31/08/2018

Margot Delorme, Le Dompteur d'Avalanches, éditions Les Moutons électriques

La rentrée de la fantasy chez Les moutons électriques rime avec nouveauté. Cette année elle sera marquée par l'entrée au catalogue d'une nouvelle plume qui s'exerce avec charme à la fantasy. Margot Delorme est donc la petite nouvelle des Indés de L'Imaginaire. Elle signe un premier roman brillant qui est à la hauteur des promesses annoncées. 

Écrite à la manière d'un conte, cette fantasy d'un genre différent est une bouffée rafraîchissante. 

Cet esprit avide de liberté, épris de grands espaces et de nature sauvage a nourri son récit de ces paysages montagnards donnant ainsi une atmosphère vertigineuse à son roman. Ce sont d'ailleurs les nombreuses légendes locales qui lui ont insufflé les premières idées de son livre. 

Ditto est un jeune paysan montagnard qui occupe parfois la fonction de guide de montagne lorsque des clients se présentent. C'est justement en attendant l'un de ces groupes en compagnie de son troupeau d'ânes qu'un dragon-cristal, sorti de nulle part, semble décidé de faire de lui et de ses baudets son prochain repas. Alors que l'adolescent croit vivre ses derniers instants, le dragon est emporté par une coulée de neige laissant le garçon miraculeusement indemne. Placés plus haut dans la montagne, les fameux excursionnistes ont assisté à l'étrange scène. Survivre à une avalanche relève un peu de l'impossible sauf si on est un écouleur, un dompteur d'avalanches. Or, Ditto n'y croit pas une seconde d'autant que ce serait jeter l'opprobre sur lui et sa famille. Si c'était le cas il deviendrait ainsi un paria. De retour au village, il est détaillé avec suspicion. La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre. Mais Ditto a décidé d'ignorer l'hostilité et la méfiance ambiantes. Plus tard, curieux de vérifier cette théorie, il teste son soit-disant don. Quelle ne fut pas sa surprise de constater qu'il peut faire écouler les éléments. Seulement il a été négligent et sa grand-mère a assisté à sa petite démonstration. Le criant sur tous les toits illico, il n'a pas d'autre choix que de prendre la fuite pour échapper aux hommes de son village très en colère. Livré à lui-même avec pour seule compagnie la marmotte qu'il a recueilli et qui s'avère être douée de paroles et bonne conseillère, Ditto se lance dans la quête de trouver la Lorlaeï, la nymphe des glaces afin qu'elle le débarrasse de son don. C'est le début d'une grande aventure et un voyage qui promet d'être mouvementé.  

Dans Le Dompteur d'Avalanches (éditions Les Moutons électriques), on retrouve la quête initiatique du jeune garçon à la recherche de son identité, de sa place dans le monde. Difficile pour un adolescent de se retrouver banni par les siens alors qu'il est en pleine transformation. En plus de devoir apprendre à maîtriser ses pouvoirs, il doit appréhender la solitude, l'exclusion et survivre dans un milieu hostile. Il se frotte de plein fouet à une xénophobie rurale. Vivant dans un lieu reculé, il y a un total rejet de l'inconnu. Il doit donc faire face à l'ignorance et se faire de nouveaux repères. Heureusement pour lui, il est accompagné par une petite ménagerie qui s'avère être de sacrés trublions. Dans ce livre, Ditto s'apparente un peu à une Alice aux Pays des Merveilles de la montagne. Comme elle, il va devoir affronter mille dangers, rencontrer de drôles de créatures parlantes et faire face à une horde de fous furieux qui en veulent à sa peau. Non pas pour lui couper la tête mais plutôt pour "éteindre" son pouvoir. 

Dans l'univers magique de Margot Delorme, les détenteurs de pouvoir sont désignés comme des Ardents pour les plus modérés et comme des Incandescents pour les plus puissants. Ditto fait d'ailleurs partie de cette seconde catégorie. En effet, depuis que son pouvoir s'est éveillé, il ne cesse de croître. A l'affût du moindre conseil, il va vite prendre conscience qu'il ne pourra pas se fier à n'importe qui. Car comme dans tout monde où la magie existe, les anti-magies sont légions. Dans Le Dompteur d'Avalanches, ces fanatiques religieux qualifiés d’Éteigneurs sont pour le moins virulents. Ils traquent leurs cibles et les torturent jusqu'à ce que plus une once de pouvoir ne coule dans leurs veines. C'est à ce funeste destin que notre jeune apprenti tente d'échapper. 

Proche du style de C.S. Lewis avec son célèbre Monde de Narnia, Margot Delorme donne également la parole aux animaux. Ainsi, la plupart des compagnons de Ditto marchent à quatre pattes, parlent et ironisent beaucoup. Ce qui donne une touche de burlesque à un roman qui cache en réalité une profonde réflexion sur des thématiques d'actualité. 

Avec Le Dompteur d'Avalanches, Margot Delorme fait une entrée pleinement réussie dans les littératures de l'Imaginaire. Longuement mûri, son texte est un petit bijou d'émotion, de drôlerie, d'absurdité parfois et d'aventure.


Fantasy à la carte

Margot Delorme
Le Dompteur d'Avalanches
Editions Les Moutons électriques

26/08/2018

Xavier Mauméjean, Car Je Suis Légion, éditions Mnemos

Grâce au grand concours de l'été organisé par les éditions Mnemos, le roman Car Je Suis Légion de Xavier Mauméjean est arrivé entre mes mains. Une chance pour Fantasy à la carte de découvrir et/ou de faire découvrir une plume qui était encore inconnue pour moi jusque là. Avant toute chose je souhaite donc remercier la maison d'édition pour ce généreux concours.

Pour son roman, Xavier Mauméjean a choisi pour décor la mythique Babylone inscrivant ainsi d'office son récit dans une grande fresque historique. 

Dans Car Je Suis Légion (éditions Mnemos), on suit les péripéties de l'accusateur Sarban, un fils de paysan devenu magistrat qui exerce dans la cité de Babylone. Au commencement de l'histoire, la ville s'apprête à connaître une période de grands troubles. En effet, les oracles l'ont prédit. Le dieu Marduk s'est endormi pour une durée indéterminée laissant la place à Tiamat, déesse du chaos. Une annonce qui va rendre fou les habitants qui sont pris de frénésie meurtrière n'hésitant pas à s'en prendre aux uns et aux autres sans raison particulière. Face à cette montée de violence, les accusateurs sont réquisitionnés pour protéger les lieux de pouvoir et n'interviennent plus dans les conflits populaires. Tout comme ses confrères, Sarban suit les ordres jusqu'à ce qu'il assiste en direct au meurtre prémédité d'un homme commis par un groupe d'individus masqués. La préméditation sort ici du cadre de la violence ambiante tolérée. Or, en tant qu'accusateur, il ne peut fermer les yeux et obtient de ses supérieurs l'autorisation de mener l'enquête afin de punir les responsables. Une investigation qui va l'amener sur les chemins dangereux de la vérité. Mais saura-t-il y faire face pour autant?

La qualité de ce récit réside déjà dans son héros qui prend une grande place dans l'histoire. Sarban y apparaît comme un champion de la vérité. Impartial, droit, intègre, il incarne véritablement sa fonction. Il est prêt à aller au bout même si cela doit le mettre en danger et le compromettre, même s'il risque sa place. Or, l'enchaînement des événements dont il perd vite le contrôle vont le conduire à user lui-même de violence pour arriver à ses fins. Ce qui vient entacher sa belle image du juste. Il devient à son tour un héros torturé, aveuglé par son propre désir de vengeance. Il perd son côté lissé, et nous dévoile sa part d'ombre. Ce qui le rend encore plus attachant à nos yeux. Après tout, il n'est qu'un homme comme les autres. Xavier Mauméjean a tout misé sur son personnage qui devient le seul vrai maître de ce huit-clos. 

Il est à noter que dans son roman, l'auteur fait une belle place aux dieux qui occupent ici un rang de personnages comme souvent c'est le cas dans les univers fantasy. Il est vrai que les divinités y ont régulièrement un rôle important à jouer. Xavier Mauméjean ne pouvait pas passer à côté de cela d'autant que dans la cosmogonie babylonienne, les dieux sont primordiaux à l'image de Marduk qui tranche la mère des dieux Tiamat, également déesse du chaos et des mers afin de faire de sa tête et de son torse, les cieux et de ses jambes, la terre. Et de ses larmes naîtront le Tigre et l'Euphrate, le fameux Entre deux-fleuves cité dans le récit qui désigne les provinces autour de Babylone entourés de ces fameux cours d'eau. L'auteur s'inspire donc de cette mythologie forte pour intégrer ces dieux à sa prose avec par exemple Tiamat qui se réincarne afin de faire régner le chaos sur la cité. 

Pour nourrir son univers, Xavier Mauméjean fait revivre l'orgueilleuse Babylone. Il nous fait parcourir ses rues animées, nous promène dans les fameux mais introuvables jardins suspendus et nous fait même gravir l'Etemenanki, plus connu sous le nom de Tour de Babel. Autant de lieux historiques qui deviennent le terrain de jeu de cet écrivain qui allie avec talent réalité et fiction. 

Car Je Suis Légion se présente comme une enquête à la Sherlock Holmes tout en mariant des hauts faits historiques apparentant ainsi le récit à de l'uchronie. Le résultat aboutit à un texte à l'action palpitante qui nous harponne immédiatement. Pour sa belle réédition, il fait donc toujours son petit effet.  

Un premier essai de lecture réussi pour Fantasy à la carte qui vient ajouter avec plaisir Xavier Mauméjean parmi ses auteurs à suivre. 

Fantasy à la carte

Xavier Mauméjean
Car Je Suis Légion
Editions Mnemos

19/08/2018

Vincent Mondiot & Raphaël Lafarge, Les Mondes-Miroirs, éditions Mnemos

Le mois d'août touche à sa fin et avec elle, c'est la rentrée qui se profile à l'horizon. La littérature va encore s’enorgueillir de nouveautés comme chez les Indés de l'Imaginaire qui préparent cette année une rentrée sous le signe d'une fantasy surprenante. Les éditions Mnemos donnent la parole à deux auteurs français qui ont complètement retravaillé un roman, édité auparavant chez Pygmalion afin d'en faire quelque-chose d'inédit et de plus mûr. 

Teliam Vore rebaptisé dans cette nouvelle version, Les Mondes-Miroirs, raconte les destins entremêlés de deux jeunes femmes, amies depuis l'enfance qui se sont perdues de vue pour suivre des chemins différents. Mais suite à des attaques perpétrées par de terribles créatures nommées Blasphèmes, Elsy la mercenaire et Elodianne la magicienne vont devoir s'allier pour comprendre les raisons de telles exactions et si possible y mettre un terme. Or, en acceptant de mener une telle enquête, les filles ont bien conscience qu'elles n'en reviendront sans doute pas vu la dangerosité de la mission. 

La qualité d'un récit de fantasy réside dans la richesse et l'originalité de l'univers imaginé. N'oublions pas que les plus grands auteurs du genre, ce sont ceux qui ont su développer un monde différent et autonome. Or, justement Vincent Mondiot et Raphaël Lafarge dessinent ici un univers incroyable qui nous fait totalement perdre pied. Ils nous embarquent en terre inconnue dans le territoire de Mirinar et plus précisément dans la cité démesurée de Mirinèce. On partage le quotidien de leurs héros qui évoluent dans la froideur et l'anonymat des grandes villes. A grands renforts de descriptions incisives, ils mettent en lumière la vie de la population locale en fonction de leur position dans l'échelle sociale. A l'image de notre société, on retrouve bien les mêmes clivages. Ils donnent même un côté très visuel qui vient animer cette cité imaginaire d'un soupçon de réalisme. Plongé dans un autre espace-temps, le dépaysement est garanti. 

Bien sûr comme tout bon récit du genre, cet univers transpire la magie. Ici, on en prend toute la mesure lorsque l'on passe d'un monde à l'autre. Crée par l'esprit d'un magicien, le monde-miroir est le monde parallèle dans lequel ce dernier vient trouver refuge lorsqu'il a trop usé de son pouvoir afin de se guérir car l'abus provoque de nombreuses maladies. Mais ici, il semblerait qu'un être inconnu et malfaisant se sert de cette capacité pour envahir la ville de créatures infamantes. Les auteurs jouent beaucoup avec ces deux espaces qui se reflètent tout en étant si différents. Ce qui donne une tonalité toute particulière à cette aventure. Dans ce roman, on constate donc très vite que tout y est inédit. Il n'y a par exemple aucune influence d'un quelconque bestiaire merveilleux. Les créatures imaginées y sont pour le moins grotesques et protéiformes. Elles s'adaptent à leur environnement pour agir et ne ressemblent donc à rien de connu.

Inventeurs de monde à la Mathieu Gaborit, Vincent Mondiot et Raphaël Lafarge constituent véritablement la nouvelle garde. 

Coup d'éclat pour ce roman hors norme qui illustre superbement notre triste actualité. En surfant sur une atmosphère post-apocalyptique, les auteurs réalisent avec brio une introspection des comportements déviants et notamment de ce que la souffrance humaine peut faire commettre de pire chez certains esprits faibles et isolés. 

Riche d'une intrigue ambitieuse, Les Mondes-Miroirs est un roman étonnant qui délivre ses secrets par petits morceaux. Porté par un groupe de héros très dissemblables, ils n'en sont pas moins les parfaits relais qui permettent à ce livre de tenir la distance. 

Fantasy à la carte

Vincent Mondiot & Raphaël Lafarge
Les Mondes-Miroirs
Editions Mnemos

12/08/2018

Clément Bouhélier, Olangar, Bans et Barricades, première partie, éditions Critic

Cléments Bouhélier, Bans et Barricades, partie 1, 
Olangar
tome 1, éditions Critic

Au programme de la rentrée littéraire des éditions Critic, le nouveau cycle fantasy de Clément Bouhélier: Olangar: Bans et Barricades. Fidèle plume de la maison d'édition, l'auteur revient ici avec un récit fort et engagé. 

Cet ancien journaliste, déjà auteur de plusieurs thrillers fantastiques, a cette fois-ci misé sur un contexte fantasy pour nous faire  voyager dans son imaginaire. 

N'ayant pas encore eu l'occasion de lire l'une de ses œuvres, les éditions Critic m'ont permis de découvrir l'étendu de ce talent. Olangar est un cycle ambitieux et parfaitement bien rythmé. 

Olangar, cité industrielle post-révolution brasse une population très cosmopolite où les hommes côtoient les nains et parfois les elfes. C'est là-bas que débarque la nobliaude Evyna d'Enguerrand. Fille d'un ancien seigneur de guerre, elle est à la recherche d'un elfe du nom de Torgend Aersellson afin que celui-ci lui vienne en aide. Elle cherche la vérité sur la mort de son frère, soldat engagé à la frontière ouest et disparu dans des circonstances troubles. Recommandé par son père, Torgend semble être l'elfe de la situation pour l'aider à éclaircir ce mystère. Quête très louable mais qui va les amener à mettre au jour des malversations de politiciens véreux en cheville avec la pègre. Aidés dans leur mission suicidaire par un nain syndicaliste, tous trois seront-ils vraiment prêts à tous les sacrifices pour faire éclater la vérité ? 

La cité d'Olangar s'inscrit dans un royaume marqué par une guerre sanglante contre les orcs qui ont été repoussés à l'ouest grâce à l'union des peuples : hommes, nains et elfes. De plus, l'industrialisation a transformé durablement le paysage et donné naissance à des villes tentaculaires dévorant peu à peu les campagnes environnantes. Un tel choix permet à l'écrivain de donner une tonalité steampunk à ses romans avec une ambiance vapeur et cuivre très présente. 

Mais Clément Bouhélier forge surtout un univers, miroir de notre propre société. Il y dénonce l'enrichissement de certains hauts-placés sur le dos de la communauté ouvrière et autres modestes travailleurs. Il met en exergue les complicités qui se nouent entre les pires truands, maîtres de tous les trafics avec des hommes politiques peu scrupuleux qui siègent au gouvernement. Riche de ses propres expériences en tant que journaliste, puis rédacteur de discours politiques, il est l'observateur idéal pour nous dévoiler un envers du décor politique pas toujours reluisant. 
La première partie de Bans et Barricades est donc le point de départ d'une oeuvre haletante détentrice d'un message percutant. Avec un tel cycle, la fantasy française s'enrichie d'un nouveau nom qui promet d'assurer de beaux jours au genre. 

Fantasy à la carte

A lire aussi sur le blog mes avis sur le tome 2 de Bans et Barricades et Une Cité en flammes

Clément Bouhélier
Olangar
Partie 1
Bans et Barricades
tome 1
Editions Critic

05/08/2018

Mathieu Gaborit, Les Nouveaux Mystères d'Abyme, tome 1, La Cité Exsangue, éditions Mnemos

Mathieu Gaborit, Les Nouveaux Mystères d'Abyme, tome 1, La Cité Exsangue, éditions Mnémos

Après de longues années d'absence, Mathieu Gaborit fait un retour en fanfare avec un nouveau cycle de fantasy

Reconnu comme étant l'auteur qui a permis à la fantasy française de prendre son envol, retrouver sa plume vivante et fantasque me procure un plaisir non feint.

C'est dans la cité d'Abyme que Mathieu Gaborit a décidé de poser ses valises. Un royaume cher à son cœur d'écrivain qui lui a semble-t-il fait retrouver l'inspiration. 

Souvenez-vous de cette belle cité décadente, royaume de tous les excès sur laquelle régnait le farfadet Maspalio, prince-voleur et accessoirement héros de Mathieu Gaborit

La Cité Exsangue nous fait renouer avec un Maspalio vieillissant. Après dix ans de retraite au cœur des abysses, loin des turpitudes de la ville, notre facétieux farfadet a décidé de revenir à Abyme à la demande de son ancienne amante, Cyre. En effet, il semblerait que cette dernière ait besoin de lui. Seulement rentrer dans Abyme n'est pas aussi simple qu'avant. La cité n'est plus aussi joyeuse et débridée. Tombée aux mains de l'Acier, les gens n'y circulent plus aussi librement. L'ordre y règne maintenant et les trouble-fêtes sont sévèrement punis. Les démons n'y ont d'ailleurs plus leur place. Bravant tous les interdits jusqu'à risquer sa vie, Maspalio est prêt à toutes les folies pour rejoindre son ancien amour et lui venir en aide. Mais cette terre qu'il croyait si bien connaître lui est devenue hostile. Ainsi, arrivé en territoire ennemi, sera-t-il à la hauteur de sa réputation de fripon pour déjouer toutes les chausse-trappes? 

Avec un imaginaire toujours aussi épanoui, Mathieu Gaborit nous fait vibrer au même rythme que les battements de cœur de sa chère Abyme. Cité si vivante qu'elle en devient un personnage à part entière au même titre que Maspalio lui-même. La voilà tombée aux mains de fanatiques qui souhaitent y mettre bon ordre quel qu’en soit le prix. Ce roman est une fine analyse d'une micro-société aux mœurs légères dans laquelle les nouveaux puissants s'arrogent le droit de juger et de faire disparaître ce qui les gêne. Ainsi, aveuglés par leur propre soif de pouvoir et leur obscurantisme, ils commettent les pires exactions et perpétuent des injustices afin d'atteindre cet idéal qu'ils croient juste. 

Les Nouveaux Mystères d'Abyme est la première pierre qui vient solidement poser les bases de La Cité Exsangue et permet à l'auteur de faire un retour remarqué dans l'actualité des littératures de l'Imaginaire. 
Le personnage de Maspalio est le petit grain de folie qui vient égayer l'écriture de Mathieu Gaborit. Aussi attachant qu'horripilant, son aplomb n'a pas fini de nous faire parler. Il est le guide qui nous conduit au cœur d'un univers incroyable, exubérant et fantastique.

Comme l'auteur le dit lui-même dans son interview accordée à ActuSf, il n'en a pas encore fini avec certains de ses autres personnages et nous réserve quelques petites surprises pour l'avenir. A nous de faire preuve de patience, mais croyez-moi quelques mois ne sont rien à côté de la réjouissance de parcourir à nouveau les rues d'Abyme. 

Fantasy à la carte
A lire sur le blog, mon avis sur Les Crépusculaires

Mathieu Gaborit
Les Nouveaux Mystères d'Abyme
 tome 1
La Cité Exsangue
Editions Mnemos