Fraîchement débarquée dans le paysage éditorial des littératures de l'Imaginaire, les éditions L'Alchimiste m'ont proposé de découvrir le premier roman fantasy de leur poulain : H.A. Laymore. Qui se cache derrière un tel nom de plume aux consonances si mystérieuses ? Un artiste autodidacte aux multiples casquettes tantôt photographe, plasticien, tantôt écrivain. Mais intéressons-nous plutôt à l'auteur. Ce Lyonnais a la vocation d'écrire une oeuvre aussi magistrale qu’audacieuse. Retenez bien ce nom, j'ai le pressentiment qu'il va marquer le genre. Il faut dire que le premier volet de "Lyon des Cendres" accumule les ingrédients forts d'un récit ensorcelant. Histoire, espionnage, alchimie, complot, manipulation, tout est là pour en faire un grand succès auprès des lecteurs avides de renouveau.
H.A. Laymore nous fait virevolter entre ses nombreux personnages dont les destins vont s'entremêler pour venir tisser une intrigue complexe et cabalistique. L'auteur nous met en relation à tour de rôle avec un Hussard de la Mort affecté aux affaires occultes chargé ici d'enquêter sur la disparition d'un camarade, avec une mère et sa fille aristocrates luttant pour rétablir une monarchie déchue, avec une sœur missionnée pour récupérer une certaine partition, précieux artefact qui fait s'agiter la société secrète des alchimistes, ou encore avec des personnalités politiques qui ont influencé l'avenir de Lyon sous la Convention nationale comme Joseph Fouché et Jean-Marie Collot d'Herbois. Chacun nous raconte son histoire sans connaître l'existence des autres, mais tous sont les pions d'une force supérieure. Car des forces occultes sont à l'oeuvre les réduisant à de simples marionnettes qui s'ignorent, pour accomplir un dessein qui les dépasse.
En inscrivant son récit dans une période très troublée de l'Histoire de France, et notamment de la ville de Lyon, H.A. Laymore s'affirme d'ores et déjà comme l'auteur d'une uchronie de fantasy ambitieuse. Qui dit désordre, révolte populaire, dit violence, conspiration, cabale, autrement dit un contexte propice à introduire des éléments fantastiques, telle une société secrète d’alchimistes œuvrant dans l'ombre des pouvoirs en place.
1793, Lyon est le théâtre d'affrontements sanglants. La ville est dépossédée de son nom, ses murailles sont abattues, les maisons bourgeoises sont détruites. La cité est en ruines, les Lyonnais sont affamés et des centaines d'opposants aux Républicains sont fusillés ou guillotinés. Des massacres que l'on doit surtout à Collot d'Herbois et à Fouché nommés en remplacement de Couthon par la commission Parein. C'est d'ailleurs autour de ces tristes figures de l'Histoire que l'auteur va composer son intrigue. Le chaos règne à l'époque. Or, c'est un élément dont se nourrit régulièrement la fantasy pour construire ses histoires. On comprend d'office le choix d'un tel cadre.
Mais au-delà d'une réalité sombre, H.A. Laymore dessine un univers onirique généreux. L'introduction d'alchimistes suscite chez bon nombre de lecteurs de fantasy une certaine fascination pour ce monde occulte côtoyant ici un fanatisme religieux et la pratique d'une magie par l'intermédiaire de la musique. En effet, c'est la manière de produire les notes qui donne le pouvoir au musicien de relever les morts provoquant ainsi une perturbation dans l'équilibre. Les croyances en sont donc bouleversées.
H.A. Laymore signe un premier roman remarquable avec une trame solide. Derrière son écriture on sent de belles références littéraires comme ce rapport à la musique qu'il semble partager avec Mathieu Gaborit que l'on retrouve dans son cycle des Royaumes Crépusculaires ou encore cette envie de se lancer dans la fantasy par le biais de l'uchronie à l'image de Pierre Pevel.
Intrigante et envoûtante, la plume de ce nouvel auteur n'a pas fini de nous faire voyager.
Fantasy à la carte
H.A. Laymore
Le Serment du Corbeau
Lyon des Cendres
Tome 1
Editions L'Alchimiste
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