28/03/2023

Anne Fakhouri, Trois battements, un silence, éditions Argyll

Anne Fakhouri, Trois battements, un silence, éditions Argyll

C'est en 2008 qu'Anne Fakhouri est entrée dans le monde de l'Imaginaire en proposant un diptyque pour la jeunesse, composé de La Clairvoyance et La Brume des Jours qui lui vaut de suite d'être primé par le grand prix de l'Imaginaire 2010. 

Puis, elle enchaîne en 2011 avec Narcogénèse, un thriller fantastique pour adultes qui restera dans les mémoires des lecteurs. 

En 2013 et 2015, elle signe deux nouveaux thrillers à destination des jeunes : Hantés et Piégés, et publie cette même dernière année American Fay, une fantasy où les fées tiennent le premier rôle. 

A partir de 2017, elle se tourne vers la romance qu'elle publie sous différents pseudonymes pour revenir à la fantasy en 2022. 

Trois battements, un silence est donc son dernier roman à paraître le 7 avril prochain aux éditions Argyll. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Xavier Dollo pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé : 

Dans Trois battements, un silence, Anne Fakhouri nous attache aux pas d'un certain Marco Delusi qui est retourné vivre dans la maison familiale avec le bébé changeling que les fées lui ont collé dans les pattes à la place de son fils. Un soir, ce dernier lui est mystérieusement rendu. Tout à sa joie de retrouver son enfant, disparu huit ans plus tôt, il est obligé de fuir manu militari car une horde de trolls menaçants s'approche dangereusement de la maison, sans doute pour lui reprendre. Un périple au cours duquel il va recroiser la route d'hommes et de femmes de son passé dont la mère de son fils qui l'aideront ou non dans sa noble quête de mettre son fils à l'abris. Pour cela, il lui faudra s'intéresser à ses origines car la solution semble s'y trouver. 

Mon avis :

Trois battements, un silence nous embarque dans un road trip sombre et baroque qui bouscule la féérie. Anne Fakhouri s'est réappropriée la légende de Mélusine pour donner un cadre merveilleux à son récit. Mélusine est un personnage féminin légendaire issu des contes populaires et chevaleresques du Moyen-Âge. Immortalisée par Jean d'Arras dans son roman Mélusine ou la noble histoire des Lusignans, l'autrice en reprend les grandes lignes pour nourrir son roman. Née de la fée Presine et du roi Elinas, Mélusine, accablée par la trahison de son père, a convaincu ses sœurs Mélinor et Palestine d'agir avec elle pour le punir. Or, en représailles pour cet acte, Presine la condamna à devenir serpent au-dessous du nombril chaque samedi et la défia de trouver un époux qui l'aimerait avec l'ordre de lui cacher sa nature serpentine sous peine de retrouver son tourment et d'être définitivement séparée de sa grande descendance. Une malédiction qui va d'ailleurs inspirer Anne Fakhouri car elle en imagine les conséquences sur les générations suivantes. Ainsi, tous ces Lusignan naissent et vivent dans la haine et la défiance des femmes en apparentant toute la gente féminine à cette traitresse qui aurait menti et manipulé le pauvre et innocent Raymondin de Lusignan. C'est dans ce contexte haineux que né le dernier de la lignée prénommé Marco, qui grâce à l'amour d'un oncle, va enrayer le processus et explorer le passé pour se défaire de ses chaînes décidément trop lourdes à porter. 

Dès lors, Anne Fakhouri a lâché la bride à un imaginaire vagabond pour explorer l'entre-deux et emprunter des chemins réservés aux fées qui s'ouvrent sous les pas des danseurs se mouvant à l'unisson du tempo de la terre. Sa plume s'immisce dans l'univers foisonnant de la féérie pour saupoudrer son texte d'éléments notables comme la présence d'une certaine lance en or qui n'est pas sans rappeler l'illustre lance de Lugh, objet magique par excellence ou la mention du changeling, autrement dit le bébé d'une fée échangé contre celui d'un humain pour sa beauté puisqu'il est de notoriété que ceux des fées sont souvent d'une laideur à faire peur. 

24/03/2023

Katia Lanero Zamora, Les Fils du Feu, tome 2, La Machine, collection Les 3 Souhaits, éditions ActuSF

Katia Lanero Zamora, Les Fils du Feu, tome 2, La Machine
collection Les 3 Souhaits, éditions ActuSF 

Ce mois de mars est marqué par la sortie tant attendue du final du diptyque de Katia Lanero Zamora. Pour avoir lu très récemment le tome 1 de La Machine, je suis bien contente d'avoir pu enchaîner directement avec la suite, tant les dernières lignes m'ont laissée dans un suspense insoutenable quant au devenir de ces deux frères. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

A Panîm, la guerre civile s'installe. Les mécontentements populaires et les injustices sociales ont grandi les rangs du parti Machiniste. Or, pour mater la rébellion et pour ramener l'ordre, l'armée est rappelée dans le pays afin de traquer celles et ceux qualifiés de dissidents. Pour Vian, c'est la douche froide car il est loin du retour en fanfare couvert de médailles et il sait qu'il lui faudra oublier ses attaches personnelles pour briller. Quant à Andrés, lui qui s'est laissé séduire par cette belle utopie d'équité sociale, que sera-t-il prêt à sacrifier pour la cause ? Enrôlés dans des doctrines différentes, sont-ils condamnés à s'affronter et peut-être à s'entretuer ? 

Mon avis :

Avec Les Fils du Feu, Katia Lanero Zamora explore les ressorts psychologiques et émotionnels de la guerre civile. Elle met en lumière les bassesses que certains vont mettre en œuvre pour survivre croyant bien volontiers les justificatifs qu'on leur agite sous le nez pour légitimer leurs actes. L'autrice met à nu toute l'horreur de mener une guerre au sein d'un même peuple conduisant des frères, des sœurs, des parents ou des amis à s'étriper. Elle s'intéresse ici à la mise en œuvre des doctrines idéologiques reposant à la fois sur la déshumanisation de l'ennemi et la persécution de cibles toujours désignées comme étant coupables de tous les maux de l'existence. Le texte n'en est que plus bouleversant car non seulement il fait écho à une période sombre de l'Histoire en Europe, mais demeure encore d'actualité avec une humanité qui ne tire jamais leçon de la souffrance des peuples. 

La tragédie qui secoue la cité fictionnelle de Katia Lanero Zamora bat à l'unisson des cœurs meurtris de ses principaux protagonistes dont l'amour filial incarne ce monde déchiré. 

Pour autant, au milieu de l'horreur et l'infâmie fleurissent de nobles sentiments car l'amitié, la fraternité et la solidarité sont également au rendez-vous. En effet, l'autrice a tissé de très belles relations entre certains de ses protagonistes qui reposent essentiellement sur un respect mutuel. 

21/03/2023

Katia Lanero Zamora, Terre de Sang et de Sueur, tome 1, La Machine, collection Les 3 Souhaits, éditions ActuSF

Katia Lanero Zamora, Terre de Sang et de Sueur, tome 1, La Machine
collection Les 3 Souhaits, éditions ActuSF 

Ecrivaine et scénariste, Katia Lanero Zamora louvoie entre la littérature et l'audiovisuel. Après deux albums jeunesse, parus respectivement en 2010 et 2011, elle enchaîne avec une trilogie fantasy, Chroniques des Hémisphères en 2012, puis signe, en 2018, un one-shot fantasy avec Les Ombres d'Esver, publié aux éditions ActuSF. En 2021, paraît d'ailleurs chez le même éditeur, le premier tome d'un dytique, intitulé La Machine qui emporte de suite l'adhésion du public et rafle même le prix Ouest Hurlant des lycéens

Alors que le second volet sort ce mois-ci, je me plonge enfin dans cette fiction politico-sociale de haut vol. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

A Panîm, les frères Cabayol, Andrès et Vian empruntent deux voies différentes. Si le cadet, Vian, a fait ses classes militaires et s'apprête à servir son pays sous le drapeau, l'aîné, lui, est un électron libre qui a préféré rejoindre les rangs du peuple opprimé. Face à l'intransigeance d'un père, seigneur en ses terres et un pays au bord de l'insurrection, quel destin vont-ils embrasser ? Suivront-ils les désirs de leur cœur ou au contraire, se laisser juste porter par les événements ? 

Mon avis :

Pour poser le décor de sa cité fictionnelle de Panîm, Katia Lanero Zamora s'est clairement inspirée de l'Espagne de la première moitié du XXe siècle, marquée par l'instauration de la Seconde République espagnole de 1931 à 1939, obligeant le roi Alphonse XIII à l'exil. Or, ce régime politique va connaître une forte instabilité, due à la guerre civile, permettant au général Francisco Franco de s'emparer du pouvoir. Ainsi, on retrouve des similitudes avec ces faits historiques puisqu'une toute jeune république a pris la suite d'une monarchie despotique entre ces lignes. Pour autant, le calme ne règne pas dans le pays car l'aristocratie demeure attachée à ses prérogatives refusant l'idée d'un partage équitable. Il en résulte une montée de la colère populaire. Des tensions éclatent face à l'inertie des réformes économiques et sociales promises. Or, c'est dans ce climat insurrectionnel que Katia Lanero Zamora plonge ses personnages. 

15/03/2023

Jean Krug, La Cité d'Ivoire, éditions Critic

Jean Krug, La Cité d'Ivoire, éditions Critic

Quand il n'explore pas les glaciers, le glaciologue Jean Krug écrit. Son premier roman, Le Chant des Glaces, sorti en grand format chez Critic vient d'être réédité en poche sous le label "Les étoiles montantes de l'imaginaire" des éditions Pocket. 

Après un planète opéra mémorable, il signe avec La Cité d'Ivoire, un nouveau récit de science-fiction aux accents postapocalyptiques tout aussi prometteur. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcellin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Ilian, ville-dôme où un reste d'humanité y vit reclus depuis que la planète est devenue inhospitalière après cinq cents ans de réchauffement climatique. Au cœur de ce qui semble être  le dernier bastion de l'humanité, il y a Sam, un citoyen modèle qui voit sa vie basculer et son regard changer le jour son frère se fait assassiner.  Pour Maëlle, policière d'élite habituée à traquer les dissidents, voit d'un mauvais œil de se retrouver dans la peau de la proie. Quant au Kid, un jeune anarchiste à la gueule cassée, lui, qui porte de nobles idéaux, pourra-t-il seulement les voir se réaliser ? Dans le sillage de ces trois destins court la rumeur de l'existence d'un eldorado qui attendrait les plus téméraires à l'extérieur. Et si cette Cité d'Ivoire n'était qu'un mirage de plus ? Pour autant, ce trio est-il vraiment prêt à faire émerger la vérité ? 

Mon avis :

La Cité d'Ivoire prend cadre dans un futur pas si lointain. En dépit, des nombreuses alertes des scientifiques, les sociétés sont restées sourdes aux mises en garde plongeant ainsi la terre dans un cataclysme persistant  et obligeant les dernières générations à s'adapter en vivant sous cloche. Inspirée par le progrès technologique actuel, Jean Krug invite sans surprise l'intelligence artificielle dans sa science-fiction. En effet, celle-ci s'impose très naturellement pour administrer  la vie dans sa cité d'Ilian, sauf que la surexploitation des ressources doublée d'un enfermement mettent un sérieux frein à la fabrication des composants nécessaires à son bon fonctionnement, celle-ci est donc plutôt décadente, et même dysfonctionnante. 

Voilà qui dépeint un monde  finalement très crédible. D'autant que Jean Krug s'appuie sur un modèle social similaire au nôtre reposant sur une caste supérieure vivant dans les parties hautes de la ville dans l'indifférence du reste de la population et une caste inférieure reléguée avec mépris dans les souterrains. La colère et l'injustice aidants face à cette situation inique, l'auteur a préparé le terrain pour faire naître une envie de rébellion dans le cœur de certains anarchistes qui rêvent d'un ailleurs libre et égalitaire. 

En quelques  chapitres, Jean Krug nous pose habilement le décor qui sert d'écrin à son implacable récit. Il met en scène une lutte des classes encadrée par un système de surveillance au service d'un pouvoir dévoyé. Sous le couvert d'amélioration du quotidien, les citoyens sont pucés et contrôlés. Grâce à la collecte de données, l'intelligence artificielle est utilisée pour l'identification et l'élimination des profils qualifiés de séditieux afin de maintenir l'ordre social. Dans son roman, Jean Krug met en lumière les techniques que le pouvoir utilise pour désigner un ennemi et ainsi détourner l'attention. De même, il met en garde contre cette habitude de tout modéliser lorsqu'il faut répondre à une problématique. L'intelligence artificielle a ses propres limites et ne peut pas tout prévoir d'autant qu'elle dépend de la manière dont les données vont être traitées. L'homme demeure toujours à la manœuvre en arrière-plan, alors une part de subjectivité subsiste. La société parfaite est belle et bien une utopie qui ne peut pas fonctionner sur la masse. Restreint à l'échelle d'une petite communauté, le modèle est sans doute viable à la condition que nul ne cherche à prendre le dessus sur les autres. La Cité d'Ivoire expérimente cet idéal en pointant ses forces et ses faiblesses. Pour Jean Krug, la vraie liberté, c'est surtout de ne pas se voir imposer la vision d'autrui et de tracer sa route en fonction de ses propres choix. Dans ce nouveau roman, Jean Krug porte les mêmes idées fortes qu'il avait déjà abordées dans son premier livre

10/03/2023

Gilberto Villarroel, Lord Cochrane et le trésor de Selkirk, éditions Pocket Imaginaire

Gilberto Villarroel, Lord Cochrane et le trésor de Selkirk, éditions Pocket Imaginaire 

Gilberto Villarroel est un scénariste et un producteur chilien pour la télévision et le cinéma. En 2016, il produit une série documentaire sur Thomas Cochrane, un célèbre amiral qui s'est notamment illustré dans les luttes pour l'indépendance du Chili et du Pérou. Or, fasciné par ce destin hors du commun, Gilberto Villarroel s'est lancé dans l'écriture d'une fiction uchronique agrémentée de notes fantastiques. 

Publié comme un tome 3, Lord Cochrane et le trésor de Selkirk prend la suite de Cochrane vs Cthulhu et Lord Cochrane vs l'Ordre des Catacombes même si chronologiquement, il peut se lire avant ce dernier. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi surprise de ce service de presse qui m'a donné une bonne occasion de goûter à cette plume aventureuse. 

Résumé :

Chili, 1822. On retrouve Lord Cochrane et son équipage à bord du Rising Star, amarré dans la baie de Valparaiso, peu de temps avant le tremblement de terre suivi du tsunami qui a dévasté la ville. Après avoir aidé à la recherche des survivants et sauver le général O'Higgins en le sortant des décombres de sa maison, ce dernier lui a confié un secret à propos du corsaire Alexander Selkirk qui aurait caché un trésor sur l'île Robinson Crusoe. Il n'en faut pas plus à l'amiral pour éveiller sa curiosité et projeter d'y faire escale avant de rejoindre sa nouvelle affectation auprès de Pierre Ier en servant dans la marine brésilienne. Que découvrira-t-il sur cette mystérieuse île et quel sombre danger va encore le guetter dans cette nouvelle aventure ? 

Mon avis :

Dans sa saga, Gilberto Villarroel s'est attaché à suivre chronologiquement la carrière, émaillée de coups d'éclat, de Thomas Cochrane. En effet, celle-ci donne à son récit un cadre d'action solide auquel il a ajouté une dimension fantastique à travers l'introduction d'éléments de la mythologie horrifique de H.P. Lovecraft. Chaque tome se lit comme un roman d'aventure maritime qui s'ancre autour de la figure charismatique de l'amiral Thomas Cochrane.

Fils d'un comte écossais, il entre très jeune dans la marine britannique et monte rapidement en grade. Dès son premier commandement, il capture une cinquantaine de navires ennemis en un peu plus d'un an. Bon tacticien, il marque les esprits à la bataille de l'île d'Aix et l'utilisation des brûlots qui a failli détruire l'escadre française. En 1818, il participe aux guerres d'indépendance hispano-américaines en rejoignant la marine chilienne et s'est également joint à l'expédition pour libérer le Pérou entre 1820 et 1821, permettant à José de San Martin d'en proclamer l'indépendance. Mais plutôt que de prendre part à la guerre civile qui s'ensuivit après ces événements, Thomas Cochrane a préféré quitter le Chili pour le Brésil. Or, c'est dans ce contexte de ces années cruciales pour Lord Cochrane que Gilberto Villarroel a choisi d'introduire l'intrigue de ce présent roman. En effet, l'auteur a profité de son départ de Valparaiso en compagnie de l'écrivaine Maria Graham et de leur escale à l'archipel Juan Fernandez pour nourrir une nouvelle intrigue mêlant chasse au trésor et piraterie. N'y a-t-il pas, d'ailleurs, de lieu plus propice pour dissimuler des mystères à exhumer, laissés par le plus célèbre des naufragés inspirant Daniel Defoe pour l'écriture de son livre Robinson Crusoe. Le procédé est habile car il permet à la fois de rendre hommage à une œuvre majeure de la littérature anglaise et de préparer le terrain en disposant les éléments introductifs de son prochain volet. 

Derrière son récit uchronique mettant en valeur une figure controversée mais non moins marquante pour le destin de sa patrie, Gilberto Villarroel virevolte avec une certaine ingéniosité entre fiction et réalité pour inviter un certain H.P. Lovecraft à prendre part aux festivités. A son tour, il a voulu célébrer l'héritage lovecraftien en faisant de Cthulhu une obsession de son personnage principal. 

05/03/2023

Nadège Da Rocha, Quelqu'un se souviendra de nous, collection Naos, éditions ActuSF

Nadège Da Rocha, Quelqu'un se souviendra de nous
collection Naos, éditions ActuSF 

Après sa participation à l'anthologie Diluées, Nadège Da Rocha signe avec Quelqu'un se souviendra de nous, son premier roman à destination d'un public Young Adult. Elle nous y propose une réécriture de la mythologie grecque et vient même faire écho à l'engouement éditorial dont celle-ci bénéficie actuellement. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Humiliée et trahie par Zeus, Pandore compte bien se venger. A la recherche de la Faucille de Chronos, elle débarque sur l'île où vit Méduse en espérant mettre la main dessus. Mais, elle est arrivée trop tard car celle-ci a déjà disparu. Elle n'a donc pas d'autre choix que de continuer le voyage. Seulement, elle ne le fera plus seule puisque Méduse, sensible à sa quête, a décidé de l'accompagner. Toutes deux seront très vite rejointes par Arachné. Ensemble réussiront-elles à donner une bonne leçon aux dieux, et même à se redessiner un destin ? 

Mon avis :

Quelqu'un se souviendra de nous prend la forme d'une épopée féminine qui nous emporte aux quatre coins de la Grèce Antique, du royaume des Enfers au mont Olympe. Nadège Da Rocha nous brosse le portrait d'un monde divin livré au chaos. En effet, depuis la disparition de Zeus et d'Hadès, le désordre règne autant sous terre que dans les cieux. Les divinités se livrent une guerre sans merci, laissant s'exprimer ouvertement leurs rivalités. Quant aux âmes défuntes, elles menacent juste d'envahir l'Olympe pour y déverser leur désespoir et y étouffer ainsi toute vie. Quelqu'un se souviendra de nous est un récit de voyage, à l'image de celui qu'Ulysse effectua sous la plume d'Homère pour rentrer chez lui car comme lui, les héroïnes de Nadège Da Rocha vont multiplier les rencontres avec des figures éminentes ou non de la mythologie grecque et fouler les mêmes terres comme la mystérieuse île d'Eéa où réside la célèbre Circé. C'est donc un défilé de héros, de divinités majeures ou mineures et de créatures fantasmagoriques qui se pressent autour des trois héroïnes de Nadège Da Rocha. L'autrice s'est d'ailleurs réappropriée chacun de leur mythe pour leur tisser parfois un nouveau destin qus'intègrent harmonieusement à cette intrigue pleine de bruit et de fureur. 

Néanmoins, c'est surtout à travers Pandore, Méduse et Arachné qu'elle expérimente le plus sa réécriture. En effet, l'autrice s'appuie donc sur ces trois femmes, victimes des dieux, pour porter son histoire. C'est Pandore qui inaugure ce livre en entraînant les autres dans sa quête périlleuse. Pour mémoire, elle est la première femme humaine créée sur l'ordre de Zeus car il voulait se venger des hommes pour le vol du feu par Prométhée. Façonnée dans l'argile par Héphaïstos, elle épouse Epiméthée, le frère de Prométhée et vient à lui avec une boîte mystérieuse qu'elle a interdiction d'ouvrir mais qu'elle ouvre quand même. Or, en faisant cela, elle laisse échapper la vieillesse, la maladie, la guerre, la famine, la misère, la folie, le vice, la tromperie, la passion, l'orgueil et l'espérance condamnant ainsi l'humanité à tous ces maux. Affectée par sa triste réputation, Pandore entre à nouveau en scène ici pour rendre la monnaie de leur pièce aux dieux et leur donner une bonne leçon. C'est un personnage complexe, tiraillé entre ses regrets et son désir de vengeance chevillé au cœur, mais se salira-t-elle les mains pour autant ? En dépit des doutes qui l'assaillent par moment, sera-t-elle à la hauteur de la mission qu'elle s'est fixée, elle, qui a pris la tête de ce trio vengeur. 

A ses côtés prend place Méduse transformée en gorgone par Athéna après qu'elle ait été violée par Poséidon. Entre une chevelure de serpents et un regard pétrifiant, elle est crainte par tous, ne voyant plus à travers elle que l'image d'un monstre. Pourtant dans ce livre, on la retrouve bien esseulée, perdue sur son île, épuisée par sa colère perpétuelle qui l'a vidée de son pouvoir le rendant ainsi dysfonctionnant. Mais sa rencontre avec Pandore va lui redonner un coup de fouet, lui faire retrouver le goût à la vie et peut-être lui permettre de laver son honneur. Par les drames et l'opprobre qui ont jalonné sa vie, on s'attache facilement à ce personnage que l'on voit se reconstruire sous la plume habile de Nadège Da Rocha.