27/08/2021

Pierre Pevel, Le Roi, tome 3, Haut-Royaume, éditions Bragelonne

Pierre Pevel, Le Roi, tome 3, Haut-Royaume, éditions Bragelonne

Pour conclure cet été en beauté, j'ai décidé de retourner dans le Haut-Royaume de Pierre Pevel en lisant le tome 3 de la saga.

Le Roi s'ouvre sur la mort du Haut-Roi provoquant bien des remous autour de sa succession car si beaucoup espèrent en secret, nul ne sait vraiment lequel de ses fils lui succédera. Les alliances se forment, les rapprochements s'esquissent en attendant l'ouverture du testament royal. Pour Lorn, peu importe le frère qui portera la couronne, il sait déjà que ce début de règne sera marqué du sceau de la guerre. A voir maintenant, quel rôle, lui et sa garde d'Onyx joueront dans celle-ci.

A l'image de ses livres précédents, Pierre Pevel signe encore avec ce tome 3, un page turner qui ne souffre d'aucun essoufflement. Chaque conclusion de chapitre alterne rebondissements ou cliffhangers rendant la lecture toujours plus addictive. Les pages défilent sans que l'on en ait conscience, tant l'immersion est totale. 

Auteur d'expérience, Pierre Pevel sait depuis longtemps quels sont les éléments nécessaires pour agrémenter son récit et sur quelles ficelles tirées pour capter l'attention de ses lecteurs. 

A travers Haut-Royaume, il esquisse un univers visuellement simple mais redoutablement efficace. L'action se déroule essentiellement dans ce royaume puissant qui est, d'un côté, menacé par un autre État et de l'autre côté, est fragilisé par une guerre fratricide. Vaste territoire qui est, dans ce roman, le théâtre de luttes armées. 

En effet, ce troisième volet est écrit en deux temps avec d'abord, une succession d'événements se déroulant à la cour et plongeant le lecteur dans un tourbillon d'intrigues et de complots, puis en second temps, vient le moment de prendre les armes pour aller guerroyer sur le champ de bataille et voir lequel des frères sera le vainqueur de ce conflit. 

Voilà qui donne le ton à ce récit mêlant l'héroïque à l'intriguant pour mieux nous tenir en haleine.  

Quand on se plonge dans ce cycle, on a vraiment l'impression d'être propulsé dans n'importe quelle cour royal où les courtisans intriguent allègrement pour satisfaire leurs ambitions. C'est toute la force de ce texte qui donne vie à une fiction authentique digne du règne de Louis XIV. 

Pour parfaire son décor, l'auteur y a ajouté des éléments oniriques inscrivant ainsi son récit dans une belle fresque de fantasy. Aussi, la magie imprègne donc bien ces lignes. Elle s'exprime notamment par l'Obscur, une magie noire, corrompue et corruptrice mais qui peut s'avérer une bonne alliée quand le besoin s'en fait ressentir pour Lorn Askariàn.

De même que les créatures fantastiques ne manquent pas. Il y a, par exemple, des wyvernes qui servent de montures ailées aux protagonistes de cette histoire. Quand on est familier de la plume de Pierre Pevel, on sait combien il est attaché à la figure du dragon. Alors il n'y a rien de surprenant à le retrouver dans bon nombre de ses textes sous l'une ou l'autre de ses formes. Ici, il est même un élément fondamental à l'intrigue mais qui s'entoure d'une aura de mystères à percer.

Dans cette saga, l'auteur a beaucoup joué sur l'ambiguïté de son personnage principal. Lorn Askarian est un homme secret et déroutant car on ne sait jamais sur quel pied danser avec lui. En effet, on ne sait, par exemple, jamais quelles décisions il va prendre et on en arrive même parfois à douter de sa sincérité. Personnage particulièrement charismatique qui demeure incontestablement l'atout qui nous fait tant aimer cette saga. Mais, l'auteur propose une importante galerie de personnages tout aussi intéressants quand on y regarde de plus près. C'est le cas d'Alan, l'ami d'enfance de Lorn et accessoirement l'un des héritiers du Haut-Roi. C'est un jeune homme orgueilleux et fier qui ne veut souffrir d'aucune concurrence. Or, sa jalousie pourrait bien finir par le consumer, et même avoir raison de sa belle amitié. Par opposition, son frère Yrdel est plus pondéré et réfléchi que son demi-frère. Il incarne l'homme d'honneur et de principe mais qui peut se montrer d'une inflexible intransigeance quand la situation l'exige. En outre, les relations que tous trois entretiennent sont la clé de voûte de ce récit. 

Avec Le Roi, Pierre Pevel n'a pas failli à ses promesses : la tension, le suspense et les péripéties sont bien au rendez-vous.

Conquise par cette saga, je ne peux que vous la recommander chaudement. Quant à moi, j'attends le prochain épisode avec une grande impatience. 

Fantasy à la Carte

Retrouvez mes avis sur Le Chevalier (tome 1) et L'Héritier (tome 2) de Haut-Royaume

Informations

Le Roi
Tome 3 
Haut-Royaume
979-10-281-0686-7
504 pages
Editions Bragelonne

21/08/2021

Jean-Claude Dunyach, L'Instinct du Troll, éditions L'Atalante

Jean-Claude Dunyach, L'Instinct du Troll, éditions L'Atalante

Il y a quelque temps, je vous partageais sur le blog mon coup de cœur pour L'Empire du Troll de Jean-Claude Dunyach. 

En effet, j'ai littéralement craqué pour cette plume mordante et drôle, voilà pourquoi, aujourd'hui, j'ai décidé de reprendre ma découverte de cette série en m'attaquant au premier volet, L’Instinct du Troll

On y suit les tribulations d'un Troll, un tantinet désabusé, mais qui fait bien souvent contre mauvaise fortune bon cœur. Quand on est contremaître dans une mine et que l'on doit encadrer toute une équipe de nains, on n'est déjà que trop occupé. Mais quand votre supérieur vous charge de diverses missions annexes, tout en vous coltinant son neveu, vous  n'êtes pas en mesure de refuser même avec votre carrure de Troll. C'est ainsi que le Troll, accompagné du stagiaire Cédric s'embarquent dans une série d'aventures ubuesques et pas toujours très maîtrisables. 

Avec L'Instinct du Troll, Jean-Claude Dunyach inaugure une série de romans fantasy humoristique, digne du grand Terry Pratchett. La légèreté du ton employé et les situations volontairement décalées, voire cocasses donnent à ce texte une saveur épicée bien agréable. 

Ici, l'auteur a emprunté des éléments aux légendes arthuriennes pour venir les confronter à des problématiques modernes. De fait, entre ces pages, on croise un Perceval devenu père de famille qui souhaite marier sa fille à un chevalier, obligeant cette dernière à ruser pour contourner cet ultimatum. C'est là qu'entre en scène le Troll pour démêler la situation en donnant de sa personne. Ainsi, Jean-Claude Dunyach se réapproprie habilement le merveilleux pour le transposer dans notre société contemporaine. 

Aussi, on suit ici le Troll dans ses démêlés administratifs qui l'oblige à se frotter à la lourdeur bureaucratique. De même qu'il se voit décrédibiliser dans sa fonction directionnelle par l'arrivée d'un réformateur capitaliste qui compte bien le supplanter dans le commandement de ses employés.

Sollicité sur tous les fronts, notre cher Troll prend tout de même le temps de renouer avec son amour de jeunesse. Quel régal de voir ce grand échalas minéral s'empêtrer dans ses émotions, tel un adolescent, pour exprimer ses sentiments et se rapprocher de sa belle. 

Avec L’Instinct du Troll, on a un univers de fantasy très bien construit et peuplé par des créatures féeriques, caractéristiques du bestiaire merveilleux. 

Personnellement, j'aime beaucoup l'écho au monde moderne que l'auteur y fait même si on n'est pas obligé de faire un parallèle avec notre société. En effet, on peut juste apprécier ce texte pour ce qu'il est avant tout, à savoir une aventure divertissante. 

Au final, Jean-Claude Dunyach nous offre une lecture très feel-good qui est un vrai baume apaisant pour nos humeurs déprimées et angoissées du moment. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mon avis sur L'Empire du Troll

Informations

Jean-Claude Dunyach
L’Instinct du Troll
9782841727094
192 pages
Editions L'Atalante

18/08/2021

Stefan Platteau, Meijo, tome 3, Les Sentiers des Astres, éditions J'ai Lu Imaginaire

Stefan Platteau, Meijo, tome 3, Les Sentiers des Astres
éditions J'ai Lu Imaginaire

Avant la sortie du très attendu quatrième tome du cycle de Stefan Platteau, Les Sentiers des Astres chez Les Moutons électriques, je me mets à jour en enchaînant avec Meijo

Ayant un réel attachement pour cette saga de fantasy, je ne me suis clairement pas faite priée pour poursuivre ma lecture. 

Réfugiés auprès des Teules, notre poignée de rescapés poursuit péniblement sa quête du Roi-Diseur tout en tentant d'échapper coûte que coûte aux terrifiants Nendous. Parallèlement, Shakti continue, lorsque la situation le permet, de conter sa tragique et émouvante histoire. Un destin qui s'est écrit dans les larmes et le sang que tous se languissent de connaître.  

Meijo marque un tournant dans ce cycle des Sentiers des Astres. En effet, des éléments importants sont révélés et l'intrigue prend pleinement corps. Stefan Platteau continue d'y explorer la vie tourmentée de son héroïne Shakti. A travers ses souvenirs, l'auteur nous brosse le portrait d'un personnage absent de la communauté mais pourtant si essentiel à l'histoire. Pour preuve, il en a même fait le héros de ce tome 3, ce qui lui donne l'occasion de s'intéresser de près à cette figure masculine en opposant les attentes d'une jeune femme vivant son premier amour et la désillusion d'une relation tronquée. Meijo est un homme capricieux et colérique qui passe bien souvent ses humeurs sur la douce Shakti. Il use et abuse de son influence sur cette dernière pour lui faire faire ce qu'il veut. Elle est clairement sa chose et se retrouve complètement sous sa coupe. 

En mettant en lumière les liens nocifs qui les unissent, Stefan Platteau dévoile une nouvelle facette de son héroïne. Petit à petit, on prend la mesure de la force de cette femme qui est sortie grandie de sa relation toxique qui l'a emmenée sur les chemins tortueux et glauques de la vie. Entre instants cruels et moments de grâce qui nous nouent bien souvent les tripes, on tombe totalement sous le charme de la charismatique Shakti. 

De même que ses souvenirs nous font quitter la luxuriante Vyanthryn pour rejoindre les contrées les plus citadines de L'héritage. Pour Shakti, ce changement de décors s'accompagne d'un sentiment diffus d'oppression. Bien loin de la nature vaste et sauvage qui lui est familière, elle se retrouve claquemurée dans des lieux insalubres, à côtoyer la misère et la violence. Aussi, dans Meijo, Stefan Platteau impute à son texte une toute autre ambiance foncièrement plus inquiétante. Cela vient d'ailleurs faire écho à l'urgence de la mission menée par l'expédition du capitaine Rana. Ici, les enjeux ne sont pas des moindres puisqu'il s'agit, ni plus ni moins, de mettre un terme à la guerre civile qui oppose les Luari et les Souarès. Alors que les premiers dont l'équipage de la gabare en sont les dignes représentants, cherchent à comprendre l'usage de l'Astra que Maroué a trouvé, les seconds, de leurs côtés, espèrent également mettre la main sur l'une de ses armes célestes pour remporter la victoire. 

Dans ce troisième opus, les deux récits entrent donc parfaitement en résonance en exhalant cette même atmosphère lourde et accablante.

Les Sentiers des Astres est une saga remarquable à plus d'un titre. Déjà, Stefan Platteau s'y fait l'inventeur d'un univers détaillé et fascinant, ensuite il brosse le portrait de personnages complexes et profonds, sans parler de son formidable talent de conteur émérite. 

Clairement, Stefan Platteau appartient à cette caste d'auteurs qui vous embarquent et vous font pleinement adhérer à leur univers si tôt les premières pages de leur livre dévorées. 

Lire son cycle devient très vite une addiction alors il me tarde déjà de poursuivre avec Jaunes Yeux qui paraîtra le 20 août prochain aux éditions Les Moutons électriques. A très vite !

Fantasy à la Carte

Sur le blog, vous pouvez retrouver mes avis sur les deux premiers tomes : Manesh et Shakti

Informations

Stefan Platteau
Meijo
Tome 3
Les Sentiers des Astres
9782290210093
704 pages
Editions J'ai Lu

10/08/2021

Stefan Platteau, Shakti, tome 2, Les Sentiers des Astres, éditions J'ai Lu

Stefan Platteau, Shakti, tome 2, Les Sentiers des Astres, éditions J'ai Lu

Après une lecture coup de cœur de Manesh, je prends enfin le temps de me replonger dans le très envoûtant cycle, Les Sentiers des Astres de Stefan Platteau. 

Il y a des plumes qui laissent une empreinte indélébile dans le paysage littéraire dès leur premier livre, celle de Stefan Platteau en fait clairement partie car avec Manesh, il signe un roman qui a su d'emblée trouver son public. Plébiscité et même récompensé par le très prestigieux prix Imaginales en 2015, l'auteur continue de nous émerveiller avec sa saga. 

Dans son deuxième tome, Stefan Platteau poursuit sa narration des aventures de cette étonnante compagnie, à travers les yeux du barde Fintan Calathynn. Débarqués de la gabarre et pourchassés par les enfants de l'Hermine, Fintan et ses compagnons n'ont pas d'autres choix que de s'enfoncer dans le Vyanthryn pour trouver le Roi-Diseur car telle est leur mission. Mais depuis la mort du capitaine Rana, les tensions sont exacerbées et la suspicion plane. Or, pour calmer les ardeurs belliqueuses des uns et détourner les rancœurs des autres Shakti, dit la "Courtisanne" est sollicitée pour raconter sa douloureuse et touchante histoire. 

Comme pour le tome précédent, Stefan Platteau continue de superposer à son intrigue principale un autre fil de narration, concentré sur l'un des membres de la compagnie. Si dans le tome 1, on en apprenait plus sur Manesh, le deuxième volet, lui, s'intéresse davantage au seul membre féminin de l'équipage, à savoir Shakti. Une technique d'écriture qui a le double avantage de dynamiser le récit et de lever le mystère sur certains personnages.

Avec Shakti, on s'immerge encore plus profondément dans l'univers mystérieux que nous dépeint Stefan Platteau. 

A la croisée des influences cultuelles et culturelles, on pénètre dans un monde fait de brumes où il n'est pas rare de rencontrer esprits et divinités. Dans le sillage de ce Roi-Diseur, on explore une nature à la fois exubérante et intimidante. Comme les personnages de Stefan Platteau, on est témoin de prodiges du fait de ces êtres merveilleux qui se montrent parfois, mais aussi de moments d'angoisse. L'obscurité des lieux et les ennemis surgissant de toutes parts et encerclant nos héros font clairement monter la tension crescendo dans ce tome 2 et contribue grandement à en alourdir l'ambiance. 

On commence à percevoir ce que sont ces Sentiers des Astres, ainsi que l'Outre-Songe, à travers les souvenirs de Shakti. Toute la fantasy de Stefan Platteau se cristallise autour de cette réalité parallèle qui interfère dans la vie de ses protagonistes. Entouré d'une véritable aura de mystères, on est complètement subjugué par ce monde et terriblement avide d'en découvrir tous les secrets. 

Déjà très attachée à Fintan et Manesh depuis ma lecture du tome 1, j'ai été très heureuse de découvrir dans ce deuxième livre, une partie de la vie de Shakti. En effet, l'auteur demeure volontairement évasif sur chacun de ses personnages jusqu'à ce que l'envie lui dise de les mettre à l'honneur, chacun à leur tour, dans tel ou tel volume de sa saga. Dans ce présent roman, c'est donc Shakti qui est à l'honneur. On découvre une femme meurtrie par son passé douloureux, fruit d'une série d'erreurs de jugement. En effet, aveuglée par un premier amour, elle s'est retrouvée emporté dans une succession d’événements qui ont changé sa vie à jamais. D'innocente et naïve jeune fille, on la voit s'endurcir au fur et à mesure des coups et des revers que lui réserve le destin. Seul protagoniste féminin de cette communauté, elle dégage un vrai magnétisme qui la rend si irrésistible. Solaire, elle apporte une vraie note de douceur à cette histoire qui ne manque pas de rudesse. 

Avec sa plume élégante et son univers ensorcelant, Stefan Platteau sait nous émouvoir à travers la pluralité de ces destins malmenés et nous tenir en haleine par la diversité des intrigues menées de front. Pour moi, c'est clairement un joyau à lire et relire sans hésitation ! 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Manesh et Meijo tome 1 et 3 des Sentiers des Astres

Informations

Stefan Platteau
Shakti
Tome 2 
Les Sentiers des Astres
9782290143544
574 pages
Editions Les Moutons électriques

03/08/2021

Jean-Pierre Andrevon, Le Monde Enfin, collection Hélios, éditions ActuSF

Jean-Pierre Andrevon, Le Monde Enfin, collection Hélios, 
éditions ActuSF

L'écriture du roman, Le Monde Enfin de Jean-Pierre Andrevon ne date pas d'hier. En effet, ce livre a pour origine une nouvelle publiée en 1975 et ce n'est qu'en 2006 que l'auteur en fait un récit au long cours qui sera récompensé par le très prestigieux prix Julia Verlanger

Aujourd'hui, les éditions ActuSF le rééditent en poche dans leur collection Hélios, dans une version augmentée. 

Avec leur habituel sens de l'à-propos éditorial, ils nous proposent, avec cette pépite du genre, de plonger ou replonger, selon les affinités, dans une fin de monde pandémique. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Dans Le Monde Enfin, l'humanité a été en grande partie décimée par un virus aux origines douteuses et répondant au nom de Piscra. Mais contre toute attente et sans réelle explication, certains ont tout de même survécu à l'Extinction et chemin faisant, on découvre leurs histoires. Aussi, tout au long de ce récit, on accompagne les pas d'un cavalier qui souhaite faire une dernière fois le tour de la France, tout en remontant le fil de ses souvenirs. On fait également la connaissance d'une étrange et sauvage gamine ayant pour seuls amis, des rats, ainsi que celle d'une autre, rencontrée juste au moment où ses parents sont tués par le virus. D'autres répondront présents comme cet astronaute Isaac qui revient sur terre après l'échec de sa mission d'exploration spatiale. Autant de destins qui, par le prisme de leur histoire, nous dessinent les contours d'un monde nouveau. 

Avec Le Monde Enfin, Jean-Pierre Andrevon se fait l'auteur d'un récit d'anticipation bouleversant dans lequel il instrumentalise une extinction de l'humanité très crédible. En effet, le Piscra qui ferait passer le coronavirus pour un enfant de chœur, est un virus létal qui déciment les humains en quelques heures. Chez Jean-Pierre Andrevon, l'épidémie ne s'étire donc pas en longueur et tue la quasi totalité de l'humanité très rapidement en épargnant, finalement, que quelques rares survivants, éparpillés ici ou là qui vont servir de témoins à l'après. Il en va d'ailleurs ainsi avec les épidémies car il y a toujours un petit pourcentage d'humains qui survit.

Profondément écologiste, l'auteur fait de cette disparition de l'humanité une aubaine pour la planète car en l'espace de cinquante ans, dans ce roman, elle s'est remise de sa surexploitation et des maltraitances qu'elle a subies depuis la naissance du premier homme. 

Dans Le Monde Enfin, on renoue avec une terre saine, luxuriante et vivante d'une multitude d'organismes végétales et animales. Les animaux sont à nouveau les rois de ces vastes territoires. Paris est même repeuplé par les nombreuses espèces, échappées des zoos. Ainsi, des crocodiles arpentent la Seine, tandis que hyènes, panthères et lions battent le pavé parisien. 

Au vu de notre actualité sanitaire, on pourrait voir dans ce roman, une science-fiction écologique visionnaire et pourtant rien de surprenant que de voir l'humanité s'éteindre, emportée par un virus. Il y a déjà longtemps que les scientifiques alertent sur les dangers dus aux bouleversements des écosystèmes. 

Pourtant, aussi terrifiante que soit cette thématique dévastatrice, le récit n'en est pas moins déprimant mais est au contraire, plein d'espoir. En effet, redécouvrir une planète où la nature a repris ses droits, bannissant à tout jamais la pollution est une formidable perspective.

De plus, l'existence de cette poignée de survivants est un message d'espoir, non pas de refaire comme avant mais d'apprendre des erreurs du passé pour vivre enfin en harmonie avec l'environnement. Pour ces hommes et ces femmes, c'est comme une nouvelle chance, un nouveau départ même s'ils en ont pas tous consciences.

Le Monde Enfin est un véritable kaléidoscope de petites histoires d'hommes et de femmes dont la vie a subitement basculé. On les voit virevolter dans ce monde devenu hostile à leur égard. De chasseurs, ils sont passés au stade de proies de ces animaux qu'hier encore ils dominaient. N'est-ce pas une belle leçon d'humilité ? A travers eux, l'auteur explore leurs nouvelles préoccupations qui tournent à l'obsession chez certains : se reproduire. Étonnamment le passage du virus les a laissés stériles comme s'il voulait donner une leçon à l'humanité. C'est réussi !

Le Monde Enfin est un roman dense, qui part parfois tous azimuts, tant il nous propulse aux quatre coins du monde, toujours à la rencontre de nouveaux personnages dont il ne faut pas perdre le fil. 

Intense et remuant, ce récit nous alerte, nous interpelle et nous bouleverse, car ce récit, c'est peut-être notre avenir si on ne fait rien.

Avec Le Monde Enfin, Jean-Pierre Andrevon s'attaque au cœur d'un problème dont chacun aujourd'hui a - j'en suis sûre - prit la mesure. Mais allons-nous enfin en tirer les bonnes leçons ? 

Fantasy à la Carte

Informations

Jean-Pierre Andrevon
Le Monde Enfin
Collection Hélios
978-2-37686-329-8
715 pages
Editions ActuSF