L'influence du "gaming" à la littérature

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27/12/2015

Claudine Glot et Marc Nagels, Excalibur ou l’aurore du royaume, La légende arthurienne, tome 1

C’est sous la plume de deux passionnés de mythologies celtiques que renaît ici la légende arthurienne. Le mythe du roi Arthur et de ses preux chevaliers semblent être un puit d’inspiration sans fond à tout point de vue. De toute évidence, ces légendes demeurent encore et à jamais des histoires éternelles et intemporelles. Mais ce que Claudine Glot, fondatrice du Centre de l’imaginaire arthurien et l’auteur Marc Nagels ont voulu rappeler ici est l’influence non négligeable que celles-ci ont exercé sur notre fantasy moderne. En effet, la littérature fantasy s’est clairement nourrie de ce merveilleux, que l’on qualifierait aujourd’hui de magie. On peut donc dire sans se tromper qu’elle est son berceau nourricier. 

Pour ce nouveau cycle arthurien, les deux auteurs sont restés fidèles aux textes anciens relatant les hauts faits de ce roi exceptionnel. Ainsi, comme ils le précisent à la fin de l’avant-propos, ils s’inspirent notamment de L’Histoire des rois de Bretagne et de La Vie de Merlin de Geoffroy de Monmouth pour nous conter ces histoires chevaleresques du temps jadis. 

Bien entendu avant de parler de ce roi au destin hors-norme, ils reviennent entre autre sur son père Uther Pendragon. Sous le règne d’Uther, la Bretagne est encore soumise aux invasions des Saxons qu’il combat avec succès grâce à quelques alliés. L’épisode le plus remarquable à signaler sur la vie de ce souverain est son amour pour Igerne, la femme de l’un de ses proches Gorlois, le duc de Cornouailles. Voyant cet amour le consumer littéralement, Merlin lui permet grâce à l’un de ses enchantements d’approcher Igerne sous les traits du duc. De cette nuit d’amour naîtra Arthur. Naissance extraordinaire pour un homme appelé à devenir le roi le plus célèbre de Bretagne. Ce sera donc le premier acte de magie dont use l’enchanteur Merlin. Mais pourquoi a-t-il intercédé à la demande d’Uther ? Parce que Merlin est un devin. Il a prédit la venue d’un monarque à la destinée extraordinaire. De ce jour, il marchera continuellement dans les pas d’Arthur afin de le guider au mieux dans ses actes. D’ailleurs, Arthur se distingue par de grandes prouesses dès l’adolescence. La plus marquante de toutes qui le fera entrer dans la légende est bien évidemment lorsqu’il a retiré l’épée d’Uther du rocher. Par ce geste, Arthur prouve qu’il est bien le fils d’Uther Pendragon, et devient roi de Bretagne à son tour. Après son couronnement Arthur Pendragon n’aura de cesse que de s’unir avec les royaumes voisins pour mettre un terme aux invasions saxonnes, instaurer une paix durable et créer une unité nationale. 

A travers les légendes d’Arthur et de la Table Ronde, on remarque que la quête menée par le héros est fondamentale aux récits arthuriens, qu’elle soit menée par Arthur lui-même ou par l’un de ses preux d’ailleurs, tout comme elle l’est dans chaque récit de fantasy qui se respecte. 

Magie, enchantement, charme, peu importe le nom qu’on lui donne, ces exploits prodigieux sont essentiels pour que la fantasy prenne vie. Cette magie se manifeste à travers des objets ou des hommes qui en sont dotés et leur permet de réaliser des prodiges et d’atteindre ainsi leur but.

Enfin la lutte entre le Bien et le Mal demeure l’élément le plus emblématique de ces textes médiévaux ou fantasy. Ainsi, Arthur et ses chevaliers n’hésitent pas à défendre les femmes en détresse, à combattre des créatures surnaturelles ignobles comme l’hydre ou animaux sauvages assoiffés de sang. En fait, Arthur met tout en œuvre pour tenir les siens sains et saufs comme le ferait n’importe quel héros de fantasy moderne. 

A la lumière de la lecture de ce premier tome de La Légende arthurienne, on retrouve donc des éléments communs qui viennent alimenter le corpus fantasy actuel. Ainsi, lorsque l’on parle de Matière de Bretagne, on peut tout aussi bien parler de fantasy arthurienne qui apparaît comme un sous genre fantasy à part entière et qui, si on en croit les rayonnages des littératures de l’Imaginaire dans les librairies, a inspiré plus d’un auteur.
Fantasy à la carte

20/12/2015

Joanne Kathleen Rowling ou comment la magie prend forme?

Joanne Rowling est une romancière britannique née en 1965 dans le Gloucestershire, en Angleterre. Elle voit sa carrière d’écrivaine s’envoler sur le tard grâce à la notoriété mondiale de sa saga Harry Potter. Voici une auteure dont le destin est assez atypique et mérite toute notre attention. En effet, J.K. Rowling est dans une situation précaire, voire désespérée lorsqu’elle s’attelle à l’écriture des aventures de son jeune sorcier. Jeune mère divorcée vivant en partie grâce aux allocations, il lui faudra attendre de longues années et essuyer bien des refus avant de voir son histoire être éditée.

Comme beaucoup d’auteurs, elle écrit sa première histoire très jeune, à l’âge de 6 ans. Elle y conte les aventures d’un lapin prénommé Rabbit. Mais c’est à l’adolescence, à son meilleur ami qu’elle déclare vouloir devenir écrivain. D’ailleurs, pour l’anecdote, il lui aurait inspiré le portrait de son personnage Ronald Weasley. Au lycée, son intérêt se porte plus volontiers vers les langues que vers les sciences. Ensuite, elle poursuit sa scolarisation à l’université en perfectionnant son français et en se consacrant pendant un temps à l’étude des littératures antiques. Mais elle va très vite privilégier ses amis et la lecture et n’obtient qu’un diplôme de deuxième classe. Son diplôme en poche, elle déménage à Londres et décroche quelques petits boulots comme celui d’assistante de recherche chez Amnesty International. 

C’est en 1990, lors d’un voyage en train entre Manchester et Londres que germe dans son esprit l’idée d’un jeune garçon attendant le train l’emmenant vers son école de sorcellerie. Dès lors, elle va annoter toutes ses idées et conserver le tout dans des boîtes à chaussures. La disparition de sa mère en décembre 1990 la pousse à prendre ses distances et à partir s’installer au Portugal. Elle y décroche un emploi à mi-temps de professeure d’anglais qui lui laisse toute la latitude pour se consacrer à l’écriture de son roman. C’est également au Portugal qu’elle rencontre son premier mari, un journaliste, qu’elle épouse en 1992. De cette union, naîtra une fille prénommée Jessica Isabel en 1993. Mais le couple ne tient pas, et Joanne Rowling se retrouve à la rue, son bébé sous le bras. Elle retourne vivre quelques temps chez sa sœur à Edimbourg, puis finit par emménager seule avec sa fille dans un petit appartement d’un quartier populaire de cette même ville. Sa terrible situation la plonge plus ou moins dans une phase de dépression. Elle sait qu’elle doit retravailler au plus vite mais s’obstine à vouloir terminer son livre coûte que coûte afin d’essayer de le faire publier. 

A peine achevé, J.K. Rowling commence par envoyer les trois premiers chapitres à un agent littéraire qui lui retourne aussitôt car pas intéressé. En revanche, le second, lui, souhaite lire l’intégralité du roman afin de lui trouver un éditeur. Pas moins de dix éditeurs refusent le manuscrit jusqu’à ce qu’il arrive entre les mains de Barry Cunningham de Bloomsbury Publishing. Le roman est finalement publié en 1997 dans la catégorie jeunesse. La première édition a un faible tirage qui s’élève seulement à 1000 exemplaires. Mais très vite, le livre est remarqué et s’inscrit dans la liste des meilleures ventes. Ainsi, il obtient différents prix comme celui du British Book Awards ou le Children’s Book of the Year. 
En France, ce sont les éditions Gallimard qui achètent en premier les droits pour une traduction et aux Etats-Unis, les éditions Scholastic propose même de verser 105 000 dollars afin de pouvoir le publier. Grâce à cet argent, J.K. Rowling peut enfin vivre son rêve de se consacrer pleinement à l’écriture et d’en vivre. Ainsi, sous sa plume va naître sept volumes qui viennent constituer sa saga. Chaque tome correspond à une année que son héros Harry Potter passe à Poudlard. 

Chaque livre est un succès en librairie, mais la publication du quatrième tome Harry Potter et la Coupe de Feu devient un véritable phénomène avec plus d’un million d’exemplaires vendus en prévente. Traduits en pas moins de 65 langues, les sept romans totalisent plus de 400 millions d’exemplaires vendus. A ce stade, on peut clairement parler de succès mondial, que l’adaptation cinématographique ne fait que venir renforcer peu après. 

Parallèlement à l’écriture de sa célèbre série, elle publie deux ouvrages évoluant dans le même univers qu’Harry Potter, Les animaux fantastiques et Le Quidditch à travers les âges édités en 2001. Ces deux livres se présentent comme des manuels scolaires dont les petits sorciers ont l’usage à l’école Poudlard. Dans le premier, Albus Dumbledore dispense tous les conseils que tout jeune sorcier doit savoir lorsqu’il rencontre ces créatures fabuleuses. Quant au manuel sur le Quidditch, il se présente comme une bible nécessaire à tout joueur de ce sport. Il y retrouve toutes les règles répertoriées, les 700 motifs de fautes possibles et en apprend davantage sur les origines du Vif d’Or par exemple. En 2008, elle publie un livre pour enfants Les Contes de Beedle le Barde. Pour la petite histoire, ces contes seraient la traduction des runes de Beedle le Barde par le personnage d’Hermione Granger et annotée par Albus Dumbledore en personne. A l’origine, ce livre devait se limiter à sept exemplaires mais devant la déception de son public, J.K. Rowling décide d’en publier une version destinée au grand public. Ainsi, l’auteure nous démontre d’ores et déjà son désir d’aller plus loin dans l’exploration de son univers. 

C’est en 2012 qu’elle écrit son premier roman destiné à un public plus adulte, Une place à prendre. Une satire sociale à travers la vie d’un petit village où hypocrisie, jalousie et ambition mal placée se disputent le devant de la scène. 

En 2013, elle signe un premier roman policier sous le pseudonyme de Robert Galbraith. L’Appel du Coucou est édité en France chez Grasset. Premier opus d’une série mettant en scène les enquêtes du détective Cormoran Strike. Pour cette première affaire, il est chargé de déterminer si le mannequin Lula Landry s’est réellement suicidé. Thèse à laquelle la police a conclu mais qui laisse sceptique le frère de la défunte. Ce premier tome est suivi d’un deuxième en 2014 dans lequel Cormoran Strike est chargé d’éclaircir les circonstances de la disparition d’un écrivain. Quant au troisième livre, Career of evil, il n’a pas encore été traduit en France. En orientant sa plume vers d’autres horizons littéraires, J.K. Rowling prouve ainsi à son public qu’elle maîtrise tous les genres. 

Néanmoins, revenons à son cycle d’Harry Potter puisque l’importance ici est de parler de fantasy quelle que soit la forme qu’elle peut prendre. Tout commence lorsqu’un étrange vieil homme, accompagné d’un chat débarquent par une nuit noire au 4 Privet Drive à Little Whinging dans le Surrey en Angleterre et dépose un paquet sur le pas de la porte, puis disparaît. Dans ce paquet constitué de linges se trouve le très jeune Harry, encore un bébé. Un garçon marqué par un éclair sur le front dont le destin est déjà extraordinaire. Dix ans plus tard, le jeune orphelin Harry se prépare à fêter ses onze ans dans l’indifférence totale de son oncle et sa tante. Mais une chose incroyable va se passer, il trouve une lettre dans le courrier des Dursley qui lui est adressé. C’est une invitation à se présenter lors de la rentrée des classes à l’école de sorcellerie Poudlard. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que ce courrier va changer sa vie à tout jamais…
En se glissant dans le premier tome des aventures d’Harry Potter, on tombe sur un monde presque banal, celui du jeune Harry, un garçon âgé de 10 ans. Il vit avec son oncle et sa tante, Vernon et Pétunia Dursley et son cousin, du même âge. Toute son enfance, il a été chahuté par Dudley car bien plus fort que lui. Considéré comme un être insignifiant, les Dursley ont passé leur temps à le lui signifier. Déjà en le faisant dormir dans un placard sous l’escalier. Harry n’est personne, le rejeton de sa sœur, un fardeau pour Pétunia qui lui fait bien comprendre au quotidien. Atmosphère pesante pour cet orphelin en mal d’affection. A travers ses premiers chapitres, J.K. Rowling nous raconte une histoire aux accents de tragédie, celle d’un petit orphelin et de sa solitude. Rien de fantasy là-dedans, vous vous dites. En effet, l’élément qui va changer cette situation et apporter une touche de merveilleux est la réception de cette lettre adressée à Harry ou plutôt de son étonnant expéditeur, Poudlard, une école de magie. Très rationnel, Harry n’en croit pas ses yeux. Mais à partir de cet instant, bien des choses étranges vont se succéder. Déjà la folie dont est prise Vernon au point de les entraîner jusque sur une île afin de tenter d’échapper à cet afflux incessant de lettres de Poudlard. Pourquoi ? Qu’est-ce que le couple veut lui cacher ? Une école de magie, n’est-ce pas une mauvaise plaisanterie ? Autant de questions que se pose Harry. D’autant qu’il reste avec cette image gravée dans son esprit de la maison de Little Whinging entourée de nuées d’hiboux et de chouettes. Alors que les choses auraient pu en rester là, l’impensable survient. 


Perdu sur ce rocher, battu par les vents et submergé par les vagues, un demi-géant vient frapper à la porte de ce phare dans lequel les Dursley et leur neveu s’étaient réfugiés. Mais que veut-il ? Cette taille démesurée est tout simplement effrayante. Il se nomme Rubeus Hagrid et se présente comme le gardien des Clés et des Lieux à Poudlard. Il vient chercher Harry Potter. Hagrid est un personnage clé car il est celui qui va dévoiler à Harry l’existence d’un monde enchanté, une sorte de société secrète ignorée des non-détenteurs de magie, autrement dit des Moldus. Dès lors, cette saga Harry Potter s’inscrit dans un contexte de fantasy. En effet, nous sommes ici dans une société contemporaine à la nôtre mais qui présente une nette séparation entre le monde des Moldus, dont est issu Harry et celui des sorciers qu’il est sur le point de connaître. D'ailleurs, les Moldus ne doivent jamais apprendre l'existence des sorciers. L'usage de la magie est interdite en dehors de l'école. Enfreindre cette règle, c'est s'exposer à de graves sanctions. Les sorciers confirmés pratiquent cette magie mais toujours à l'abri des regards des non-initiés. Et si par malheur, ces derniers se trouvent témoins de phénomènes surnaturels, ils doivent subir un sort d'oubli. Dans le monde inventé par J.K. Rowling, ces sorciers vivent finalement comme des humains lambda. Les enfants vont à l’école aussi, ils y suivent un programme scolaire adapté et participent à des activités extra-scolaires très personnalisées. 

Bien évidemment dans cet univers, la magie est à l’œuvre et revêt bien des formes. Ainsi, les enfants qu’ils soient des sorciers dits de « Sang-Pur » (c'est-à-dire nés de deux parents sorciers) ou né de parents Moldus mais présentant une prédisposition à la sorcellerie, tous doivent être formés à la célèbre école de magie, Poudlard. D’ores et déjà, cette institution apparaît comme un haut-lieu d’enchantement. Elle dispense un certain nombre de cours en rapport comme la fabrication de potions, la maîtrise des sortilèges, la connaissance des créatures fantastiques, l’initiation à la botanique, ou encore l’aptitude aux techniques de divination et autres présages. La particularité à signaler de ce pensionnat est la répartition des élèves en quatre maisons : Gryffondor, Serpentard, Pouffsouffle et Serdaigle. Cette désignation se fait selon un rituel fabuleux puisque c’est le « choixpeau » magique placé sur la tête de l’élève lors de la cérémonie de rentrée qui décide vers quelle maison celui-ci ira. Un objet que l’on croira donc sans peine ensorcelé. 

Cette magie qui apparaît clairement comme le fil conducteur du récit de J.K. Rowling se manifeste également par d’autres objets indispensables à tout bon sorcier comme la baguette magique. La singularité ici est que lorsque les nouveaux sorciers se rendent chez Ollivander, grand fabricant de baguettes, ce n’est pas eux qui la choisissent, mais bien la baguette elle-même qui reconnaît son futur détenteur. Chacune est unique et renferme des propriétés spéciales. Elle est nécessaire au magicien pour affûter le lancement de ses sorts. Autre artefact merveilleux est le Portoloin, dont la particularité est d’être d’apparence anodine mais permet de se déplacer d’un endroit à l’autre à un horaire précis. Le miroir du Riséd est quant à lui un miroir magique qui a la capacité non pas de refléter son image mais plutôt de montrer ce que l'on désire le plus fort. Ainsi Harry Potter y voit ses parents prendre place à ses côtés. Enfin la poudre de cheminette permet de se déplacer de cheminée en cheminée en indiquant bien sa destination avant de la jeter dans le feu. 
Autre lieu où la magie est palpable, le fameux Chemin de Traverse, une rue commerçante destinée aux sorciers et aux sorcières. Ils y retrouvent tous les accessoires et les grimoires nécessaires à pratiquer leur art. Gringotts, la banque des sorciers tenue par les terribles gobelins s’y trouve également. L’établissement est d’ailleurs réputé imprenable à cause des nombreux sortilèges qui protègent les coffres forts. 

La variété de créatures surnaturelles que rencontrent Harry et ses amis démontre également le caractère fantasmagorique du récit. La plupart sont issues du bestiaire merveilleux classique comme les centaures qui peuplent la Forêt interdite jouxtant le domaine de Poudlard, le basilic qui pétrifie de son regard les malheureuses victimes qui le rencontrent dans Harry Potter et la chambre des secrets, le cerbère apprivoisé par Hagrid et chargé de veiller sur la Pierre Philosophale dans Harry Potter à l’école des sorciers, ou encore l’hippogriffe, à l’image de Buck qui aidera Sirius à s’échapper dans Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban. Mais l’auteure laisse son imagination déborder parfois et il lui arrive d’agrémenter son récit de créatures très personnelles comme le Détraqueur, un être maléfique enveloppé d’une cape et dont le visage est dissimulé sous une capuche. Lorsque l’on croise le chemin de l’un d’eux, on perd le goût de vivre, le bonheur nous fuit et les mauvais souvenirs nous submergent. Il y a aussi l’Epouvantard dont on ignore l’apparence originelle puisque lorsqu’on le rencontre, on ne voit en lui que nos peurs les plus profondes prendre vie. 

Tout comme son personnage de Severus Rogue, maître en potions, J.K. Rowling nous démontre tout au long de ses romans qu’elle excelle également dans cet art. En effet, mélanger des animaux merveilleux, des êtes fantasmagoriques, des objets ensorcelés et les pouvoirs détenus par de puissants magiciens ne pouvaient qu’aboutir à un filtre très attirant. Pari réussi pour cette jeune auteure dont la saga se classe dès sa sortie parmi les récits fantastiques de haut vol. 

Derrière ce cycle d’Harry Potter se cache une autre visée. En fait, il ne s’agit pas seulement ici de raconter comment un jeune garçon va devenir un grand sorcier, mais surtout de voir s’installer au fur et à mesure des tomes cette lutte du Bien et du Mal qui va s'ancrer de plus en plus fort dans le récit. On le sait cette lutte manichéenne est la base des textes traditionnels de fantasy et il s’avère qu’elle est également le socle de la trame de J.K. Rowling. En survivant à Lord Voldemort, Harry Potter est devenu un héros, un symbole d’espoir pour toute la communauté magique. On peut donc survivre face au Mal absolu et même le vaincre. Ce fut le cas pour Harry alors qu’il n’était qu’un bébé, non pas qu’il était puissant mais le sort d’amour et de protection tissé par sa mère l’était, lui. Lorsque Voldemort fait son grand retour, beaucoup se tournent vers Harry qui apparaît comme l’élu, comme le seul être bienfaisant capable de les sauver contre cette profonde noirceur. Bien entendu, cette révélation ne va pas apparaître dès les premières lignes de l’histoire. J.K. Rowling écrit son roman en sept tomes, ce n’est sans doute pas pour rien. Il faut laisser le temps à son personnage de mûrir, de prendre de la puissance. Poudlard est d’ailleurs là pour ça, pour le former à devenir un sorcier extraordinaire. Mais à la fin du premier tome, Harry le pressent déjà, ses affrontements avec Voldemort ne font que commencer, et arrivera le moment où l’un devra céder la place à l’autre. Mais avant cela, il a une quête à mener, celle de comprendre qui il est? Quelles sont ses origines? Puis vient sa quête de vengeance qui s'installe dès la fin du premier opus. Celle-ci va enfler lorsque de nouvelles personnes qui lui sont chères vont perdre également la vie à cause de Voldemort. Mais finalement, c'est bien dans une quête de survie qu'Harry va s'engager dans les derniers moments de son aventure. Non seulement Voldemort est un danger pour les sorciers mais également pour le monde entier qu'il veut asservir. Il est clairement un tueur qui ne cherche qu'une chose, gagner l'immortalité à n'importe quel prix. Or pour triompher du mal, Harry doit commencer par comprendre son ennemi intiment, afin de déterminer ses forces et ses faiblesses. Pour y arriver, des compagnons le soutiendront et lui apporteront toute l’aide nécessaire. En premier lieu, il y a ses deux inséparables amis, Hermione Granger et Ronald Weasley. Mais d’autres viendront grossir les rangs au fur et à mesure de l’aventure comme Albus Dumbledore qui fait office de sage, Sirius Black, la famille Weasley au complet, Remus Lupin, Luna Lovegood, Rubeus Hagrid et bien d’autres encore. Du côté obscur, Voldemort ne manque pas de disciples qu’Harry et les siens vont devoir affronter tour à tour comme Lucius Malefoy, Bellatrix Lestrange ou Peter Pettigrow. Ces derniers qui se surnomment eux-mêmes Mangemorts sont là pour affaiblir Harry Potter, l’isoler, voir le tuer. D’ailleurs, certains affrontements seront si sanglants pour les deux camps qu'ils ne s’en sortiront pas indemnes. Dans la saga de J.K. Rowling la mort rôde et emporte bien des âmes avec elle.
Cataloguer comme de la littérature pour enfants, Harry Potter dévoile peu à peu ses ténèbres et sa complexité aux lecteurs. Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent dans cette série de romans. Ainsi, les Dursley ne forment pas une famille douce et aimante, Poudlard n’est pas un simple établissement scolaire, et notre monde ne dévoile pas toujours toutes ses réalités. Car pour J.K. Rowling la magie existe, et elle est loin d’être toujours bienfaisante. L’homme est ce qu’il est, et si vous lui donnez un pouvoir, il n’en fera pas forcément quelque-chose de bien. Ainsi, la magie est détournée et pervertie. Il revient donc à Harry Potter de nous montrer qu'il est plus fort que ça. Mais comment vaincre le Mal le plus noir? Peut-être que la solution réside dans un sentiment très humain car l'amour n'est-il pas l'enchantement le plus fort?


En fait, sous la plume de J.K. Rowling la magie devient juste époustouflante. Harry Potter, c’est de l'envoûtement à l’état pur, c’est un récit rondement mené jusque dans ses dernières lignes, c’est une intrigue prenante mais aussi et surtout une quantité de personnages tous plus attachants les uns que les autres. L'auteure a bien soigné chacun d'entre eux. Tout est dépeint avec minutie et réalisme. Elle nous met dans la confidence d'un monde parallèle au nôtre, plus merveilleux mais aussi plus dangereux. Avec Harry Potter, le rêve prend tout simplement vie. Pour toutes ses raisons, on peut légitiment dire que ce cycle fait partie aujourd’hui des grands classiques de fantasy.


Fantasy à la carte

13/12/2015

Terry Pratchett, Mortimer, Les Annales du Disque-Monde, tome 4

L'histoire de Mortimer n'est pas banale. Remarquez avec un prénom pareil, il ne pouvait qu'être prédestiné à vivre de telles aventures. 

Inquiet pour l'avenir de son fils, le père du jeune Mortimer décide de l'emmener à la foire à l'embauche afin de lui trouver un apprentissage. Seulement la journée passant, aucun entrepreneur ou commerçant ne voulut de lui. Mais les dernières minutes de cette étrange journée seront décisives pour l'adolescent lorsque la Mort en personne se pointe et lui propose de l'engager. Proposition surprenante. A qui le dites-vous? Passée la surprise, Mortimer y voit une belle opportunité et accepte de bonnes grâces. Et pour La Mort ce sera une occasion de déléguer et de prendre du bon temps.

Mais ce sont de grandes responsabilités qui vont peser sur les frêles épaules du jeune homme. Est-ce bien raisonnable de confier une mission aussi importante que celle de récolter les âmes à un jeune garçon écervelé? 

Dans tous les cas, Terry Pratchett nous promet encore une fois une aventure des plus divertissantes. En effet, c'est dans une série de faux pas, de bévues et d'erreurs de jugement que nous conduit Mortimer. 

La Mort qui s'éclipse pour laisser un adolescent aux commandes, voilà bien un scénario qui ne manque pas de charme et de créativité. Dans ce quatrième tome la loufoquerie pratchettienne est encore à l'oeuvre. 

Fantasy à la carte

06/12/2015

Il était une fois: Once Upon a time

Le lancement de la saison 5 de Once Upon a time sur ABC aux Etats-Unis est une occasion pour Fantasy à la carte de parler de cette série dont le scénario gravite autour des contes de fées. La première chose à révéler sur cette série américaine est qu’elle a été créée par Edward Kitsis et Adam Horowitz. C’est à partir du 23 octobre 2011 qu’elle est diffusée aux Etats-Unis et du 1er décembre 2012 en France. 

Cette série de fantasy urbaine alterne deux espace-temps, le passé incarné par un moyen-âge revisité dans lequel évoluent tous les grands personnages qui ont fait le succès des contes de fées et le présent qui est fait de notre monde moderne dans lequel ces héros merveilleux sont piégés et amnésiques. L’histoire débute par le mariage de Blanche-Neige et du Prince Charmant qui est interrompu par l’arrivée inopinée de la méchante Reine. Cette dernière est bien décidée à briser ce bonheur parfait et lance une malédiction sur tous les invités. Le couple d’amoureux craint le pire surtout lorsque Blanche-Neige met au monde leur fille, Emma. La nuit de cette naissance est effroyable et marque le début de cette terrible malédiction. Juste avant que celle-ci ne s’accomplisse, Blanche-Neige et son prince envoient leur bébé dans un autre monde pour la protéger sans savoir ce qu’il adviendra vraiment d’elle. 

Parallèlement on suit une Emma Swan devenue adulte qui vit seule à Boston jusqu’au jour où son petit garçon qu’elle a abandonné à la naissance fait irruption dans sa vie avec une étrange histoire. Il commence par lui montrer un livre sur les contes de fées et lui explique que la méchante reine n’est autre que sa mère adoptive et que tous les héros des contes sont prisonniers à Storybrook sans le savoir. Ne croyant guère à ses enfantillages, Emma raccompagne tout de même son fils chez lui et décide de séjourner quelques temps dans cette étrange ville. Mais plusieurs sombres découvertes pourraient bien jeter le trouble dans son esprit. Et si Henry disait vrai…

Once upon a time est une incroyable série qui redonne vie aux plus grandes épopées magiques qui ont bercé notre enfance. C’est un cocktail de charme et de merveilleux agrémenté d’une bonne pincée de mystère. A chaque épisode, on retrouve de nouveaux personnages merveilleux et on se laisse envoûter par leurs nouvelles aventures. Edward Kitsis et Adam Horowitz ont su se réapproprier les comptines de notre enfance pour nous servir sur un plateau un scénario surprenant et original à chaque épisode.

Côté acteurs, on peut souligner la prestation exceptionnelle d’une reine mère incarnée par Lana Parilla plus démoniaque que jamais et un Robert Carlyle dans son rôle de Rumplestiltskin tellement ténébreux. En effet, dans cette production, les méchants occupent autant le devant de la scène que les gentils. Les acteurs ont bien travaillé leurs personnages et c’est un plaisir total que de les voir évoluer. Finalement, les méchants ont leurs talons d’Achille et peuvent se montrer si humains parfois. Quant aux gentils, il arrive aussi que la fin justifie les moyens et ces derniers peuvent se montrer presque aussi féroces et redoutables que les vrais méchants. Alors qui est véritablement le mal incarné dans Once Upon a time, à vous de le découvrir sur vos écrans….

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