29/05/2023

Johan Heliot, Guerre & Peur, éditions Mnémos

Johan Heliot, Guerre & Peur, éditions Mnémos 

Considéré par beaucoup comme le maître de l'uchronie française, Johan Heliot cumule déjà au compteur plus de 80 titres. 

Pour ma part, ce n'est que très récemment que l'occasion m'ait été donnée de lire deux de ses romans : La Fureur des Siècles (éditions Critic) et Bloodsilver (éditions Mnémos) et je dois dire que l'alchimie a pris instantanément avec cette plume qui se joue habilement de l'Histoire. 

Après la Conquête de l'Ouest et la Renaissance, le voici qui m'entraîne, avec son nouveau roman Guerre & Peur, dans le XXe siècle dévasté. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

1923, le jeune Jean Valmont s'apprête à rejoindre le front car la guerre opposant les Français aux Allemands perdure depuis dix ans. C'est le cœur déchiré de devoir quitter les siens et enserré par une peur panique de mourir que Jean débarque dans les tranchées pour participer à son premier affrontement. Mais alors qu'il pense sa derrière heure arrivée, il est le seul survivant au massacre de son bataillon. Doit-il ce miracle à un coup de chance ? Il n'y croit plus lorsqu'il voit débarquer un haut gradé lui demandant de le suivre. En effet, celui-ci lui confirme qu'il est devenu un être particulier en développant une capacité l'empêchant de mourir et lui propose de rejoindre son escouade afin de participer à une mission de la plus haute importance, à savoir mettre fin à la guerre. Seulement des forces obscures sont à l'œuvre, alors arriveront-ils à leur fin ? 

Mon avis :

Sous la plume de Johan Heliot, la Première Guerre Mondiale joue les prolongations et s'étire en longueur au point d'avoir quasiment essoré les deux camps. Or, face à cette impasse, les chefs d'Etat-Major eux-mêmes souhaitent trouver une sortie à ce conflit insensé. Mais, c'est sans compter l'intervention d'un inquiétant personnage se faisant appeler le Maître de la Terreur. C'est un véritable fauteur de troubles qui ne souhaite absolument pas le retour de la paix. 

Comme dans tout récit uchronique, on assiste donc à un défilé de personnages historiques qui viennent habilement prendre place entre ces lignes pour connaître un tout autre destin. 

Comme à son habitude, Johan Heliot a mis sa créativité au service de son imaginaire en insufflant une bonne dose d'onirisme à son texte. Celui-ci s'exprime par les dons particuliers que certains élus ont pu développer à travers la peur qui fait office ici de moteur. Il est de notoriété que cette dernière est un excellent outil pour influencer l'opinion, alors transformer son ascendance sur les esprits en pouvoir est une trouvaille plutôt ingénieuse. Clairement cela fonctionne bien ici pour donner naissance à une poignée de supers-héros qui n'ont pas à rougir de ceux tirés des premiers comics. Poigne d'acier, invisibilité ou immortalité, vous remarquerez que leurs dons n'ont rien de novateur mais pourtant s'avèrent bien utiles pour remplir les missions assignées. Elle n'est pas des moindres d'ailleurs puisqu'il s'agit de sauver l'Europe de l'extinction si ce conflit meurtrier devait encore continuer. 

26/05/2023

Tricia Levenseller, La Fille du Roi Pirate, éditions Hugo Stardust

Tricia Levenseller, La Fille du Roi Pirateéditions Hugo Stardust 

Après le succès de La Reine des Ombres, vendu à plus de 20 000 exemplaires, Tricia Levenseller est de retour au catalogue des éditions Hugo Stardust avec La Fille du Roi Pirate.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Hugo, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse qui m'a donné l'occasion parfaite de découvrir cette plume de l'imaginaire que je ne connaissais point encore.  

Résumé :

Alosa Kalligan est la fille du redoutable Roi Pirate. Or, maintenant qu'elle est devenue une pirate à son tour, il a décidé de la mettre au défi de s'infiltrer sur le bateau d'un équipage rival pour leur subtiliser une carte et les lui livrer pieds et poings liés. C'est ainsi qu'elle organise l'abordage de son propre navire et qu'elle se laisse volontairement emprisonnée par l'ennemi. Mais alors qu'ils la pensent inoffensive car enfermée à double tour dans une cellule à fond de cale, Alosa trouve le moyen de s'éclipser chaque nuit afin de fouiller le gréement de fond en comble. Seulement, c'est sans compter le séduisant second, Riden, qui n'est jamais bien loin d'elle et dont la présence la perturbe plus qu'elle ne veut se l'avouer à elle-même. Alors réussira-t-elle à éblouir une nouvelle fois son père en menant à bien cette périlleuse mission ? 

Mon avis :

Comme mentionné dans le titre, La Fille du Roi Pirate nous immerge dans l'univers de la piraterie nourrie d'arraisonnages et de chasses aux trésors. Dans ce premier volet, les trois quart de l'action se déroulent à bord d'un navire pirate où la narratrice est confinée. A part suivre ses expéditions nocturnes émaillées d'escarmouches verbales ou physiques, il ne se passe pas grand chose. En tout cas, l'autrice est plutôt avare en détails concernant son monde imaginaire. La clé de celui-ci réside dans cette carte à reconstituer, censée indiquer l'emplacement de la légendaire Isla de Canta, une île mystérieuse remplie de richesses et gardée par des sirènes. 

Mythe ou réalité, la question se pose au début du roman. Cela a tout de même l'intérêt d'introduire la figure de la sirène et de donner ainsi au récit sa dimension onirique. L'autrice s'inspire, d'ailleurs, du folklore médiéval nord européen pour nourrir sa représentation de cette créature marine qui est donc ici mi-femme mi-poisson. Elle lui attribue cette même capacité d'ensorceler les humains par le chant et une beauté irrésistible. En outre, elle lui accorde également une sensibilité émotionnelle lui permettant de percevoir les sentiments des autres grâce au dégradé de couleurs qui se dégage de leurs auras. 

23/05/2023

Lucie Thomasson, Le Monde des Premiers, tome 2, collection Naos, éditions Mnémos

Lucie Thomasson, Le Monde des Premiers
tome 2, 
collection Naos, éditions Mnémos 

En 2022, une nouvelle signature de l'Imaginaire a rejoint le catalogue des éditions Mnémos. Bluffée par la richesse de l'univers de Lucie Thomasson imaginé dans son premier roman, il me tardait d'y retourner. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Si Victoire a réussi à se rapprocher de la famille Hamilcar pour assouvir sa vengeance, Guilhem, lui, se retrouve piégé par les machinations des Litréans. Quant à Dimitri, il suit son propre chemin tout en veillant à la bonne marche des choses. Seulement, face à tous ces requins sans état d'âme, ont-ils le moindre espoir de triompher de leurs ennemis ? Rien n'est moins certain. 

Mon avis :

Avec ce tome 2 du Monde des Premiers, Lucie Thomasson conclut magistralement sa duologie. Ce récit dégage une vraie maturité digne des plus grandes plumes du genre. L'ingéniosité du système de magie mis en scène et la qualité des intrigues sont de réels atouts pour ce premier roman. 

Dans ce second volet, les événements s'accélèrent et prennent un tour critique. Le temps est venu pour les protagonistes de Lucie Thomasson de dévoiler leurs jeux et de faire tomber les masques. 

Bien que classé en Young Adult, l'autrice n'est pas pour autant tendre avec les personnages de sa duologie. En effet, elle en sacrifie au besoin car on ne peut pas défier les puissants sans y laisser des plumes. Alors par souci de crédibilité et pour être  en accord avec les ambitions de cet univers implacable, les têtes tombent sous sa plume et la vengeance prend un goût amer. La force de ce texte réside aussi dans l'inattendu que chaque nouveau chapitre réserve à ses lecteurs. Rien de convenu dans Le Monde des Premiers où l'autrice s'affranchit des clichés et des archétypes pour signer un page-turner des plus haletant. Il faut dire qu'elle a concocté à ses personnages des destins surprenants qui nous tiennent littéralement en haleine jusque dans les dernières lignes de ce récit. Elle n'est pas là pour faire plaisir aux lecteurs mais plutôt pour leur soutirer quelques émotions, ainsi qu'une certaine impatience et je dois dire qu'à ce jeu,, elle y excelle très bien. Maintenant, vous êtes prévenus !

20/05/2023

Nghi Vo, Quand la tigresse descendit de la montagne, éditions L'Atalante

Nghi Vo, Quand la tigresse descendit de la montagne, éditions L'Atalante 

En ce mois de mai, la délicate plume de Nghi Vo fait, à nouveau, les honneurs du catalogue des éditions L'Atalante. En effet, après L'Impératrice du Sel et de la Fortune, le temps est donc venu de lire Quand la tigresse descendit de la montagne

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

On retrouve l'adelphe Chih, à nouveau, sur les routes en quête de nouvelles histoires à consigner. Pour ce voyage, elle a rejoint la compagnie de Si-yu et de ses mammouths royaux qui servent ici de montures. Un jour, elles sont pourchassées par trois tigres qui les acculent dans une grange. Or, derrière cette apparence se dissimulent trois femmes qui ont bien envie de les dévorer. Sauf que Chih a l'idée de leur raconter une histoire afin de gagner du temps. C'est ainsi que l'adelphe choisit de conter le fabuleux destin de Ho Thi Thao et d'une mystérieuse lettrée. Mais est-ce que cela sera suffisant pour leur sauver la mise ? 

Mon avis :

Avec Quand la tigresse descendit de la montagne, Nghi Vo nous offre à nouveau un récit peuplé de mythes et de créatures fantasmagoriques qui prennent vie sous sa plume pour envoûter les lecteurs. Plus familier de la mythologie grecque ou de la geste arthurienne, c'est très agréable de se laisser bercer par d'autres influences qui donnent à cette fantasy son caractère dépaysant. 

Nghi Vo s'inspire ainsi de mythes d'Asie du Sud-Est, notamment à travers la symbolique du tigre qui est considéré comme un animal ambivalent, associé aux esprits et qui, allégoriquement, vit à la lisière entre la civilisation et le monde sauvage. Dans la culture javanaise existe la légende du tigre-garou faisant référence soit à la réincarnation d'un aristocrate décédé en exil dans la forêt de Lodogo, soit à un shaman transformé. En tout cas, la personnification du tigre est intimement lié à la royauté. C'est pourquoi, on la retrouve aussi bien ici sous les traits de la reine des Dos-de-Sangliers, Ho Sinh Loan et de ses sœurs Sinh Hoa et Sinh Cam que sous ceux de la légendaire prêtresse Ho Thi Thao. 

Au fil des pages, les rencontres oniriques se succèdent et se teintent parfois de notes horrifiques. L'Asie bruisse de fantômes, de revenants, d'esprits et de démons. Ils sont autant vénérés que craints. Leur rapport à la mort n'est pas le même qu'en Occident. Ainsi, il existe une tradition qui consiste à ne pas laisser un défunt partir seul pour l'éternité en lui trouvant un conjoint fantôme ou vivant. Or, l'autrice va clairement puiser dans ce rite pour mettre en difficulté l'une de ses protagonistes et susciter un certain effroi chez les lecteurs. 

Ce récit se colore d'un puissant ésotérisme qui fait naître moult émotions allant de la fascination à l'épouvante. 

17/05/2023

Scarlett St. Clair, Game of Fate, T.1, Hadès, éditions Hugo

Scarlett St. Clair, Game of Fate
t.1, Hadès la saga
éditions Hugo 

Après le grand succès d'Hadès & Perséphone et à la suite d'un plébiscite de ses lecteurs et de ses lectrices, Scarlett St. Clair a rempilé pour réécrire sa célèbre saga, mais en nous contant, cette fois-ci, l'histoire du point de vue d'Hadès. 

C'est un exercice de style difficile qui ne s'accompagne pas toujours de succès alors nous verrons si cette nouvelle saga va plaire autant en France qu'Outre-Atlantique ? 

Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie les éditions Hugo New Romance pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Ebranlé par sa première rencontre avec Perséphone, il est difficile pour Hadès de rester de marbre. Non pas que le pari lancé par Aphrodite de faire craquer la jeune déesse lui fasse peur, mais la révélation des Moires sur ce fil qu'elles ont tissé liant leurs deux destins ensemble, le perturbe davantage. Sans parler de la beauté et de l'impétuosité de Perséphone qui l'intriguent et l'intéressent grandement. Pour autant, des affaires au sein de son royaume accaparent son attention, alors sera-t-il à même de tout gérer sans se laisser déborder ? 

Mon avis :

Pour rappel, Scarlett St. Clair a choisi d'insérer sa réécriture du mythe d'Hadès & Perséphone dans un univers de fantasy urbaine très glamour. 

Si dans le cycle précédent, on fréquentait assidûment les soirées branchées, ponctuées d'apparitions divines, en nous attachant exclusivement aux pas d'Hadès dans ce nouveau cycle, on arpente davantage les mythiques antres des Olympiens. Ainsi, on côtoie de suite les grandes figures de la mythologie grecque car rappelons que Perséphone, elle, n'avait aucun contact avec eux jusqu'à son union avec le dieu des Enfers puisque sa naissance a été dissimulée par sa mère, Déméter. 

Or, comme dans chaque tome d'Hadès & Perséphone, l'autrice se plaît à jouer avec les mythes en les glissant ici ou là au gré de sa narration, on ne s'étonne donc pas de retrouver l'un d'eux en guise de fil directeur de ce premier volet de la saga Hadès

En effet, entre ces lignes, le seigneur des Enfers pourchasse un certain Sisyphe d'Ephyra, caïd de la Triade, ayant enfreint plusieurs règles, dont la Loi de Xénia, créée par Zeus, après qu'il est assassiné un compétiteur qu'il avait lui-même invité sur son territoire. Tout au long du récit, l'énergumène va lui filer entre les doigts. Bénéficiant d'une relique datant de la Titanomachie, le mortel réussira à tromper la mort comme dans son mythe où la première fois, il enchaîna Thanatos pour échapper aux Enfers et la deuxième fois, convainquit Perséphone de le libérer. Pister sa trace va être un bon dérivatif pour Hadès afin de le libérer en partie de ses frustrations sexuelles et de ses angoisses personnelles. 

Cette nouvelle saga donne à Scarlett St. Clair l'opportunité d'explorer la rivalité entre les dieux et les déesses, ainsi que la complexité de leurs psychologies. Obnubilés par leurs antagonismes, ils ne perçoivent même pas le danger qui les menace. Seul le pragmatisme d'Hadès semble avoir décelé le piège, pourtant la méfiance qui les lie les empêchent littéralement de prendre la menace au sérieux. En effet, en ayant de moins en moins d'interactions avec les simples mortels, ces derniers ne croient plus en en eux, d'autant qu'ils n'empêchent pas les drames de s'abattre sur leurs épaules. C'est donc l'occasion parfaite pour ceux qui ont du sang divin d'intervenir et de remplacer les dieux eux-mêmes en s'en débarrassant une bonne fois pour toutes. 

Voilà de quoi enrichir cette intrigue que l'on pensait pourtant bien connaître mais qui réserve son lot de détails bienvenus pour apprécier encore plus cette réappropriation mythologique. 

13/05/2023

Stefan Platteau, Les Embrasés, Les Sentiers des Astres, éditons Les Moutons électriques

Stefan Platteau, Les Embrasés, Les Sentiers des Astres
éditions Les Moutons électriques 

En ce printemps 2023, Les Moutons électriques donnent l'occasion à nos bibliothèques de s'enorgueillir d'un nouveau Stefan Platteau.

Néanmoins, point d'emballement car il ne s'agit pas du très attendu tome 5 de son incroyable saga, Les Sentiers des Astres. Pour cette sortie, il faudra donc encore vous armer d'un peu de patience. 

Avec Les Embrasés, Stefan Platteau nous propose donc une lecture en trois temps dont un roman inédit. 

C'est une publication qui a le double intérêt d'offrir une parfaite porte d'entrée à l'univers de Stefan Platteau ou de ménager aux lecteurs de la première heure un moment privilégié avec cette plume exceptionnelle de l'imaginaire francophone. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Moutons électriques, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse qui réchauffe les cœurs.


Ce recueil s'ouvre sur la novella, Mille et une torches qui peut clairement se lire comme un préquel au cycle, Les Sentiers des Astres car l'auteur nous y décrit l'étincelle qui a allumé la guerre civile dont il est justement question dans ses premiers romans. 

Résumé :

On y retrouve Maroué Luari, prisonnière en son château depuis la débâcle de ses partisans, l'obligeant à signer en ce jour la rédition de son duché de Narrakhin. Mais alors que la messe semble dite, un élément perturbateur pourrait bien renverser la situation, qui sait ? 

Mon avis :

Pour nous conter ces instants historiques, Stefan Platteau s'appuie sur différents observateurs qui viennent chacun à leur tour apporter leurs témoignages des faits. Or, la construction narrative choisie n'est pas anodine puisqu'elle rappelle étrangement celle utilisée dans sa grande saga. Les témoins de ces événements du jour incarnent en quelque sorte les conteurs que furent Manesh et Shakti dans les premiers tomes des Sentiers des Astres. L'auteur démontre ainsi sa volonté de créer un effet miroir permettant à ses textes de rayonner entre eux. 

En outre, ce préambule nous donne un bref aperçu de la puissante magie mise en œuvre par Stefan Platteau dans son univers par l'intermédiaire d'un coup de force époustouflant.  

Enfin, cette novella est une belle entrée en matière pour goûter aux intrigues politiques qui nourrissent largement la saga. 


Ensuite, ce livre enchaîne sur Dévoreur, une novella déjà parue précédemment mais dont la présente réédition est indispensable pour la compréhension et l'appréciation du texte suivant.

Résumé :  

On y fait la rencontre de Peyr Romo et de sa femme Aube qui vivent assez solitairement sur le Mont Carmin. Mais, en tant que mage, Peyr doit régulièrement s'absenter et laisse Aube et leurs enfants Lupin et Sita, seuls le temps de ses missions. Un jour, alors qu'Aube est à nouveau abandonnée, elle est perturbée par le comportement de plus en plus étrange de leur ami Vidal depuis son retour de la dernière foire où il etait censé vendre ses ânes. D'irrascible à menaçant, elle le voit lentement vriller et commence sérieusement à craindre pour la vie des filles de son ami. Quelle mouche l'a donc piqué ? Et, s'il s'en prenait physiquement à ses propres enfants, son devoir ne serait-il pas de tenter quelque chose ? Sans nouvelle de son époux, Aube trouvera-t-elle le courage d'intervenir et si oui, quel en sera le prix ? 

Mon avis :

Avec Dévoreur, on fait la connaissance d'une nouvelle communauté de personnages qui évoluent dans le même monde que celui des Sentiers des Astres puisqu'ils marchent également sous le regard scrutateur des astres. 

Or, ce texte satellite est fondamental pour appréhender le caractère mystique de la cosmogonie qu'il a imaginée. Entre ses lignes, on prend la mesure de l'influence qu'exercent les planètes sur tous les êtres qui foulent les terres de l'Héritage. De même, elles permettent pour qui a le don d'interagir avec les élémentaires qui lui sont propres pour peu que des liens se soient créés par l'entremise de la prière, par exemple. 

Sous la plume de Stefan Platteau, la magie se fait impétueuse et puissante, promettant des scènes fabuleuses et envoûtantes. 

Dévoreur draine une ambiance fantastique qui se teinte progressivement de notes horrifiques. Stefan Platteau y dépose une pesanteur diffuse qui se transforme peu à peu en malaise ambiant, à travers son personnage de Vidal qui quitte vite son air jovial pour laisser place à un masque, d'abord hostile, puis effrayant. A chaque contact avec ce protagoniste, la tension monte et l'angoisse nous étreint. L'auteur joue pleinement ici avec l'atmosphère de son texte pour susciter moult émotions dans le cœur de ses lecteurs. On s'attend au pire à chaque page tournée, d'autant que derrière les traits de ce Vidal, on peut y voir la personnification de Chronos qui dévorait ses propres enfants par crainte qu'ils le détrônent.  

Alors quoi de plus difficile pour Peyr de voir en ennemi son ami de toujours. Stefan Platteau aime placer ses personnages dans d'impossibles situations afin de tester l'âme humaine et voir jusqu'où elle est prête à aller. 

09/05/2023

Robert Jackson Bennett, Les Terres Closes, tome 3, Les Maîtres Enlumineurs, éditions Albin Michel Imaginaire

Robert Jackson Bennett, Les Terres Closes
tome 3, 
Les Maîtres Enlumineurs
éditions Albin Michel Imaginaire 

Chez Albin Michel Imaginaire, le mois d'avril a rimé avec la sortie du troisième et dernier volet des Maîtres Enlumineurs de Robert Jackson Bennett. 

Un final très attendu pour les fans de la première heure, d'autant que l'auteur a pris son temps pour nous le délivrer.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Albin Michel Imaginaire, je remercie Gilles Dumay pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Dans cet opus, il n'est plus question pour Sancia de se lancer dans un quelconque cambriolage ou de mettre hors d'état de nuire un Hiérophante avec ses amis car cette fois-ci, la menace est plus grande et plus globale. Ainsi, le combat dans lequel ils se sont tous lancés à corps perdus semble perdu d'avance car comment arrêter une force capable de contrôler autant les être animés qu'inanimés et d’interagir directement avec la réalité ? Pourtant leur devoir n'est pas de capituler, bien au contraire, il leur faudra même tout donner car il en va de leur survie mais aussi de la liberté de leur monde. 

Mon avis :

Avec Les Terres Closes, le moment est venu pour Robert Jackson Bennett de donner à ses lecteurs les clés de son univers afin d'en comprendre enfin tous les secrets. Le temps est donc à la révélation mais sous la plume de cet auteur, elle se fait tambour battant. Ainsi, le récit est toujours aussi rythmé. Il signe donc à nouveau un roman d'action fort captivant. 

Mais plus que d'enchaîner les péripéties et les coups d'éclat, Robert Jackson Bennett s'est également attaché à explorer le passé de certains de ses personnages, notamment de Clef et de Crasedes, dont l'histoire personnelle représente la pierre angulaire de cette saga. En effet, ce monde est le fruit de leurs créations à travers ce système d'enluminures capables d'interférer avec le réel. 

A travers cette magie, on peut clairement y voir une allégorie de l'intelligence artificielle et du mythe de l'homme Cyborg qui s'expriment par ces plaques enluminées implantées et connectant les porteurs entre eux. L'auteur met en exergue à la fois les avantages et les excès d'une telle avancée technologique. Il est vrai qu'il aborde ce sujet sous l'angle de l'éthique en rappelant la responsabilité des usagers de cette ingénierie quant à son application. Elle confère une telle puissance qu'elle aveugle au point de risquer d'y perdre son humanité. 

03/05/2023

Esmée Dubois, Traduction vers le rose, éditions 1115

Esmée Dubois, Traduction vers le rose, éditions 1115

Ecrivaine et poétesse, Esmée Dubois se plaît à réenchanter le monde avec ses mots et les univers fourmillants qu'elle tisse. 

Sa novella, Traduction vers le rose, vient tout juste de paraître aux éditions 1115. Elle nous donne l'occasion de goûter à la flamboyance de son style.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions 1115, je remercie Frédéric Dupuy pour l'envoi surprise de ce service de presse. 

Résumé :

Au pays de Sable, une vague de froid menace l'existence de ses habitantes. Reine et sa sœur de lait, Markowèfe sont bien démunies face à cet écueil funeste. Mais, contre toute attente, une solution semble se présenter à travers, Begga, la fille de Reine qui se révèle être une Insensible. A ce titre, elle ne sent pas le froid et ignore même ce que c'est. Pourtant, celui-ci semble lui parler. Mieux encore, elle peut le traduire en chaleur et ainsi sauver sa communauté de l'extinction. Mais en échange de quel sacrifice ?

Mon avis :

Traduction vers le rose nous immerge dans un court récit, teinté de notes postapocalyptiques. Esmée Dubois pose ses valises dans un pays imaginaire, nommé Sable. C'est une monarchie gouvernée et peuplée uniquement par des femmes qui se retrouvent du jour au lendemain menacées par un danger climatique. Or, pour faire face à ce dérèglement, elles découvrent de manière fortuite que l'insensibilité de certaines est un atout pour combattre ce mal et inverser la tendance.