C'est en 2008 qu'Anne Fakhouri est entrée dans le monde de l'Imaginaire en proposant un diptyque pour la jeunesse, composé de La Clairvoyance et La Brume des Jours qui lui vaut de suite d'être primé par le grand prix de l'Imaginaire 2010.
Puis, elle enchaîne en 2011 avec Narcogénèse, un thriller fantastique pour adultes qui restera dans les mémoires des lecteurs.
En 2013 et 2015, elle signe deux nouveaux thrillers à destination des jeunes : Hantés et Piégés, et publie cette même dernière année American Fay, une fantasy où les fées tiennent le premier rôle.
A partir de 2017, elle se tourne vers la romance qu'elle publie sous différents pseudonymes pour revenir à la fantasy en 2022.
Trois battements, un silence est donc son dernier roman à paraître le 7 avril prochain aux éditions Argyll.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Xavier Dollo pour l'envoi de ce service de presse.
Résumé :
Dans Trois battements, un silence, Anne Fakhouri nous attache aux pas d'un certain Marco Delusi qui est retourné vivre dans la maison familiale avec le bébé changeling que les fées lui ont collé dans les pattes à la place de son fils. Un soir, ce dernier lui est mystérieusement rendu. Tout à sa joie de retrouver son enfant, disparu huit ans plus tôt, il est obligé de fuir manu militari car une horde de trolls menaçants s'approche dangereusement de la maison, sans doute pour lui reprendre. Un périple au cours duquel il va recroiser la route d'hommes et de femmes de son passé dont la mère de son fils qui l'aideront ou non dans sa noble quête de mettre son fils à l'abris. Pour cela, il lui faudra s'intéresser à ses origines car la solution semble s'y trouver.
Mon avis :
Trois battements, un silence nous embarque dans un road trip sombre et baroque qui bouscule la féérie. Anne Fakhouri s'est réappropriée la légende de Mélusine pour donner un cadre merveilleux à son récit. Mélusine est un personnage féminin légendaire issu des contes populaires et chevaleresques du Moyen-Âge. Immortalisée par Jean d'Arras dans son roman Mélusine ou la noble histoire des Lusignans, l'autrice en reprend les grandes lignes pour nourrir son roman. Née de la fée Presine et du roi Elinas, Mélusine, accablée par la trahison de son père, a convaincu ses sœurs Mélinor et Palestine d'agir avec elle pour le punir. Or, en représailles pour cet acte, Presine la condamna à devenir serpent au-dessous du nombril chaque samedi et la défia de trouver un époux qui l'aimerait avec l'ordre de lui cacher sa nature serpentine sous peine de retrouver son tourment et d'être définitivement séparée de sa grande descendance. Une malédiction qui va d'ailleurs inspirer Anne Fakhouri car elle en imagine les conséquences sur les générations suivantes. Ainsi, tous ces Lusignan naissent et vivent dans la haine et la défiance des femmes en apparentant toute la gente féminine à cette traitresse qui aurait menti et manipulé le pauvre et innocent Raymondin de Lusignan. C'est dans ce contexte haineux que né le dernier de la lignée prénommé Marco, qui grâce à l'amour d'un oncle, va enrayer le processus et explorer le passé pour se défaire de ses chaînes décidément trop lourdes à porter.
Dès lors, Anne Fakhouri a lâché la bride à un imaginaire vagabond pour explorer l'entre-deux et emprunter des chemins réservés aux fées qui s'ouvrent sous les pas des danseurs se mouvant à l'unisson du tempo de la terre. Sa plume s'immisce dans l'univers foisonnant de la féérie pour saupoudrer son texte d'éléments notables comme la présence d'une certaine lance en or qui n'est pas sans rappeler l'illustre lance de Lugh, objet magique par excellence ou la mention du changeling, autrement dit le bébé d'une fée échangé contre celui d'un humain pour sa beauté puisqu'il est de notoriété que ceux des fées sont souvent d'une laideur à faire peur.