15/05/2020

Audrey Alwett, Les Poisons de Katharz, collection Bad Wolf, éditions ActuSF

Du catalogue de Bad Wolf, il me restait à lire Les Poisons de Katharz d'Audrey Alwett. Ayant lu tous les autres livres publiés dans cette collection, je m'attendais à lire un livre original et drôle. Et c'est bien ce que j'ai trouvé au fil des pages de celui-ci. 

Audrey Alwett nous emmène en Terre d'Airain et plus précisément à la cité-prison de Katharz. Peuplée essentiellement de criminels, la ville n'est sûre pour personne. Pas me pour la tyranne Ténia qui la gouverne d'une main de fer en récompensant les assassins les plus zélés. Pour cela, elle est crainte et détestée, et on souhaite bien souvent la voir morte. Seulement ce que les gens ignorent c'est qu'elle n'a pas le choix. Katharz a été bâti sur un démon qui se libérera de ses chaînes si la ville atteint les 100 000 habitants. Or, malgré tous ses efforts le nombre ne fait que croître ces derniers temps. Pire encore, une délégation des provinces voisines projette d'assiéger sa ville pour la renverser. Clairement l'arrivée d'un tel afflux de personnes entre les murs de Katharz risque de sonner le glas du monde. Mais pourra-t-elle réellement empêcher l'apocalypse d'avoir lieu ? 

Les Poisons de Katharz, c'est l'imaginaire exubérant d'une autrice fascinée par les œuvres de Terry Pratchett. Aussi, on y retrouve un humour et une légèreté similaires. A travers son récit, Audrey Alwett met en scène une communauté très variée de personnages. Cela lui permet de jouer sur les stéréotypes des personnages de fantasy en les décalant. Ainsi, la sorcière enfourchant son balai ne se déplace jamais sans sa pipe, bourrée d'herbes très spécialesa lors que le preux chevalier, lui, est davantage intéressé par sa énième promise que par défendre la veuve et l'orphelin. En affublant ses personnages de petits défauts et d'étranges manies, l'autrice les rend plus humains car ils partagent finalement les mêmes travers. L'identification n'en ai donc que plus aisée. Cupidité, solitude et intolérance ne les épargnent donc pas. 

Le bestiaire merveilleux ne manque pas non plus à l'appel dans ce roman. On ne s'étonne donc pas de rencontrer une nuée de licornes qui servent de montures à la cavalerie royale du royaume de Malicorne, et accessoirement de détecteurs à virginité pour "princesse" en quête de roi à plumer. Sans oublier les célèbres guildes d'assassins qui poussent comme des champignons à Katharz mais dont les membres ne semblent vraiment pas à la hauteur de leur réputation. 

En outre, Audrey Alwett a également misé sur un autre élément fort du genre : la complot. Les luttes d'influence vont bon train : chacun œuvrant en sous main pour son intérêt personnel. Alors que Ténia cherche à empêcher l'apocalypse, d'autres espèrent un pouvoir plus grand. Il n'y a pas que dans les rues de Katharz que les poisons circulent. Il est partout et le danger est grand. Alors au cœur de cet immense chausse-trappe, qui du croque-mitaine, du démon ou de la tyranne remportera la victoire ? 

Les Poisons de Katharz, c'est un concentré de rebondissements improbables et grotesques ; c'est l'immersion dans une fantasy dont on croyait à tort bien connaître les codes. Audrey Alwett se fait finalement l'autrice d'une histoire rafraîchissante malgré des enjeux de première importance. 

Avec ce roman, elle nous donne l'opportunité de porter un autre regard sur un genre qui s'avère loin d'être figé. 

Fantasy à la Carte

Informations

Audrey Alwett
Les Poisons de Katharz
Collection Bad Wolf
424 pages
978-2-36629-825-3
 Editions ActuSF

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