Le livre Les Voiles d'Azara vient tout juste de paraître aux éditions Mnémos. C'est une sortie événement car très attendue des lecteurs de la première heure qui ont été ensorcelés par Les Masques d'Azr Khila. Avec ce second volet, Charlotte Bousquet conclut magistralement son diptyque. Avant de continuer, je tiens donc à adresser mes remerciements à Estelle Hamelin et aux éditions Mnémos pour m'avoir proposé ce partenariat.
Dans Les Voiles d'Azara, alors qu'une tempête de sable fait rage, Tiyyi finit par rejoindre Arkhane et l'aide à contrer un assaut de ghûls. Djiane, elle, est tombée dans les filets de Malik qui la charge de retrouver les deux autres jeunes femmes afin que la prophétie d'Aya Sin se réalise. Alors qu'il pense que les trois femmes désignées par les augures vont le libérer de ce corps ravagé, une ombre plus maléfique encore est à l'oeuvre. Est-ce que Deux Fois Née, Cent Vies et Déjà Morte avec l'aide de la sybille Aya Sin seront en mesure de faire échec aux plans machiavéliques d'un immortel voire même d'un Dieu fou ?
Après deux ans d'attente, la voici entre mes mains cette suite des Masques d'Azr Khila. C'est donc avec une certaine impatience, doublée d'une fébrilité que je me suis replongée dans ce bel univers. Quelques pages lues plus tard et le charme a une nouvelle fois opéré. C'est toute la magie de cette plume qui nous donne l'impression d'avoir lu le premier tome seulement hier.
Shâhra est un récit immersif et enivrant. L'intrigue s'entortille autour de quatre femmes fortes, sorcières chacune à leur manière. De destins brisés, toutes se relèvent pour réécrire leur histoire. Elles sont le bras armé d'une puissante divinité qui ne les a pas choisies au hasard. C'est au gré de leurs aventures qu'elles prennent la mesure de leur puissance qui va leur permettre d'accomplir leur destinée. Quatre âmes qui dispensent la vie et non la mort même si cette dernière est inéluctable. Charlotte Bousquet les décrit comme étant des protectrices plus que des guerrières. C'est de leur connexion à la nature et aux animaux qu'elles tirent surtout leurs pouvoirs. Douces, attachantes et fières, on apprécie chacune de ces figures féminines qui transmettent courage et force à ceux qu'elles rencontrent. En brossant le portrait de telles héroïnes, Charlotte Bousquet insuffle à son texte une vraie beauté car finalement beaucoup de douceur s'en dégage. Elles sont comme un baume qui agit contre le mal qui ronge Shâhra.
L'ombre des dieux plane sur ce diptyque. En effet, Charlotte Bousquet a construit son récit autour d'une mythologie précise qui s'inspire sans doute de l'Antiquité. Ainsi, la divinité Azr Khila, maîtresse de la vie et de la mort et mère du monde guide les pas de ces héroïnes et particulièrement ceux d'Arkhane qui est son élue. Elle a besoin de ces femmes pour empêcher Kerfou, son fils dément de se libérer complètement de sa prison en se servant de l'immortel Malik. Elle est aidée de sa fille Azara, maîtresse de la magie et des illusions qui protège Aya Sin. Elle a également engendré d'autres enfants comme Sham, maître des vents, seigneur du désert et des chevaux, Melkur, seigneur du soleil, maître de la forge et du feu, ainsi que Lâssa, fille des fleuves et des océans, dame des pluies. La croyance en ces divinités berce la vie des mortels. Ces dieux interfèrent dans leur vie lorsque cela est nécessaire, notamment devant un danger. Ainsi, ils accordent des dons comme c'est le cas avec Azara et Azr Khila qui décuplent les pouvoirs de leurs élues et permettent aussi aux corps de ces dernières de se régénérer pour guérir des graves blessures. L'existence de ces divinités lie la fantasy de cette autrice à une magie qui relève donc de la divination (la croyance en les augures) et même de l'animisme (la croyance en une force vitale qui anime les êtres vivants), ce qui lui confère un caractère mystique. Ainsi, les pouvoirs des héroïnes de ce cycle sont intiment liés aux rêves et à la métamorphose.
Malgré le mal qui ronge Shâhra, c'est pourtant l'éclat et l’harmonie qui prédominent dans ce texte. Il s'en dégage une belle musicalité. Sans doute que les vers qui s'éparpillent ici ou là servant notamment de sortilèges utilisés par les héroïnes de Charlotte Bousquet y sont pour quelque-chose. Ainsi, dans ce cycle, l'autrice est assurément une poétesse accomplie qui nous envoûte par ses mots et son imaginaire enchanteur.
Avec Shâhra, l'autrice nous offre une escapade dans un monde hors du temps où tout devient possible.
Fantasy à la Carte
A lire aussi sur le blog mon avis sur Les Masques d'Azr Khila.
Tellement hâte de me replonger dans cet univers ! :) J'ai moi aussi reçu le second volume en service de presse à la demande de Charlotte et j'hésitais à me lancer sans avoir relu le premier tome. Qu'en penses-tu ?
RépondreSupprimerPour ma part, je ne l'ai pas relu. En revanche, juste avant de commencer le tome 2, je me suis rafraîchis la mémoire en relisant ma chronique sur le tome 1.
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