'imaginer ce que cachait le coriace virus qui infectait la machine. Mais la mort violente de l’ecclésiastique ne lui laisse que peu de doutes sur le monstre qu'il a malencontreusement laissé échapper du programme informatique. Sans réellement bien réaliser dans quelle folie il s'embarque, Uther accepte de traquer ce démon afin de sauver le monde d'une probable apocalypse. Mais est-ce qu'un simple humain peut-il faire la différence quant le démoniaque est à l'oeuvre ? 

Dans Le Bouclier Obscur, John Lang emprunte autant au thriller, au post-apo qu'au fantastique pour livrer un texte sombre et singulier. 

Ici, la figure du tueur en série prend les traits d'un démon qui laisse derrière lui un sillage sanglant et funèbre. 

Dès les premières pages, l'auteur ne laisse donc aucun doute au lecteur quant au type de récit qu'il est en train de lire. Aussi, le ton est donné immédiatement et le cœur devra être bien accroché car le livre s'annonce d'emblée violent et sordide. Le Bouclier Obscur nous plonge dans une chasse aux démons qui vire au cauchemar. Au fil de l'enquête, on découvre l'existence d'une société secrète, religieuse et ésotérique dont les origines remontent au Moyen-Âge. Cela laisse planer une vraie aura de mystère sur ces investigations peu ordinaires qui peuvent d'ailleurs rappeler l'ambiance de certains romans de Dan Brown. 

Cependant, malgré la gravité des enjeux, l'auteur n'a pas manqué de ponctuer son roman de notes d'un humour noir qui s'expriment essentiellement  par l'entremise de ses personnages, comme notamment le narrateur, Uther Lelance. John Lang a choisi de miser sur des anti-héros pour mener l'aventure. Volontaires mais volontiers dépassés par les événements, Uther et son élève et compagnon d'infortune ici, James ne sont là que par le fruit du hasard et on ne peut pas dire qu'ils incarnent la figure du sauveur de manière très crédible. Parfois désabusé, souvent étourdi, Uther décroche de temps en temps pour s'accorder des moments de jeux avec son comparse James pour lâcher la pression. Le comportement de ces héros est si imprévisible qu'ils donnent au texte son côté décalé et détonnant. 

Avec Le Bouclier Obscur, John Lang signe un post-apo qui ne manque pas d'originalité même s'il est un tantinet trop glauque à mon goût. 

Fantasy à la Carte

John Lang
Le Bouclier Obscur
Collection Hélios
978-2-37686-392-2
312 pages
Editions ActuSF

05/11/2021

P. Djèli Clark, Ring Shout : Cantique Rituel, éditions L'Atalante

P. Djèli Clark, Ring Shout : Cantique Rituel, éditions L'Atalante

Historien et romancier américain, P. Djèli Clark s'est illustré en écrivant des romans ou novellas de science-fiction, de fantasy et d'horreur. Parmi ses nouvelles, on peut déjà signaler L’étrange affaire du djinn du Caire, ainsi que Le mystère du tramway hanté

Côté romans, il est l'auteur des Tambours du dieu noir, puis de Ring Shout : Cantique Rituel. Ce dernier lui vaut d'ailleurs pléthore de récompenses : le prix Nebula du meilleur roman court 2020, le prix Locus du meilleur roman court 2021 et le prix British Fantasy du meilleur roman court 2021. Enfin, il est même en lice pour le prix Hugo 2021. Or, autant de distinctions forcent le respect et ne peut qu'attirer l'attention. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Depuis la sortie du film, Naissance d'une Nation, les rangs du Ku Klux Klan ne font que grossir de blancs en mal de suprématie qui persécutent impitoyablement les gens de couleur. A Mâcon, en 1922, un groupuscule de ces zélotes sectaires vont croiser la route d'une certaine Maryse Boudreaux, un peu sorcière sur les bords, accompagnée d'une poignée de femmes résistantes qui se sont données pour mission de traquer cette engeance maléfique pour les mettre hors d'état de nuire. A ce jeu, ces pourfendeuses, amatrices d'explosifs et pros de la gâchette se débrouillent plutôt pas mal et ça tombe bien car quelque chose de pas net s'en vient mais seront-elles réellement capables de l'arrêter ? 

Ring Shout : Cantique Rituel s'adosse à un cadre historique uchronique faisant référence à la renaissance du Klan qui fait suite à la projection du film de D.W. Griffith, Naissance d'une Nation. Un film controversé dès sa sortie pour son discours raciste et son apologie au Ku Klux Klan. En effet, ici l'auteur s'est beaucoup intéressé à la psychologie de ses membres en faisant d'eux des monstres au sens littéral du terme. Aussi, ces Ku Klux nous apparaissent entre ces lignes comme des créatures diaboliques et surnaturelles qui déchiquettent et démembrent leurs victimes. Néanmoins, tous les adeptes ne sont pas encore tous des êtres transformés, certains sont simplement hypnotisés par cette idéologie extrémiste et terroriste. Ils incarnent donc le mal que doivent combattre Maryse et ses amies. 

Avec Ring Shout : Cantique Rituel, P. Djèli Clark propose une fantasy envoûtante qui renverse le postulat originel du genre dans ses codes classiques en proposant un récit où le merveilleux tutoie l'horreur. En mettant en lumière cette société secrète prônant la suprématie blanche, il porte le regard sur les heures sombres qui ont marqué l'histoire des Etats-Unis d'Amérique après la guerre de Sécession sans perdre de vue ses résurgences sur l'Amérique actuelle. En sa qualité de chercheur, ses études sur l'esclavage et l'émancipation ont clairement nourri ce texte. Il replace au centre de sa réflexion des thématiques importantes traitant aussi bien des persécutions des minorités, du désir de libération des peuples ou de la défense de l'égalité entre les hommes. L'amour de la vie se dispute à la haine d'autrui dans ce livre. 

Avec Ring Shout : Cantique Rituel, P. Djèli Clark signe un roman bouleversant qui dégage une puissante sagesse. Il puise dans les rituels pratiqués par les esclaves pour conjurer la pesanteur de leur condition pour donner à son texte une vraie poésie. Aussi, les chants deviennent la magie pour repousser la noirceur du mal dans les limbes de l'oubli. 

Le récit n'en est que plus prenant et la fantasy, ensorcelante. En outre, dans Ring Shout : Cantique Rituel, P Djèli Clark donne la parole aux femmes car ce sont bien Maryse, Chef et Sadie qui détiennent le pouvoir ou en tout cas manient les armes pour traquer et éliminer la menace. 

C'est d'ailleurs en compagnie de Maryse Boudreaux que l'on passe le plus de temps dans ce livre. Son héroïne principale, P. Djèli Clark l'a voulu courageuse mais pas infaillible. Persécutée par ses propres démons intérieurs, il lui faudra mesurer chacune de ses décisions, et peser chacun de ses actes avec circonspection pour espérer mener cette bataille jusqu'au bout. Clairement, on se plaît à marcher dans les pas de cette femme touchante qui nous emporte au cœur d'un juste combat. 

En quelques mots, Ring Shout : Cantique Rituel nous happe dans un conte fabuleux qui résonne d'une vérité toujours d'actualité. C'est un texte troublant, un coup de cœur littéraire et émotionnel pour lequel on ne souhaite que le meilleur. 

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog, mon avis sur Le Mystère du Tramway Hanté

Informations

P. Djèli Clark
Ring Shout : Cantique Rituel
9791036000928
176 pages
Editions L'Atalante

02/11/2021

Pauline Andreani, Un Murmure de Voix, tome 1, Camden, les éditions du Petit Caveau

Pauline Andreani, Un Murmure de Voix
tome 1, Camden
éditions du Petit Caveau

Autrice et scénariste, Pauline Andreani a fait son entrée dans les littératures de l'Imaginaire en écrivant une série littéraire intitulée Camden et publiée aux éditions du Petit Caveau

Reçu dans le cadre de la dernière Masse Critique "Mauvais Genres", je remercie l'équipe de Babelio, ainsi que les éditions du Petit Caveau pour l'envoi de ce service de presse qui me donne l'occasion de découvrir une nouvelle voix du genre. 

Humphrey était loin d'imaginer, lorsqu'il vit le jeune Camden entrer dans le bar où il travaillait que sa vie était sur le point de basculer. S'il l'avait su, peut-être qu'il ne lui serait pas venu en aide. Pourtant quand l'un de ses collègues menace de tabasser le jeune homme, Humphrey s'interpose. Mais, cela lui vaut un renvoi immédiat. Éberlué par la situation, il se laisse sans mal convaincre de suivre Camden dans ses aventures de spirite. En effet, le garçon, en sa qualité de parapraticien, peut communiquer avec l'au-delà. Or, un drame vient de survenir à la demeure des Flemington : leur bonne a été assassinée et leur enfant est introuvable. Quoi de mieux pour résoudre un crime que de faire parler la victime. Il n'y a pas meilleur témoin, vous en conviendrez ! Ni une ni deux, Camden décrète qu'Humphrey lui fera un assistant parfait et l'embarque dans la résolution d'une énigme très rocambolesque. 

Dans Un Murmure de Voix, on file le train à un duo de héros improbable formé par Humphrey Glasgow et Camden Elmore. Aux antipodes l'un de l'autre, Humphrey est d'un caractère taciturne alors que Camden est solaire et extraverti. Tous deux nous entraînent dans une enquête où le fantastique flirte avec le crime. On retrouve un peu de Sherlock Holmes et du docteur Watson dans leur manière de fonctionner avec un Humphrey, narrateur de cette histoire qui se laisse surprendre par la tournure des investigations, incapable de deviner ce que le jeune Camden mijote. Clairement, on apprécie l'extravagance de l'un et la pondération de l'autre. 

Néanmoins, on en apprend finalement peu sur eux, l'autrice ne s'est pas attardée sur l'histoire personnelle de chacun d'eux, préférant plonger le lecteur bille en tête au cœur de l'action. En effet, le format court oblige à faire fi d'un préambule d'exposition pour rentrer directement dans le vif du sujet. Cela a l'avantage de proposer une intrigue sans temps mort et l'inconvénient de priver le lecteur de détails importants pour l'attacher pleinement à l'histoire. Mais si l'on garde à l'esprit que Camden est une série, on peut imaginer que ce premier tome se présente surtout comme une invitation à lire la suite pour enfin combler notre curiosité de lecteurs. 

Avec Un Murmure de Voix, Pauline Andreani nous plonge dans un polar ésotérique qui, de fil en aiguille, nous conduit à mettre à jour des drames humains où le sordide et le tragique vous prennent au cœur. Au-delà du folklore de la fonction de spirite, l'autrice signe un texte assez prenant. Le rythme et l'émotion sont bien au rendez-vous. 

Un Murmure de Voix m'a non seulement offert l'opportunité de m'intéresser à une nouvelle signature de l'imaginaire tout en me permettant de lire un premier roman édité par Le Petit Caveau. Un voyage plaisant qu'il faudra clairement renouveler. 

Fantasy à la Carte

Informations 

Pauline Andreani 
Un Murmure de Voix
Tome 1
Camden
978237420180
160 pages
Editions du Petit Caveau 

Lien vers le site

29/10/2021

Robert Jackson Bennett, Le Retour du Hiérophante, tome 2, Les Maîtres Enlumineurs, éditions Albin Michel Imaginaire

Robert Jackson Bennett, Le Retour du Hiérophante
tome 2, Les Maîtres Enlumineurs
éditions Albin Michel Imaginaire

Après un premier tome qui a beaucoup agité la communauté de l'Imaginaire, Robert Jackson Bennett a donné une suite à son très intriguant premier tome des Maîtres Enlumineurs

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Albin Michel Imaginaire, je remercie Gilles Dumay pour l'envoi de ce service de presse. 

Dans ce tome 2, on retrouve Sancia, Bérénice, Orso et Grégor qui sont engagés dans une nouvelle mission, celle de démocratiser la création et l'usage des enluminures à tout le monde, tout en cherchant à mettre à mal l'hégémonie des maisons commerciales. Tout à leurs occupations délicates, ils mettent à jour une nouvelle cabale orchestrée par le camp Dandolo qui vise à ramener à la vie un hiérophante. Mais seront-ils capables d'empêcher le pire d'arriver car l'avenir même de Tevanne et de ses habitants est compromis ?

Avec Le Retour du Hiérophante, on foule à nouveau les rues de Tevanne, cette cité érigée au rang de personnage tant elle est omnisciente dans ce récit. En servant de cadre d'action des deux premiers volets des Maîtres Enlumineurs, elle incarne à elle-seule l'univers dans lequel Robert Jackson Bennett fait se dérouler son intrigue. A ce titre, elle joue un rôle important car son édification et son fonctionnement servent un dessein précis. Les descriptions nous révèlent immédiatement la nette séparation entre les quartiers aisés et les quartiers pauvres. Deux mondes qui s'évitent et qui s'opposent. La fracture sociale y est palpable. Or, dans Le Retour du Hiérophante, l'auteur a à cœur de nous dépeindre cette société clivante au moment où elle est sur le point de s'effondrer. Dans ce roman, on arrive à ce point de bascule civilisationnelle avec d'un côté, les puissants qui s'autodétruisent, grisés par un trop plein de pouvoirs et de l'autre côté, le réveil des consciences d'une population avide de se libérer de ses chaînes et de bénéficier d'un traitement plus égalitaire. 

Sous un vernis mâtiné de fantasy, Robert Jackson Bennett signe un cycle sociétal et social où il aborde finalement des problématiques qui agitent toute civilisation au bord du chaos. Avec Les Maîtres Enlumineurs, il se fait l'auteur d'une fantasy engagée, presque militante, portée par un groupe de héros qui se bat pour un monde plus juste et équitable. D'autant, qu'il est également question d'esclavagisme même si cette thématique demeure en arrière-plan dans ces deux premiers volets pour sans doute être traité de manière plus approfondie dans le prochain tome. Entre ces lignes, on ressent clairement le poids de l'Histoire des Etats-Unis d'Amérique et les combats menés par les esclaves pour gagner leur liberté. 

En outre, ce cycle dégage une vraie singularité car derrière les mécanismes de cette magie minutieusement élaborés se dessinent les contours d'un transhumanisme assumé où certains personnages de l'histoire dont l'héroïne principale elle-même ont été altérés dans le but d'une amélioration de leurs capacités. Sur le principe, ce procédé s'apparente à un progrès technologique intéressant et utile, à la condition de l'obtention du consentement des personnes concernées. Or, Sancia comme tant d'autres n'ont pas eu voie au chapitre sur la question et n'accepte pas d'en payer les conséquences. Ainsi, Robert Jackson Bennett alerte clairement sur les dangers de telles pratiques lorsque le libre-arbitre est ignoré. 

Fort de toutes ces thématiques, Le Retour du Hiérophante dégage une vraie maturité dans l'écriture et une belle avancée de l'histoire rendant ce récit d'aventure très captivant. 

Avec Les Maîtres Enlumineurs, Robert Jackson Bennett harponne très rapidement ses lecteurs pour leur faire emprunter des chemins inattendus pour le genre mais qui ne manquent pas d'intérêt.  Autant vous dire que j'attends la suite de pied ferme. 

Fantasy à la Carte

Sur la blogosphère, lisez les avis de La Geekosophe, de Dup de Book en Stock, du Culte d'Apophis, du Chien Critique, et de La Bibliothèque d'Aelinel

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A lire aussi mon avis sur le tome 1

Robert Jackson Bennett
Le Retour du Hiérophante
Tome 2
Les Maîtres Enlumineurs
9782226441522
625 pages
Editions Albin Michel Imaginaire

23/10/2021

Morgan of Glencoe, Ordalie, troisième chant, La Dernière Geste, éditions ActuSF

Morgan of Glencoe, Ordalie, Troisième Chant, 
La Dernière Geste
collection Naos, éditions ActuSF

A l'occasion de cette nouvelle édition du Mois de l'Imaginaire, les éditeurs du genre ne sont pas avares en animations et en publications de qualité. 

D'ailleurs, chez ActuSF, ils ont profité de l’événement pour faire paraître, dans la collection Naos, le très attendu troisième volet de La Dernière Geste. Mieux encore, son autrice, Morgan of Glencoe, est l'invitée du "Mois de" chez Book en Stock. Aussi, elle va nous donner l'occasion d'en apprendre plus sur elle et sur son fabuleux cycle de fantasy.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Book en Stock, je remercie Dupinette et Phooka pour l'invitation, ainsi que les éditions ActuSF pour l'envoi de ce service de presse. 

Suite à l'agression de l'Aeling Mistral par des soldats français, les relations diplomatiques entre Keltia et la France se sont nettement dégradées. En effet, entre les velléités du jeune roi Louis-Philippe II et les représailles commerciales des Keltiens, les ambassadeurs japonais et ottoman ont bien du mal à faire tampon. La guerre semble inéluctable. Pour Yuri, une seule solution s'impose à elle, à savoir, retourner à la cour de France afin de défendre au mieux les intérêts de Keltia, d'obtenir le soutien des autres membres de la Triade et peut-être de faire fléchir ce pompeux et bien présomptueux roi de France... 

Avec Ordalie, Morgan of Glencoe signe un tome charnière qui marque un tournant dans ce cycle. Véritable point de bascule narratif, ce livre cristallise toutes les tensions faisant monter la pression crescendo. C'est le roman de tous les dangers autant pour les personnages dans leur histoire personnelle que pour les royaumes dans leur destin. 

Ecrire une pentalogie est un challenge ambitieux qui nécessite à la fois de construire un univers fouillé et de dérouler une intrigue principale cohérente. C'est un travail au long cours qui doit tenir la distance tout en évitant les écueils des longueurs narratives pour garder son lectorat captif tout au long du récit. 

Avec Ordalie, on a atteint la moitié du cycle de La Dernière Geste et on arrive donc à ce moment de lecture où l'on peut légitimement juger la valeur de ce texte. En effet, maintenant que l'on est parfaitement bien immergé dans les enjeux de l'intrigue et que l'on a fait connaissance avec tous les protagonistes, on peut s'abandonner pleinement à l'histoire et l'apprécier jusque dans les moindres détails. 

Toute jeune plume qu'elle est, Morgan of Glencoe nous impressionne par la profondeur de son écrit, la pertinence de ses mots et son indéniable qualité de conteuse. 

J'ai particulièrement apprécié ce troisième volet où elle explore avec beaucoup de justesse la psychologie de ses personnages, en les poussant dans leur retranchement, et en les plaçant face à leurs contradictions pour en faire sortir le meilleur comme le pire.