Après avoir été plébiscité en grand format, la célèbre saga d'Anna Triss est rééditée en poche. En effet, en ce mois d'avril, les éditions Pocket Imaginaire nous proposent pas un mais les deux premiers tomes de La Guilde des Ombres, histoire de ravir les amateurs du genre.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse.
Résumé :
Après le décès brutal de ses parents, Panama Carswell est séparée de son frère et placée dans un orphelinat. Attirés par son don, Khamar et Jerys Targam débarquent un jour pour venir l'adopter alors qu'elle est âgée de onze ans. Sans rien lui cacher de leurs fonctions, ils lui proposent de rejoindre une société secrète d'assassins afin d'y être formé et d'apprendre à maîtriser son don. Panama y voit là l'occasion de vivre dans ce qui se rapproche le plus d'un foyer alors elle accepte. C'est ainsi que débute pour elle un terrible entraînement la faisant suer sang et eau, mais le prix en vaut la chandelle si elle peut reprendre sa revanche sur la vie, non ?
Mon avis :
Dans La Guilde des Ombres, on pénètre un univers ténébreux et fouillé. Anna Triss nous emmène à Terreflamme qui connaît une paix relative assurée par la Ligue Mercantile, la Caste de Justice, le Clan des Erudits, la Fraternité du Panthéon, la Confrérie Ouvrière et la Guilde des Ombres depuis le renversement de l'empire de Callistin III, dit le Sanguinaire, pendant la Guerre Continentale. L'autrice n'est pas avare en précisions car tout y est minutieusement détaillé. Elle met aussi bien en scène des elfes, des elfides, des nains, des dragons que des humains. De même, elle a doté son monde d'une mythologie forte à travers des cultes religieux prégnants qui s'expriment à la fois par l'existence d'un panthéon de dix dieux encadré par les deux Divines Mères : la déesse de la Vie et la déesse de la Mort, que par la célébration de la nature par l'intermédiaire des quatre Dryadènes symbolisant chacune un élément.
Néanmoins, c'est surtout à Clepsydre où se déroule l'essentiel de l'action de ce tome 1. Considérée comme la jumelle de la capitale Alkanthar, elle est surnommée la Cité des Vices car elle accueille mécréants, prostituées, va-nu-pieds, assassins et pauvres. C'est là que règne la Guilde des Ombres, cette organisation secrète formant des assassins, fondée par les seigneurs Funeste et Fournaise, à la fin de la guerre et constitué par les anciens esclaves-soldats du Sanguinaire. Son fonctionnement est réglementé par dix règles strictes auxquelles tous les assassins doivent se conformer sous peine d'en être définitivement exclus. En outre, l'accès à la formation des Ombres est conditionné à la possession d'un don. Celui-ci peut être de trois natures différentes : les Dons Terrestres sont réservés aux mortels impliquant une prédisposition physique, les Dons Draconiques sont possédés par les dragons et relèvent de la psychique et enfin les Dons Célestes sont réservés à de rares élus, héritiers des dieux et ayant un rapport avec la Création même.
Au fil des pages, on prend la mesure du travail colossal réalisé par l'autrice pour bâtir un univers cohérent et fonctionnel. Chaque début de chapitre y va de ses références pour comprendre et apprécier au mieux ce cadre richement doté. D'ailleurs, on constate qu'un lourd historique est à l'origine de l'organisation de ce monde dont l'autrice a patiemment réuni tous les éléments afin de lui donner une vraie crédibilité.
C'est l'un des points forts de cette dark fantasy qui s'avère très ambitieuse et fortement bien réussie. Mais ce n'est pas le seul car Anna Triss a parsemé son intrigue d'énigmes autour de certains de ses personnages et de la réelle destinée qui les attend. Elle nous immerge dans une quête initiatique menée par son personnage principal. Le Don de mort est un premier volet qui se présente comme un roman d'apprentissage au cours duquel Panama Carswell va suivre un dur apprentissage pour devenir une véritable Ombre. Que ce soit le maniement des armes, l'élaboration et l'usage des poisons, le développement de sa force physique, la planification sur le terrain de futurs assassinats ou l'adaptabilité sur le terrain pour faire face aux imprévus en dépit des scénarios préalablement établis en amont, tout est enseigné pour devenir le meilleur des assassins.
Au-delà de l'aventure émaillée de meurtres sordides et de relations personnelles tourmentées, l'autrice aborde également des thématiques majeures dont il est primordial de parler comme la violence intra-familiale, l'inceste et les abus sexuels. Des choix qui enrichissent grandement ce texte car ils mettent à l'index ces dérives qui entachent sérieusement nos sociétés modernes et menacent la sécurité et l'intégrité des enfants et des femmes.
Dans ce premier tome, on fait la connaissance d'une communauté de personnages relativement étoffés même si on s'attache avant tout à ce duo formé par Panama Carswell et Khamar. Panama n'est qu'une enfant lorsque le récit commence. Farouche et traumatisée après la mort de ses parents, elle est comme un oisillon blessé capable de donner quelques coups de bec. Recueillie par la Guilde, on la voit devenir progressivement une femme. Au fur et à mesure de ses victoires , elle prend confiance en elle et affirme une force insoupçonnée. En dépit d'un enseignement strict, elle conserve tout de même son impulsivité qui la rend si touchante et imprévisible. Elle a une personnalité entière qui déroute son interlocuteur dont Khamar lui-même. Aussi, elle aime ou déteste de manière inconditionnelle sans jamais varier d'un pouce. On lit en elle comme dans un livre ouvert car elle est incapable de dissimuler ses sentiments. Contrairement à son mentor, Khamar qui, lui, a eu des siècles pour apprendre à dissimuler ses pensées et conserver ainsi un visage impassible. Personnage complexe, pétri de secrets et de ténèbres, il est difficile de se forger une opinion juste sur lui, tant il est passé maître dans l'art de dissimuler ses réelles intentions. Séduisant et ténébreux, il demeure une énigme à explorer. Par leurs dons respectifs, ils sont comme l'Alpha et l'Omega, condamnés à se retrouver quelque soit le chemin emprunté.
En conclusion :
Avec Le Don de mort, Anna Triss signe un premier volet de haut vol qui nous transporte dans un monde âpre et envoûtant. L'imaginaire de l'autrice semble infini et nous attache sans mal à ces gueules cassées qui forment sa confrérie. On est happés si rapidement dans le maelstrom de ses intrigues que l'on va sûrement y laisser des plumes. Mais, qu'importe car il est déjà trop tard pour renoncer à lire la suite. L'addiction est là, alors à très vite !
Fantasy à la Carte
A lire sur la blogosphère, l'avis de Dup de Book en Stock.
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