L'influence du "gaming" à la littérature

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25/02/2018

Tiffany Schneuwly et Sarah Bertagna, L'Imaginarium, Dévore-moi, tome 1

Maddy est une adolescente tout ce qu'il y a de plus normal. Enfin presque car elle n'a pas été épargnée par la vie. Victime d'un beau-père abusif, elle s'est renfermée sur elle-même et est devenue plus solitaire. C'est avec sa mère et sa petite sœur Thaïs qu'elle vit dans la petite bourgade de Bourg'Joly. La vie est devenue paisible, à peine chamboulée par la rentrée scolaire au collège. Pourtant ce retour à l'école ne l'effraie pas le moins du monde, puisqu'elle va retrouver sa meilleure amie Scarlett, l'élève la plus populaire du collège. Une rentrée qui s'annonce des plus banales si ce n'est qu'elle est marquée par l'arrivée d'un nouveau venu, Caleb qui lui affiche une froide hostilité. Faisant fi de cette incompréhensible défiance, Maddy poursuit sa scolarité normalement jusqu'à cette étrange nuit au cours de laquelle un individu s'est introduit chez elle pour s'en prendre à sa jeune sœur. Passées la stupeur et l'incompréhension, l'urgence est de conduire une Thaïs hystérique à l'hôpital. Là-bas, on lui diagnostique un autisme. C'est un coup dur pour cette famille déjà bien ébranlée. Malgré tout Maddy fait preuve d'une grande maturité pour soutenir sa mère dans cette épreuve. Comme si sa vie n'était pas suffisamment ébranlée qu'il lui faut en plus supporter l'hostilité de Caleb. Pire encore, il semble se trouver toujours sur son chemin comme s'il la suivait en permanence. Et lorsqu'il intervient pour la sortir d'un mauvais pas alors qu'elle est aux prises avec un assaillant, il lui apparaît comme dans un état second, le visage défiguré. Qui est-il? Que lui veut-il? Ses révélations pourraient bien bouleverser sa vie et la conduire à vivre une aventure à haut risque. 

Le premier volet de Dévore-moi est le fruit du travail d'un duo féminin. C'est la fusion de deux talents qui a permis à ce roman de voir le jour avec à la plume, Tiffany Schneuwly et au crayon, Sarah Bertagna. 

L'Imaginarium est le premier livre d'un cycle de quatre tomes qui se classe en jeunesse. Ainsi, les amateurs de la célèbre saga Tara Duncan de Sophie Audouin-Mamikonian apprécieront sans mal de retrouver une histoire de la même trempe. 

Tiffany Schneuwly prend son temps pour poser les bases de son univers. Elle s'attarde tout abord à dresser minutieusement le portrait de ses personnages. Elle laisse donc le temps à ses lecteurs de s'imprégner des lieux et des gens. Il n'y a aucune précipitation dans son écriture. Tout est calculé pour amener les choses au bon moment. Ainsi, elle nous dévoile que par parcimonie le monde magique que Maddy va découvrir. Même si on sent que l'Imaginarium sera le cœur de cette histoire, on n'en apprend pas beaucoup plus. Tout ce que l'on sait est que ce monde a été crée grâce aux rêves des humains et qu'il reste dissimulé à leurs yeux. Ce sont les songes qui fournissent suffisamment d'énergie à ce monde pour exister. On peut y rencontrer des fées, des leprechauns, des sirènes qui y ont trouvé refuge, et la magie y est omniprésente.  

Un premier roman qui n'est finalement là que pour ferrer ses lecteurs. Ses derniers chapitres en témoignent car au lieu de lever le voile sur tous les mystères, ils ne font que nous plonger dedans jusqu'au cou, et apparaissent comme une invitation à lire la suite. 

Comme c'est souvent le cas pour les livres destinés à un jeune public, le premier tome est illustré. Ici c'est la talentueuse Sarah Bertagna qui a donné vie aux héros de Tiffany Schneuwly. Que ce soient pour illustrer les personnages forts de cette histoire ou les scènes-clés du roman, ces illustrations permettent au récit d'être aéré et assurer des pauses bienvenues dans la lecture. L'ensemble forme un livre agréable à lire même pour l'adulte que je suis.

Je dois dire que j'ai pris un certain plaisir à lire ce livre que mon partenariat avec Livr's éditions, m'a fait découvrir. D'ores et déjà, je sais que l'aventure ne s'arrêtera pas là puisque le tome 2 vient de rejoindre ma PAL. 

Fantasy à la carte

18/02/2018

Sigride Lucas, Amalia

Auteure de bit-lit, Sigride Lucas signe un nouveau roman, Amalia. Plus que le titre de son livre, Amalia, c'est aussi le prénom de sa nouvelle héroïne. Dès lors, on sait que l'on va s'attacher aux pas de cette dernière. 

Jeune mariée Amalia part en voyage de noces avec son époux en Roumanie. On est en 1950. La jeune femme resplendit de bonheur. De plus, c'est la grande aventure que de rejoindre ce pays par l'Orient-Express. Un pays peuplé de légendes où ils ne manquent pas d'ailleurs de visiter le célèbre château de Dracula. Tout va pour le mieux jusqu'à cette fameuse soirée d'anniversaire d'Amalia. En effet, alors qu'ils rentraient du restaurant, Marc et Amalia sont attaqués par quelqu'un ou quelque chose. Marc est tué sur le coup. Quant à Amalia, elle essaye désespérément d'échapper à son agresseur lorsqu'un homme sort de l'ombre pour la sauver. Mais pas le temps de s'interroger sur sa présence, ni de pleurer l'assassinat de son mari, il lui faut fuir pour sauver sa vie... ainsi commence le surprenant destin de cette femme. 

Amalia, c'est un récit convenu de bit-lit qui fait une belle place aux vampires. Que l'on soit lecteur ou spectateur, on est tous familiers de cette créature de la nuit. En effet, qui aujourd'hui peut se targuer d'avoir échapper au phénomène? Entre la télévision, le cinéma et la littérature, le vampire s'étale à toutes les sauces. Comme toute bonne autrice de bit-lit, Sigride Lucas a, elle aussi, succombé au charme du vampire. Dans son récit, elle prend le parti de le dépeindre dans toute sa vérité. Un prédateur. Mais ne vous y trompez pas, vous ne retrouverez pas le côté "hémoglobine" et "très crû" de True Blood.  Même si son roman ne manque pas de noirceur et de violence, elle épargne le lecteur sur les détails sanguinolents de leurs tueries. Au-delà de mettre en scène des vampires, cette autrice fait un bel hommage aux femmes. En choisissant des femmes fortes comme héroïnes, elle affirme son féminisme. Ses héroïnes sont donc maîtresses de leur destin et clament leur indépendance. C'est le cas d'Amalia qui malgré les drames qui jalonnent sa vie, se relève toujours plus forte. Dans son roman, Sigride Lucas montre son soucis de nourrir ses personnages, de leur donner de l'épaisseur. La preuve avec son personnage principal qui nous dévoile toute une facette de sentiments et d'émotions. Ainsi, plus le temps passe, plus elle prend de l'assurance et de la maturité. Ce qui la rend d'autant plus intéressante à suivre. Sigride Lucas pourrait même explorer un peu plus la psychologie de ses autres personnages. Son récit est également l'occasion de mettre l'accent sur une thématique très forte en littérature fantasy, la vengeance. C'est un moyen pour cette autrice de faire monter la tension et d'apporter une note de suspense à son histoire.  

La bit-lit est un genre qui plaît et retrouver cet univers est donc un vrai plaisir. Amalia c'est un roman qui se lit bien, mais sans doute trop court pour les addicts que nous sommes. L'univers crée par Sigride Lucas nécessiterait même, selon moi, un plus grand développement. Qu'on se le dise, à la fin du livre l'envie de s'y immerger davantage se fait bien sentir. 

Fantasy à la carte

11/02/2018

Jean-Louis Fetjaine, Djinn, La Maudite, tome 1

Après nous avoir ensorcelé avec sa Trilogie des Elfes, et nous avoir envoûté avec son chef d'oeuvre Le Pas de Merlin, Jean-Louis Fetjaine a repris la plume pour écrire à nouveau une grande fresque de fantasy historique.

Il y avait longtemps que ce maître de fantasy française ne nous avait pas fait rêver. 

Avec Djinn, La Maudite on quitte la mythique Brocéliande pour les terres d'Orient. Jean-Louis Fetjaine a décidé de nous faire revivre le temps des croisades. Il nous fait côtoyer les figures marquantes de l'époque. L'histoire débute en 1130, soit trente ans après la première croisade qui fut une victoire pour les chrétiens qui avaient réussi à y instaurer quatre états. La Terre Sainte apparaît comme un véritable pays de Cocagne dans lequel les croisés Francs se taillent des royaumes. Mais c'est là aussi où va commencer à se jouer les plus sanglants affrontements avec les Turcs qui poussent également leur hégémonie sur ce territoire. 

Tout commence lorsque la princesse Alix, souveraine d'Antioche donne naissance, dans le plus grand secret, à un enfant illégitime issu de son union avec Renaud Mazoir, seigneur de Margat. Pour la jeune femme, cette grossesse non désirée est synonyme de disgrâce. Il lui faut donc à tout prix en faire disparaître les traces. De son côté Renaud Mazoir a eu vent de la situation et du désir d'infanticide d'Alix. En bon chrétien, il ne peut la laisser agir à sa guise et décide de sauver la vie de l'enfant en l'emportant avec lui. Seulement avant que l'un ou l'autre puisse opérer, la sage-femme marque le nourrisson du sceau du Djinn et maudit la mère. Après cela, Alix l'a fait exécuter sur le champs mais tous deux ont le temps de voir à travers ses yeux le mal qui l'habitait. Un instant tétanisé par cette scène, Renaud Mazoir obtient finalement l'autorisation de faire bénir l'enfant avant qu'il soit assassiné. C'est donc dans sa forteresse qu'il l’emmène avec la ferme intention de l'élever avec son premier-né, seulement âgé de quelques semaines de plus. Après cet épisode, la vie reprend son cours et Alix qui a été maudite se laisse de plus en plus gagner par sa soif de pouvoir. Elle manœuvre en secret pour conserver sa gouvernance sur Antioche, quitte à s'allier aux Turcs. Son père Baudoin qui a eu vent de ses manigances, décide d'y mettre un terme en lui enlevant la régence. Dès lors, elle n'aura de cesse de tout faire pour retrouver sa place, son statut et assouvir complètement sa mégalomanie. 

C'est essentiellement à travers le regard de cette princesse ambitieuse et celui de Renaud Mazoir que l'on s'immerge en Terre Sainte. Une terre qui se gagne au prix du sang et de la violence.

Djinn, c'est un prétexte pour l'auteur d'aborder les différentes croyances religieuses et les incompréhensions mutuelles qui en découlent. C'est une période où l'Occident découvre l'Orient pour le meilleur et pour le pire. On côtoie aussi bien la magnificence de cette nouvelle civilisation que la pire des barbaries dont peuvent faire preuve les hommes. Finalement ce récit révèle le désir de l'auteur de faire un pendant avec notre actualité. Malgré les siècles écoulés, l'Histoire s'écrit toujours de la même manière, avec brutalité. 

C'est une belle fresque historique que nous dépeint l'auteur qu'il n'a d'ailleurs pas manqué de ponctuer de magie. Comme annoncé par le titre du roman, l'esprit des Djinns s'entremêle aux destins croisés de ces héros. Là où en fantasy ces créatures relèvent du bestiaire merveilleux, en Orient elles sont considérées comme des êtres réels qui poussent les hommes à faire le Mal. Au-delà de l'enjeu d'une terre pour laquelle des hommes sont prêts à mourir, Djinn scelle le destin d'un enfant qui est appelé à devenir sans doute quelqu'un d’exceptionnel. En tout cas, c'est autour de ce mystère que va se construire ce nouveau cycle de Jean-Louis Fetjaine. Très vite, on comprend qu'il est la pièce-maîtresse autour de laquelle l'auteur a construit son oeuvre. Beaucoup de zones d'ombre, beaucoup de questionnements subsistent autour de cette naissance. Qui est-il en réalité? un ange? un démon? Lui qui a été touché si jeune par la marque du diable. De plus c'est au sein même de la Guilde des Assassins qu'il grandira. Ce qui ajoute encore plus de ténèbres sur sa destinée. Ce livre apparaît comme un premier pavé jeté dans la mare, à voir maintenant ce que l'auteur va en faire?
Ici Jean-Louis Fetjaine se réapproprie avec une grande facilité des faits historiques pour nous livrer un récit personnel et passionnant où la fantasy y est subtile. 

En découvrant que cet écrivain concourt pour le nouveau prix Imaginales des Bibliothécaires avec un récit inédit, je me suis d'emblée frottée les mains. Familière de sa plume, j'étais pressée de découvrir ce roman qui ne m'a, pas le moins du monde, déçu. Je remercie Outrefleuve pour ce service de presse. En lisant Djinn, La Maudite, je me dis que pour ce prix, la barre est haute tant la qualité des récits mis en concurrence est grande. 

Fantasy à la carte

04/02/2018

Alexandre Ségur, Les chroniques d'un terrien en Tetrasomia, 1er recueil

Quel joueur en ligne, amateur de Warcraft & co, n'a pas déjà rêvé de se retrouver propulsé au cœur de ces univers féeriques typiques de ces jeux? Comme en témoigne le succès grandissant des jeux de rôle, beaucoup y ont sans doute songé, Alexandre Ségur, lui, l'a réalisé pour eux. 

Les chroniques d'un terrien en Tetrasomia est un témoignage de ce qu'il pourrait se passer si un groupe d'humains se retrouvaient du jour au lendemain projeter en plein territoire fantasy. Rêve ou cauchemar? Cela dépend de ce qu'on laisse derrière soi et bien évidemment de ce que l'on va y découvrir. Ne nous leurrons pas, ce n'est pas une sinécure de se retrouver en terre inconnue à devoir combattre de dangereux ennemis. En tout cas, Loïc et sa femme Elodie vont en faire les frais. 

Sous la forme d'un journal intime, Alexandre Ségur nous raconte l'aventure incroyable que vont vivre Loïc et ses six autres compagnons en Tetrasomia. Une épopée aussi invraisemblable qu'effrayante dans laquelle les héros vont devoir s'adapter à un environnement hostile et apprendre à survivre. 

C'est un roman extrêmement dense que nous transmet Alexandre Ségur. Il a fait preuve d'une imagination débordante pour écrire un pavé de près de 500 pages qui n'est que la première partie de son histoire. D'office, on est donc prévenus qu'il faudra tenir la distance pour connaître le fin mot de l'histoire. 

D'une idée originale, l'auteur nous plonge dans une fantasy coutumière. On ne sera donc pas surpris d'y retrouver la lutte entre le Bien et le Mal où les héros devront combattre des entités démoniaques.

Scénariste de jeux de rôles et créateur de jeux vidéo, Alexandre Ségur a nourri son texte de ses propres expériences professionnelles pour donner vie à une cité imaginaire avec des créatures étonnantes. 
Malgré un affrontement qui tarde à venir, d'où certaines longueurs dans le récit, l'auteur a su mêler les éléments qui plaisent dans ce genre littéraire.

En outre, les différents petits clins d’œil aux joueurs en ligne apparaissent comme autant de bons points pour s'attirer sans mal un public d'amateurs pour ce nouveau cycle de fantasy

Fantasy à la carte