09/05/2021

Jean-Laurent Del Socorro, Du Roi Je Serai L'Assassin, éditions ActuSF

Jean-Laurent Del Socorro, Du Roi Je Serai L'Assassin, éditions ActuSF

Du Roi Je Serai L'Assassin s'inscrit dans l'univers de Royaume de Vent et de Colères qui a reçu le prix Elbakin.net en 2015. On y croise donc des personnages familiers, on en rencontre des nouveaux et surtout on en apprend plus sur certains. 

Avec ce roman, Jean-Laurent Del Socorro donne la parole à une figure emblématique de la guilde des assassins mais qui est également un personnage discret déjà croisé entre les lignes de ses précédents récits. 

Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie Jérôme Vincent et les éditions ActuSF pour l'envoi de ce service de presse. 

Dans Du Roi Je Serai L'Assassin, on recroise donc la route de Silas, le chef de la guilde des assassins de Marseille dans ses jeunes années lorsqu'il n'était encore que Sinan. Né à Grenade, Sinan est un Morisque qui grandit, avec ses deux sœurs, sous le joug d'un père autoritaire et la menace permanente de l'inquisition. A force de coups et de violence et guidé par les troubles politico-religieux sanglants, Sinan va se forger un destin tourmenté. Entre l'Andalousie et le Languedoc, ce roman nous transporte dans l'histoire incroyable d'un homme qui s'est écrite à l'encre de sang. 

Du Roi Je Serai L'Assassin s'insère dans une longue période de persécutions religieuses. Le récit s'ouvre à Grenade quarante-huit ans après la Reconquista espagnole par les rois très catholiques, Isabelle Ie de Castille et Ferdinand II d'Aragon. Ils y ont mené une politique implacable en imposant à tout le royaume la foi chrétienne, poussant ainsi les musulmans non convertis à l'exil et désignant les nouveaux convertis comme des Morisques. C'est dans cette ambiance teintée de suspicion des catholiques et de nostalgie de l'Al-Andalus des convertis de force que grandit Sinan. Puis, l'action se déplace à Montpellier lorsque Sinan part y faire des études de médecine sous le nom de Simon. Place forte du protestantisme pendant cinquante ans, la ville est frappée de plein fouet par les troubles des guerres de religion. Elle est attaquée pour la première fois en 1577 et subit de nombreux sièges, ainsi que la destruction de la plupart de ses édifices religieux qui ont duré jusqu'en 1622. 

Avec ce nouveau roman, Jean-Laurent Del Socorro nous propose encore un récit intense, rehaussé par une atmosphère pesante et inquiétante. L'ombre de l'inquisition plane tout au long de ce livre lui donnant son caractère troublant. Or, ce contexte marquant modèle littéralement le héros de Jean-Laurent Del Socorro. En effet, Sinan subit déjà les frustrations de son père qui se traduisent par des violences physiques et des humiliations. Puis, plus tard ses autres rencontres vont le conduire à prendre part aux guerres de religion pour venger tous ces destins sacrifiés au nom d'un dieu. 

De chagrin en désespoir, Jean-Laurent Del Socorro nous brosse le portrait d'un petit garçon meurtri qui va devenir un assassin impitoyable. Poussé par les événements tragiques qui vont jalonner son enfance, puis sa vie d'adulte, Sinan va prendre différentes identités pour s'adapter aux situations qui se présentent à lui. Il incarne, tour à tour, tous ces visages qui se nourrissent de son passé et de ses expériences pour forger la personnalité qu'il adopte, par la suite, définitivement, celle de Silas. Fruit des larmes, de la révolte, de la peur et de l'injustice, il est devenu une arme aiguisée et sans pitié.

 

Dans Du Roi Je Serai L'Assassin, l'auteur donne finalement la parole à un meurtrier qu'il nous est impossible de détester. En effet, dès les premières lignes, on s'attache à ce petit garçon ballotté par la vie, privé d'amour maternel et maltraité par son père. Un début dans la vie difficile qui ne peut le conduire que vers une existence solitaire et sans réelle attache. En nous contant son histoire, Jean-Laurent Del Socorro nous offre un récit captivant dans lequel l'émotion nous noue parfois le ventre et fait souvent couler nos larmes.

Pour contrebalancer cette ambiance lourde, l'auteur nous entraîne dans les dédales d'une ville noctambule très vivante dans laquelle on suit le héros dans des tavernes et autres situations improbables d'étudiants en médecine et pourtant véridiques. 

Dans Du Roi Je Serai L'Assassin, l'auteur insuffle la même tension narrative que dans ses autres romans qui partagent le même univers. Il plie donc l'Histoire afin que ses personnages y prennent naturellement part.

En outre, il ajoute un autre enjeu à ces événements historiques mémorables, l'attraction et la quête de l'Artbon. Une pierre magique qui revêt de nombreux noms et que beaucoup veulent s'emparer pour les grands pouvoirs qu'on lui prête. A chaque roman, on la retrouve sur notre chemin et pourtant elle demeure encore bien mystérieuse à nos yeux. L'auteur ne fait qu'effleurer la question nous laissant encore beaucoup de questionnements sur ses origines et l'étendue de ses pouvoirs. Pourtant, sa seule présence confirme l'appartenance de l'ensemble de ses textes à la littérature fantasy. Cette magie exerce sur nous la même fascination qu'éprouvent ses personnages alors on ne souhaite qu'une chose : en savoir plus. 

Avec Du Roi Je Serai L'Assassin, Jean-Laurent Del Socorro signe un roman palpitant qui allie, avec brio, émotions et action. 

Jean-Laurent Del Socorro, c'est vraiment la plume de fantasy qui va vous faire aimer l'Histoire.  

Fantasy à la Carte

Sur le blog, vous pouvez lire mes avis sur Royaume de Vent et de Colères et La Guerre des Trois Rois

Informations

Jean-Laurent Del Socorro
Du Roi Je Serai L'Assassin
978-2-37686-351-9
350 pages
Editions ActuSF

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